mercredi 19 mai 2010

LES EFFETS DE LA MEDIATION DES BIBLIOTHECAIRES SUR LE COMPORTEMENT DES USAGERS DANS LES BIBLIOTHEQUES PUBLIQUES IVOIRIENNES 3

Introduction
Structures de diffusion parmi tant d’autres, les bibliothèques ont existé depuis l’aube des temps. Traversant les siècles en opérant plusieurs mutations, elles ont favorisé la transmission du savoir en y associant le plus souvent des méthodes nouvelles. En Afrique en général et en Côte d’Ivoire en particulier, les bibliothèques publiques offrent un certain nombre de services et de produits à leur clientèle. En effet, le simple accueil n’est-il pas déterminant dans les relations avec les usagers car du bon accueil de ceux-ci dépendent de bonnes relations de confiance et de sécurité ? C’est ce qui fonde notre préoccupation quant à savoir la politique de médiation susceptible d’être dégagée en vue d’accroître la fréquentation des bibliothèques publiques et partant la satisfaction des besoins des usagers. En cela, le sujet ainsi présenté nous invite avant tout à une approche conceptuelle.
1. Problématique
1.1 Définition des concepts principaux
- Bibliothèque Publique : La bibliothèque est définie par certains auteurs comme « Une collection de documents soigneusement sélectionnés et organisés afin de fournir l’information nécessaire à la mission ou aux activités d’une institution, d’une société ou de tout autre entité » .On comprend que la bibliothèque se consacre outre la collecte de l’information, à son traitement et sa diffusion. Aussi, en tant qu’espace ouvert au public, la bibliothèque peut revêtir divers statuts. On distingue ainsi les bibliothèques nationales, les bibliothèques publiques, les bibliothèques universitaires, les bibliothèques scolaires, etc. Au regard de cette classification, Les bibliothèques publiques semblent retenir notre attention en raison de leur aspect plus large dans la diffusion de l’information et la diversification ou la variété de ses publics. En effet, la littérature retient que la bibliothèque publique est un « service public qui accueille tout lecteur sans distinctions » c’est-à-dire de l’enfant à l’aîné. C’est l’expression du principe d’égalité de tous devant la loi et devant le service public. Mais c’est surtout la mission de cette structure qui reflète de loin sa particularité car « une bibliothèque publique a pour mission première de servir les habitants d’une entité géographique ou d’une circonscription politique, même si elle étend souvent son rayonnement à d’autres communautés… ».
Ainsi, la bibliothèque publique poursuit-elle une finalité sociale en jouant un rôle dans les rapports humains d’une part et d’autre part dans les rapports avec l’administration et ce au-delà des frontières du local.
- Médiation : La médiation se perçoit pour les acteurs du monde culturel comme ce qui fait le lien entre l’offre culturelle et le public. Autrement-dit, elle se définit par sa position intermédiaire et en l’espèce, notre ambition se nourrit du fait que la bibliothèque publique, en tant qu’entité sociétale, est un outil de médiation ; mieux, elle exerce une médiation par le biais de ses agents (les bibliothécaires) qui ne va pas sans effets à l’endroit des usagers et partant des populations. La médiation apporte le savoir, apporte les moyens et attend le retour c’est-à-dire les réactions du public. La médiation traduit aussi une énonciation, un acte de parole, de langage ; elle désigne le cadre du message, du contenu.
- Comportement : Selon le Glossaire de termes psychologiques, « le comportement est une manifestation observable de l’organisme humain ou animal » (Glossaire, 2010). C’est le lieu de signaler l’importance du comportement des usagers à savoir les réactions qu’ils adoptent vis-à-vis de l’usage qu’ils font du système d’information d’abord et de l’information ensuite. Lequel usage découle de la relation qu’ils entretiennent avec les professionnels de l’information dans les bibliothèques publiques.
1.2 Etat des lieux des bibliothèques publiques en Côte d’Ivoire

