vendredi 2 avril 2010

LES NOYAUX HISTORIQUES DE LA VILLE DE GRAND-BASSAM

I- SITUATION GEOGRAPHIQUE
Les noyaux historiques de la ville de grand-Bassam sont situés dans la
• Région du sud-comoé, à 40 km d’Abidjan à 3°45 de longitude ouest et 5°12 de latitude nord.
• les noyaux historiques de la ville de Grand Bassam sont constitués par la zone du Phare et la presqu'île appelée « quartier France »
• Le quartier France est la zone la plus caractéristique des valeurs historiques et culturelles du site
• Le quartier France est situé sur un lido de terre entre la Lagune Ebrié au nord et l’Océan Atlantique au sud.
• Ce quartier bâti sur une superficie de 70 ha est composé de plus de 60 constructions monumentales qui donnent au quartier un aspect de vielle ville d’architecture européenne transplantée dans un paysage africain.
• Ce contraste culturel donne un charme exceptionnel au quartier.
• Le noyau historique de Grand Bassam, est caractérisé par un climat côtier chaud et humide de type équatorial nettement influencé par la proximité de la mer.
II- HISTOIRE ET DESCRIPTION DU SITE
• La constitution du patrimoine du quartier France a été progressive. Du Fort Nemours construit en 1843 à la première capitale de Côte d’Ivoire de 1893 -1900 puis capitale économique de 1893 – 1934, Grand Bassam est la première ville du pays. Elle compte plus de 75.000 habitants en 2007.
• Le centre urbain de Grand-Bassam, initialement réduit à des fortifications devant permettre le contrôle de la côte par les forces de conquête coloniale, de même que des échanges commerciaux entre les populations européennes coloniales et les autochtones Abourés et n’zima, se sont davantage développés avec l’établissement des maisons de commerce, puis dans un deuxième temps, l’implantation des fonctions administratives. Lesdites fonctions, notamment celles en rapport avec des positions de pouvoir public, se sont préférentiellement regroupées sur la presqu’île du quartier France, plus facile à tenir en cas d’agression extérieure.
• La mémoire populaire, telle que confirmée par le monument aux morts de la fièvre jaune, érigé en 1914 sur la rue Treich-Laplène, entretient la mémoire sur cette question dramatique de la fièvre jaune dont une des conséquences est le transfert de toutes les fonctions politico administratives de la capitale de Grand-Bassam à Bingerville en 1900, puis sur le plateau d’Abidjan en 1934.
Les noyaux historiques de Grand Bassam:
• Un ensemble historique organisé en 5 Zones fonctionnelles
• Une architecture européenne de type coloniale
• Une voirie tramée et boisée
III- JUSTIFICATION DE LA VALEUR UNIVERSELLE EXCEPTIONELLE
• C’est un site culturel du fait de ses valeurs historiques, éducatives, scientifiques, et culturelles uniques et non transformées malgré la courte durée de sa mise en place (1893-1934). Grand Bassam répond par ordre de priorité aux critères de nomination suivants : CRITERES II, IV ET VI
• Critère II
• Le site témoigne d’un échange d’influence considérable de la civilisation occidentale sur les pratiques d’établissement humain en Afrique pendant la période coloniale. La création des villes en Afrique suit le même schéma colonial et l’architecture des habitats ont subit de profondes mutations en termes de plan, de matériaux et de techniques. De plus, cette période coloniale et les systèmes d’assimilation sont à la base du bouleversement des modes vestimentaires et de pensée des sociétés africaines qui seront organisées en pays sans tenir compte des réalités culturelles économiques et géographiques.
• L’on retrouve l’ensemble des éléments de cette partie de l’histoire de l’Afrique dans l’organisation des noyaux historiques de Grand Bassam.
• En même temps qu’ils illustrent bien des systèmes mis en place pour la colonisation et le travail forcé, ces noyaux historiques sont aussi des témoins palpables des luttes d’émancipation nationalistes pour les indépendances et des volontés de conservation des pratiques culturelles fondamentales par les communautés locales malgré les interdictions.
Critère IV
• L’architecture des bâtiments coloniaux est spécifique et identifiable par leur caractère monumental, naturellement aéré et leur regroupement stratégique sur un lieu afin de mieux contrôler l’accès et les activités qui s’y déroulent.
• Les soins particuliers accordés aux artères et les équipements du site sont de nature à garantir une bonne exploitation des ressources intérieures et la mise en place d’infrastructures pour assurer le transport des marchandises de la côte vers la métropole et de l’inter land vers la côte. En effet l’existence du rail, des ruines du wharf et du phare est un témoin de la mise en place des infrastructures et voix d’accès et d’acheminement des marchandises.
• La construction de plusieurs bâtiments de styles européens dont les plans diffèrent selon la fonction est un élément qui contraste avec les habitudes africaines mais qui sera adopté comme mode de construction en Afrique.
• La prison située au quartier France réservée aux noirs et le pont à levier puis le pont en bois sont des éléments chargés de valeurs émotionnelles car ils rappellent les périodes difficiles et meurtrières des luttes d’émancipation.
• Certains éléments du site dont le monument de la fièvre jaune marquent également le processus unique de développement du quartier France qui est passé de capitale politique et commerciale de 1893 à1900, à capitale commerciale de 1900 à 1934 avant d’amorcer son processus de déclin suite à des épidémies répétitives de fièvre jaune qui a décimé la population blanche et à la construction du wharf d’Abidjan en 1934.
• L’organisation de l’espace du quartier France en zones administrative, commerciale et résidentielle est une norme de schéma directeur d’urbanisme qui s’impose aujourd’hui dans toutes les villes africaines où on distingue nettement le centre commercial, le centre administratif et des affaires et les quartiers résidentielles riches et pauvres.
Critère VI
• La conservation de l’espace de l’abyssa et la pratique encore aujourd’hui de cette fête traditionnelle d’invocation des esprits des ancêtres pour juger et sanctionner en publique la gestion du roi monarque par les sept familles qui composent le royaume est un fait unique qui montre la pratique de la démocratie en Afrique. Ce pouvoir traditionnel a cohabité avec le pouvoir colonial et a survécu.
• C’est enfin un témoin éloquent d’affirmation de l’identité africaine par la conservation de pratiques culturelles anciennes de générations et générations.
• Cela explique l’existence encore en Afrique de rites et croyances qui sont encore forts dans les mœurs et des techniques ou savoir – faire qui se perpétuent dans le temps.
• La marche des femmes sur Grand Bassam est l’événement historique lié à la décolonisation. Elle marqua un tournant décisif dans la lutte émancipatrice pour l’indépendance de la Côte d’Ivoire./.




Sources documentaires : KOFFI BILE, Directeur du Musée National du Costume de Grand-Bassam 5ème cours technique AFRICA 2009 Sur l’élaboration des propositions d’inscription de biens culturels sur la liste du Patrimoine Mondial.

Présenté par :
M. MOULARET Renaud-Guy Ahioua
et
M. KPAN Ernest

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