Introduction
Parler de livre, de lecture et de bibliothèque est une chose difficile dans une Afrique où la vie des populations demeure caractérisée par l’oralité. A fortiori, évoquer la question de l’acquisition pour une bibliothèque publique revient à bouleverser une donne qui ne fait que s’enraciner dans les mentalités à savoir « qu’il n’y a pas d’argent pour acheter des livres ». Le contexte économique et social des pays en développement d’une part, incline à penser que les difficultés rencontrées par les bibliothèques publiques demeurent et se cristallisent et d’autre part, révèle l’existence des maisons d’édition qui connaissent aussi des difficultés en raison de leurs productions difficilement vendables et partant des pertes ou du manque à gagner enregistrés. Face à cela que faire ?
I. Justifications :
II.1. Justifications d’ordre technique et éducationnel
Les bibliothèques publiques sont des instruments de développement inhérents à l’épanouissement des populations. Elles doivent donc offrir une information riche et variée. Or, c’est précisément une bonne politique d’acquisition qui permet d’avoir des documents susceptibles d’attirer les publics.
Les bibliothèques sont fréquentées par les populations parce qu’elles sont des lieux de formation, d’information et de divertissement ; ce sont aussi des salles de réflexion. En tant que support pédagogique, les Bibliothèques Publiques apportent un complément d’information non-négligeable d’où la nécessité d’une politique d’acquisition conséquente.
L’acquisition paraît à n’en point douter, comme la clé de voûte indispensable aux performances d’une structure d’information documentaire (pertinence, utilité). C’est une opération cruciale dans la chaîne documentaire, en témoigne l’ensemble des mécanismes qui président à son élaboration et à son exécution (analyse des besoins, sources, critères de sélection, méthodes d’acquisition).
II.2. Justifications d’ordre professionnel
Animé de la volonté de servir un jour, non seulement en tant que professionnel de l’information (ce qui est déjà) mais aussi en tant qu’enseignant des sciences de l’information, il s’est avéré nécessaire d’approfondir notre connaissance de la matière avec la recherche et la formation dans ce domaine.
Le sujet de l’acquisition est la zone névralgique pour les bibliothèques du sud dont les faiblesses se mesurent à la grandeur de leur défaillance.
II. Objectifs
II.1. Objectif général
Il s’agit à travers cette étude de préciser des méthodes adéquates permettant aux bibliothèques publiques d’acquérir par le procédé d’achat des documents utiles à la satisfaction des besoins des usagers. Il convient donc de dégager des stratégies d’acquisition, lesquelles vont constituer un ensemble de formules propositionnelles offertes aux décideurs pour stimuler l’achat et faire comprendre son bien fondé. Cette politique d’achat se fonde sur un développement marketing exercé par les éditeurs avec toute une gamme de produits dérivés permettant aux bibliothèques publiques d’acquérir des documents et partant réduire les effets néfastes de l’acquisition à titre gratuit. En outre, élaborer une stratégie marketing pour les maisons d’éditions suppose qu’il faut établir un véritable partenariat entre les éditeurs et les bibliothèques publiques d’une part et d’autre part entre tous les acteurs du livre et toutes les structures ouvertes à la question : écoles, médias, culture, éducation,…
II.2. Objectifs spécifiques
- Etablir une stratégie marketing pour les maisons d’édition en vue de se faire vendre auprès des bibliothèques ;
- Elaborer une démarche des bibliothèques pour l’acquisition de documents ;
- Déterminer les catégories d’ouvrages édités susceptibles d’entrer dans le fonds documentaire des bibliothèques publiques ;
- Préciser les comportements des professionnels de l’information face à l’insuffisance des acquisitions ;
- Impliquer les décideurs des pays en voie de développement (dirigeants d’institutions, collectivités décentralisées,….).
III. Problématique
Les bibliothèques sont parmi les grands clients des éditeurs à côté des établissements d’enseignement et des ménages. Mais la réalité surtout pour la Côte d’Ivoire c’est que : « aucune bibliothèque publique ne dispose de budgets relatifs à l’acquisition de documents auprès des éditeurs et libraires ». Les conséquences d’une telle situation sont nuisibles à la fonction de diffusion des bibliothèques. Ainsi, la faillite documentaire caractérisant les systèmes qui versent dans l’inertie, s’accompagne de léthargie, de l’abus ou l’abdication de l’autorité des cadres, de manque de dynamisme et enfin de la désertion des bibliothèques par les usagers.
Une structure d’information documentaire ne saurait réduire sa politique d’acquisition à la seule acquisition à titre gratuit. En effet, les bibliothèques publiques en Côte d’Ivoire constituent leurs fonds documentaires à partir de dons ou de legs venant de personnes privées (particuliers) ou de certaines institutions nationales et internationales. Les structures au sein desquelles elles végètent ne semblent guère préoccupées par la valeur du livre et de l’activité de lecture qui sont la base de la formation des populations. En outre, les documents acquis à titre gratuit ne correspondent guère aux besoins du lectorat : les lecteurs étant toujours intéressés par les documents locaux plutôt que par ce qui vient d’ailleurs. Ainsi, dans les bibliothèques publiques ivoiriennes, les ouvrages africains (fiction et documentaires) sont plus appréciés par les clients que les ouvrages occidentaux par exemple.