Histoire des bibliothèques publiques : La bibliothéconomie commence en Côte d’Ivoire à l’époque coloniale avec la création de la Bibliothèque Municipale d’Abidjan en 1952. A la faveur de la onzième Conférence générale de l’UNESCO réunie en 1960 (résolution 452), la réalisation d’un projet de bibliothèque-pilote est décidée pour l’année 1962. Il s’agissait à travers ce projet d’implanter une (01) bibliothèque publique à Abidjan, deux (02) bibliothèques de quartier et trois (03) bibliothèques de provinces. Ce projet verra son exécution en 1964. A partir de cette période, les bibliothèques naissent : 1966, bibliothèque de l’Université, 1963, bibliothèque de l’INADES. L’Etat Ivoirien décide aussi de prendre en main la formation des bibliothécaires en envoyant des boursiers se former à l’Ecole des bibliothécaires, archivistes et documentalistes de Dakar en 1967. En 1968, la Bibliothèque Nationale de Côte d’Ivoire entre en fonction et elle aura entre autres missions de former les personnels des bibliothèques scolaires ; mais à partir de 1988, la création d’un centre devenu Ecole de Formation à l’Action Culturelle (EFAC) permet de former des professionnels de l’information dans le pays. A cette école s’ajoutent deux autres instituts qui forment aux métiers de l’information documentaire jusqu’au D.E.S.S. pour le grade de Conservateur. De là, va commencer la naissance des bibliothèques en général et des bibliothèques publiques en particulier dont la typologie est à préciser.
Typologie et modes administratifs des bibliothèques publiques : les bibliothèques publiques en Côte d’ivoire sont variées. En effet, on distingue des :
- Bibliothèques municipales mise en place par les communes et s’adressent aux populations de ces localités (bibliothèque municipale de Treichville dans le District d’Abidjan). Les personnels de ces bibliothèques relèvent de la compétence du Conseil municipal dont le service culturel gère leur recrutement et leur émolument. Le conseil municipal peut néanmoins demander des fonctionnaires professionnels de l’information au Ministère de la Culture ;
- Bibliothèques régionales relevant des Conseils régionaux (bibliothèque départementale de San Pedro installée par le Conseil Général de San Pedro) ou des districts (bibliothèque du District d’Abidjan). Ces bibliothèques dépendent aussi de ces collectivités auxquelles elles sont rattachées. Celles-ci en fixent les missions et déterminent leur fonctionnement;
- Centres de Lecture et d’Animation Culturelle (CLAC) : Installés par l’Agence de Coopération Culturelle et technique (ACCT) devenue Organisation Internationale de la Francophonie (OIF) avec pour mission la promotion du livre et de la lecture dans les milieux ruraux soutenue par des activités d’alphabétisation et l’usage de l’audiovisuel.
- Bibliothèques et Centres de Prêt (BCP): ces structures ainsi que celles de l’Alliance française ont été mises en place par le Service de Coopération et d’Action Culturel de l’Ambassade de France. Les BCP sont le fruit du Projet d’Appui au Développement Culturel (PADEC) qui soutien le Ministère de la Culture dans la promotion de la lecture publique et des nouvelles technologies depuis 1997.
Statistiques des bibliothèques publiques : Inexistantes en tant que telles, les statistiques que nous présentons sont le fruit de recherches et de collecte de données à la suite des enquêtes menées. Elles nous permis de dresser la carte et le tableau qui suivent.

Bibliothèque et Archives Nationales (02)

Bibliothèques Publiques (19)

Bibliothèques Universitaires (18)

Centres de Documentation
et d’Information (27)


Services de Documentation
(01)


Bibliothèques Scolaires (38)
Carte des bibliothèques et centres de documentation de la Côte d’Ivoire
Source MOULARET sur intercarto, 2010

La carte ainsi présentée des structures d’information documentaire fait ressortir une forte concentration dans le sud et particulièrement dans le district d’Abidjan, première ville du pays. Le nombre assez bas des bibliothèques publiques oriente d’une part sur le défaut d’implication des collectivités décentralisées dans l’implantation de ces bibliothèques et d’autre part sur le manque de sensibilisation et d’encadrement du Ministère de la Culture et de la Francophonie. Certaines bibliothèques publiques en effet, appartiennent à des structures privées ou d’administrations étrangères (Alliances françaises, centre culturel français,…)
A cela s’ajoute la destruction dont ont fait l’objet les bibliothèques du nord, du centre et de l’ouest du pays du fait de la crise politico-militaire née en septembre 2002 et marquée actuellement par une situation de ni paix, ni guerre car les Forces Nouvelles (rebelles) dirigent ces régions centre-nord-ouest tandis que le pouvoir central s’exerce seulement dans le sud du pays. Mais au-delà de cette première appréciation relative à la répartition des systèmes d’information sur le territoire ivoirien, observons d’autres paramètres concernant toujours les bibliothèques publiques.
PARAMETRE QUANTITE
Unités administratives 15
Points de service 19
Collections (livres : nombres de services) De 1700 à 50.000
Collections (microscopies) (inconnu)
Collection (Matériel audiovisuel) De 12 à 999
Collections (autres matériels de bibliothèques) (inconnu)
Usagers inscrits (inconnu)
Capacité De 12 à 104 places
Acquisitions annuelles (volume) (inconnu)
Acquisitions annuelles (autres matériels) (inconnu)
Prêts aux usagers (inconnu)
Personnels de bibliothèque diplômés De 01 à 11
Personnels de bibliothèque formés sur le tas De 01 à 10