Face à cela, il s’avère impérieux de développer un management documentaire prenant appui sur les moyens et stratégies à mettre en œuvre dans le but de permettre une « bonne » acquisition. La définition d’une stratégie marketing dans un cadre d’action concertée entre éditeurs et bibliothèques est à encourager et même à promouvoir car il faut de véritables relations entre ces deux entités à l’effet de satisfaire respectivement la rentabilité des ventes de l’éditeur et la performance des bibliothèques. Des points seront pris en compte à l’analyse du catalogue des éditeurs dont : la nature des ouvrages concernés, la fixation d’un "prix bibliothèque", et la précision d’une procédure de paiement distincte et différente de celle utilisée dans le commerce courant. Il convient en outre, de préciser l’action des éditeurs dans des démarches auprès des décideurs en vue d’une forte implication de ces-derniers dans l’acquisition des documents pour les bibliothèques publiques.
IV. Résultats attendus
Les résultats attendus de ce projet peuvent se résumer comme suit :
- Enrichissement du fonds documentaire des bibliothèques publiques ;
- Elaboration de véritables politiques d’acquisition à titre onéreux sur la base de chapitres budgétaires ;
- Naissance de véritables partenariats entre les maisons d’édition et les bibliothèques publiques ;
- Satisfaction des besoins en information des clients (en termes de bruit ou de silence) ;
- Prise en compte de la démarche qualité dans le transfert de l’information.
V. Bénéfices du projet
Ce projet a pour bénéfice premier de mener une réflexion sur l’une des défaillances des systèmes d’information en Côte d’Ivoire. En effet, trouver des solutions aux problèmes qui minent les systèmes d’information passe par la réflexion et l’action, toutes choses qui sont illustrées par ce projet.
Ensuite, il va permettre d’obtenir un nouveau cadre d’actions entre acteurs du livre à savoir éditeurs et bibliothèques sur des catégories d’ouvrages. Une convention-cadre que nous appelons (l’édi-biblio) qui formalise cette union sera établie chaque fois qu’une maison d’édition aura à approvisionner une bibliothèque publique.
I. Bibliographie
Ouvrages spécialisés
1. CALIXTE, J - MORIN, J.C. – Management d’un service d’information documentaire : préciser le
présent, gérer le futur. – Paris : les éditions d’organisations, 1985.
- 200p
2. TVETERAS, Harald L. – L’acquisition en commun de matériels, ce qui se fait en Scandinavie in
tâches et problèmes des bibliothèques nationales // Colloque des
bibliothèques nationales d’Europe ; Vienne du 08 au 27
Septembre1958.- Paris : UNESCO, 1960 ; 135p
3. SAVARD, Rejean.- education and research for marketing and quality management in libraries =
La formation et la recherche sur le marketing et la gestion de la qualité en
bibliothèque.- Québec : K.G. Saur, 2002.- 326p
4. Etat de la situation du livre et de la lecture au Québec: document d’information pour la
consultation publique sur le projet de la lecture et du livre.- Québec : Ministère de la Culture et des communications, 1998.- 28 cm ; 121p
5. PUISEUX, Guillaume.- Le marketing des systèmes d’information: la perception des systèmes
d’information, une nouvelle perspective.- [Québec] : Ed. d’organisation, 2008
6. NOISETTE, Patrick – VALLERUGO, Franck: Le marketing des villes : un défi pour le
développement stratégique .- Ed. d’organisation,
1996.- 423p
7. LAJEUNESSE, Marcel.- Lecture publique et culture au Québec : XIXe et XXe siècles.-
Québec : Sainte-Foy : P.U.Q., 2004.- 23 cm ; 223p
8. DEMORY, D – SPIZZICHINO, R.- Les systèmes d’information en marketing.- [Paris] : Dunod,
1969
9. IBNKHAYAT, Nozha.- Marketing des systèmes et des services d’information et de documentation
10. BAILLARGEON, Jean-Paul.- Plaidoyer pour une bibliothèque culturelle : dix défis à relever.-
Montréal : ASTED, 2007.- 25 cm ; 115p
11. GOYETTE, Marie.- Politique culturelle et bibliothèque publique.- [Québec]: Institut canadien de
Québec
12. Pour des bibliothèques québécoises de qualité : guide à l’usage des bibliothèques publiques.- [Montréal]: ASTED, 1996.- 23 cm ; ill ; 104p
13. LECOQ, Benoît.- La fonction de direction des services communs de documentation : évolutions
récentes et perspectives.- [Paris] : Inspection générale des bibliothèques, 2008
Rapport
14. AHOU, MN - KONE, E - KOUASSI, A.- Politique d’acquisition pour la bibliothèque du CAFAC.-
Abidjan : CAFAC, 1989.-17p
Mémoires
15. OUATTARA, Ali.- La publication en série des monographies et des publications en série à la
direction de la documentation, des archives et de la publication (D.D.A.P.) du
Ministère de l’économie et des finances.- Abidjan : E.F.A.C., 2001.- 134p
16. YEO, Fatoumata.- Audit de la politique d’acquisition à la bibliothèque de l’université d’Abobo-
Adjamé.- Abidjan : I.P.A.C, 1999.- 66p
17. ZORO, Tienan.- La promotion des produits documentaires d’INADES Documentation : l’exemple
du fichier Afrique.- Abidjan : E.F.A.C., 2001.- 82p
18. ENSSIB.- Le rôle des bibliothèques dans la lutte contre l’illettrisme.- Paris: Enssib, 2009.- 70p
Articles scientifiques
19. TEXIER, D.- Le marketing et les institutions publiques, une stratégie.-
commerce novembre, 1971.- p.54. 36
20. Le marketing des bibliothèques universitaires : une approche théorique.- bulletin des bibliothèques de France, t. 28, n°5, pp. 485-496
[1] Entretien avec M. SORO, responsable des ventes à la librairie de france groupe.
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