Le tableau ci-dessus présenté s’inspire des statistiques de l’UNESCO pour les bibliothèques publiques. Les chiffres établis procèdent d’une recherche personnelle sur la question et revêtent un caractère approximatif. Il ressort que les bibliothèques des représentations étrangères sont mieux nanties que les bibliothèques publiques locales en raison des moyens dont disposent les Ambassades des pays du Nord dont les structures ont des fonds documentaires riches (documents textuels et non textuels) et des personnels qualifiés parce que formés au métier. En revanche, les bibliothèques publiques locales, nées souvent, du fruit d’une collaboration entre l’Etat, les organismes internationaux ou le service de coopération et d’action culturelle de l’ambassade de France et les communes sont dans des états d’abandon car les collectivités ne veillent pas à la pérennisation des projets.
Contexte législatif des bibliothèques publiques : Les textes juridiques intervenant dans le domaine des bibliothèques ont pour vocation de régir le domaine plus vaste du livre. Signataire des protocoles de Florence et de Nairobi, la Côte d’Ivoire tarde à ratifier ces actes d’où la situation difficile du livre. C’est surtout par des décrets que l’Etat Ivoirien va se proposer d’intervenir dans le domaine des bibliothèques. Ainsi, le décret N°71-434 du 10 Septembre 1971 organise la Bibliothèque Nationale de Côte d’Ivoire et définit ses missions. Il s’agit entre autres de servir de support à l’action de coordination du développement des bibliothèques confiée au service des Bibliothèques et des Publications.
Aussi, les bibliothèques et les centres de documentation, présents aussi bien dans l’administration publique que dans l’administration privée ne disposent pas en Côte d’Ivoire d’un statut spécifique précisé. Nées pour remplir des besoins d’information, c’est surtout dans le cadre de partenariats avec l’Agence Intergouvernementale de la Francophonie (AIF) devenue OIF et la coopération française d’une part que vont naître les centres de lecture et d’animation culturelle (CLAC) et d’autre part, avec le programme d’appui au développement culturel (PADEC) pour la création de bibliothèques et centres de prêts (BCP). Le décret 86-448 du 25 Juin 1986 conjointement signé par le Ministère des Affaires Culturelles, le Ministère de l’Economie et des Finances et le Ministère de l’Intérieur, transfère compétences aux communes pour la création d’équipements et la gestion de certains établissements culturels tels que les bibliothèques, centres culturels, musées, etc. Les bibliothèques vont naître aussi dans le cadre du projet de la BAD dont le volet documentation est le PARMEN, né à la suite d’une convention entre le Ministère de l’Education Nationale et la Banque Africaine de Développement.
Le décret N° 2001-153 du 15 mars 2001 portant organisation du Ministère de la Culture et de la Francophonie donne entre autres missions à la Direction des Arts et de l’Action Culturelle de veiller et participer au développement de la lecture publique, par le soutien aux actions de l’implantation de bibliothèques et centres de documentation.
Ainsi, ces actes juridiques, ne régulent pas le statut des bibliothèques publiques pour lesquelles aucune loi n’est connue à ce jour. Et aucun texte ne peut être invoqué pour définir la politique nationale d’information.
2. Objectifs du projet
Il s’agit à travers ce projet de dégager les formes de médiation existant au sein des bibliothèques publiques ivoiriennes et leurs effets sur le comportement des lecteurs. La médiation exercée par les bibliothèques se perçoit selon les auteurs à un triple niveau. En effet, « le bibliothécaire est un médiateur culturel (dans son rôle de médiateur entre le savoir et les lecteurs) ; médiateur social (dans son rôle entre les usagers et les lecteurs eux-mêmes) ; mais aussi un médiateur institutionnel (dans son rôle de médiateur des lecteurs auprès de l’instance politique et administrative), il est passeur de mots, de messages, de connivence, d’enthousiasme, de croyances, d’espoir,…» (Bruillon et Ducas, 2006, p.91). L’objectif est donc de mettre en avant le rôle du bibliothécaire dans le développement de sa relation avec les clients.
D’abord, montrer que par la formation, le bibliothécaire peut acquérir les qualités d’un médiateur. Les écoles de formation seront donc une partie importante de notre réflexion pour l’analyse du contenu des formations qu’elles proposent aux étudiants en sciences de l’information. En effet, le bibliothécaire-médiateur doit être avant tout un professionnel qui maîtrise la matière information, qui est apte à diffuser l’information par sujet, qui sait utiliser le langage documentaire et qui exerce une médiation en utilisant le web 2.0 par exemple. Une telle démarche nous permettra aussi d’évaluer la qualité de l’offre d’emploi sur le marché du travail.
Ensuite, faire ressortir la capacité des bibliothèques publiques à détenir en leur sein des bibliothécaires-médiateurs. En effet, au regard du statut des publics et des professionnels de l’information présents dans ces bibliothèques, on peut asserter que vue la nécessité d’une démocratisation de la culture, les bibliothèques publiques ivoiriennes visées peuvent accueillir un tel projet.
En outre, l’analyse de la médiation dans les bibliothèques publiques ivoiriennes permet de saisir l’aspect marketing
3. Hypothèses de recherche
1- Les Bibliothèques publiques, en tant qu’instruments de formation, d’information et de divertissement ont une incidence sur les habitudes des lecteurs dans le sens d’une communication pour le changement de comportement. Cela réside dans le fait que les politiques de médiation sont de nature à modifier voire, transformer la consommation culturelle des publics. Pour cela, la formation (initiale ou sur le tas) des bibliothécaires dans le domaine de la médiation s’avère nécessaire. Ainsi, la prise en compte du volet médiation dans les sphères de formation des professionnels de l’information laisse augurer une dynamique d’action des bibliothèques publiques et une meilleure relation avec les lecteurs.
2- Les bibliothèques publiques sont le temple de la lecture pour tous. Cependant, les activités de lecture des publics sont entravées par les fossés qui existent entre ces publics en créant des inégalités et par conséquent une baisse de l’activité de lecture. A l’instar des pays du Sud, la Côte d’Ivoire connaît un contexte socio-économique encore difficile vue la faiblesse du taux de scolarisation qui est de 42,4% (Sylla, 2007), les difficultés économiques et l’oralité. Il se crée ainsi un écart entre publics potentiels, faibles lecteurs, lecteurs éloignés, lecteurs empêchés et non-lecteurs ; écart que peut réduire la médiation du livre des bibliothèques publiques.
4. Questions de recherche
- Quels sont les effets de la médiation des bibliothécaires sur les comportements des lecteurs dans les bibliothèques publiques ivoiriennes ?
- Quels moyens sont mis en œuvre pour accroître l’activité des médiateurs au sein des bibliothèques publiques ivoiriennes ?
- Quels types de médiation sont développés pour toucher les différents lecteurs des bibliothèques publiques ivoiriennes ?
- Quelle formation permet une meilleure médiation ?
- Quelles sont les situations problématiques auxquels se trouvent confrontés les bibliothécaires des bibliothèques publiques ivoiriennes dans leurs activités de médiation ?
5. Méthodologie
5.1 Approche générale
- La méthode systémique
Les phénomènes de communication et d’information se présentent comme un tout global constitué de plusieurs éléments qui entretiennent entre eux des relations, des corrélations et des interactions. Cela explique le choix de la situation de la médiation des bibliothécaires. Il convient de replacer cette notion dans le giron des les missions des bibliothèques et analyser leurs rapports avec les usagers. Le système devenant dynamique, bibliothécaires et les bibliothèques trouvent leur fondement dans les relations qu’ils entretiennent respectivement avec les autres domaines de la culture et de la vie en société. Il en découle une influence du et sur leur milieu. Cette méthode peut se résumer à « un vocabulaire commun, une technique pour traiter les grandes organisations, une approche systémique là où il existe de nombreuses interactions, la substitution de la notion dynamique de relations aux anciennes entités statistiques, une possibilité d’atteindre l’essentiel de la vie sociale en termes de communication, d’information. Enfin un moyen d’étudier de façon opérationnelle, les notions de but, de besoins, de symboles, de conscience de soi, de processus socioculturels » (Burkley, 1964, p.18). Cette méthode quoique pertinente n’est pas exclusive, l’utilisation de la méthode fonctionnaliste s’avère nécessaire.
- La méthode fonctionnaliste
« La méthode fonctionnaliste suppose que la nature et l’existence de faits sociaux et culturels se réfèrent à la fonction qu’ils occupent. Ainsi, selon les fonctionnalistes, tous les éléments de la société sont fonctionnels ; autrement-dit, ils interviennent sur d’autres aspects de la structure ou du fonctionnement de la société » (encarta.msn.com, 2008). Cette méthode permet de dégager une analyse sur la finalité ou la fonction remplie par les systèmes d’information. Il ressort que ceux-ci remplissent des fonctions de formation, d’information et de communication au sein de toute société. Prenant appui sur ces fonctions, on comprend dès lors que le disfonctionnement d’un élément de la bibliothèque publique produit des effets sur les populations. C’est ce qui fonde l’intérêt de cette recherche qui participe à son niveau de la prise en compte de la médiation dans les bibliothèques et centres de documentation. Se situant dans la défense du droit à l’information, les usagers des bibliothèques publiques ivoiriennes (urbaines et rurales) doivent bénéficier d’une attention particulière dans leur localité.
A cela s’ajoute l’analyse comparative de la situation des systèmes d’information aussi bien, au Canada et en Egypte sans oublier les références faites à la France. Les méthodes de recherche ainsi présentées s’accompagnent de techniques de recherche.
5.2 Actions concrètes
- La recension des documents
La documentation écrite
Les documents textuels permettent en tant que sédiments ou traces d’activités sociales ou privées, de recueillir ce qui a déjà été dit sur ce sujet. Ils sont d’une grande utilité pour fonder, critiquer et justifier les affirmations contenues dans la présente étude. Aussi l’étude de la médiation dans les bibliothèques requière-t-elle une connaissance conceptuelle ou théorique des documents. Cette recension des écrits prend en compte l’origine de la médiation, ses aspects et ses effets sur les clients en Côte d’Ivoire, les étapes de leur évolution et les rapports qu’ils entretiennent avec les autres acteurs sociaux. Des articles scientifiques, des périodiques, des ouvrages de référence, des ouvrages courants et des ouvrages spécialisés ont servis de base à la bibliographie.
La documentation multimédia
L’avènement du multimédia avec l’internet implique le traitement de l’information en un temps record. Cette catégorie se présente comme le siège d’une information riche et variée dans divers domaines de la connaissance. Des sites, des moteurs de recherche et des méta-moteurs ont permis de trouver des informations pertinentes et assez récentes. Il s’agit de sites relatifs aux activités des bibliothèques et l’influence de celles-ci pour les théories dans ces domaines A côté de l’observation documentaire, se présente l’observation participante.
- L’observation participante
Le choix du thème nécessite des recherches et des investigations auprès des bibliothèques publiques aussi bien en Côte d’Ivoire qu’au Québec.
Ainsi, En côte d’Ivoire, la problématique posée par le sujet va nous conduire à la visite de la Direction du livre du Ministère Ivoirien de la Culture et de la Francophonie, de conservateur documentaliste responsable de bibliothèques (la bibliothèque de l’Alliance française de San-Pedro et la bibliothèque de la Direction de la Culture et de la Francophonie de San-Pedro) en Côte d’Ivoire, vont permettre de vivre et pratiquer la médiation avec les professionnels de ces structures.
Il ressort aussi de l’expérience acquise au cours des voyages d’étude, de procéder à une analyse comparative - autrement-dit à une bibliothéconomie comparée dans l’univers des bibliothèques francophones - des cas de médiation observés en bibliothèque publique. Au Québec, les recherches sur le thème, ont permis des visites dans les structures suivantes : la Grande Bibliothèque de Montréal, la bibliothèque Maisonneuve et la bibliothèque sur côte-des neiges. Nous entrevoyons des recherches dans les deux dernières citées et en Côte d’ivoire à la bibliothèque du District d’Abidjan, la bibliothèque municipale de Treichville et la Bibliothèque de l’Alliance française à Abengourou. En Egypte, la visite, de la « bibliotheca Alexandrina », de la médiathèque du centre culturel français d’Alexandrie et de la foire du livre d’Alexandrie ont permis de comprendre le circuit du livre dans cette partie du monde. Cette observation aura pour effet de mieux appréhender les spécificités de la médiation dans ces différents pays ainsi que les implications techniques et matérielles qui en découlent.
- L’enquête
La circonscription de l’objet de l’étude fait appel à une enquête reposant sur l’entretien et le questionnaire.
L’entretien : direct ou semi-direct avec les enseignants, les professionnels et usagers des structures d’information. En effet, en vue de recueillir des données relatives à la pratique d’une médiation, des entrevues ou entretiens ont été effectuées et sont encore prévues auprès :
Des enseignants et des responsables des départements des sciences de l’information documentaire des écoles de formation. Il s’agit de l’Ecole de Formation à l’Action Culturelle (EFAC) qui forme les professionnels conservateurs, assistants-conservateurs et techniciens de bibliothèques ; l’Institut Pédagogique des Arts Conservatoires (IPAC) qui forme des techniciens et assistants-conservateurs et de l’Ecole de Formation Professionnelle à l’Action Culturelle.
Des Professionnels des bibliothèques publiques ivoiriennes. Il est claire que l’organisation des bibliothèques publiques ne fait pas ressortir un accent mis sur la médiation d’où la nécessité d’échanger avec eux sur la question. Des premiers entretiens effectués, le constat est que la médiation peut se pratiquer dans les bibliothèques publiques ivoiriennes qui y sont favorables.
Des usagers des systèmes d’information ; ce qui fera ressortir de façon descriptive et dynamique les opinions qu’ils nourrissent par rapport à la médiation des bibliothécaires. En fonction de l’âge (enfants, jeunes, adultes, aînés), du sexe (hommes, femmes, garçons, et filles), de la profession (écoliers, élèves, étudiants, travailleurs, enseignants-chercheurs), du lieu d’habitation,….
Le questionnaire : d’administration directe pour un échantillon accidentel.
IV. Résultats attendus
Les résultats attendus de ce projet peuvent se résumer comme suit :
• Enrichissement des aptitudes professionnelles et renforcement des capacités des professionnels des bibliothèques publiques ;
• Elaboration de véritables politiques de médiation dans la formation continue ou sur le tas des professionnels de l’information;
• Naissance de véritables liens documentaires entre les bibliothèques publiques et leurs usagers ;
• Satisfaction des besoins en information des clients (en termes de bruit ou de silence) ;
• Prise en compte de la démarche qualité dans le transfert de l’information.
V. Bénéfices du projet
Ce projet a pour bénéfice premier de mener une réflexion sur l’une des défaillances des systèmes d’information en Côte d’Ivoire. En effet, trouver des solutions aux problèmes qui minent les systèmes d’information passe par la réflexion et l’action, toutes choses qui sont illustrées par ce projet. Au sortir de cette étude, c’est tout une proposition en faveur de la médiation dans les bibliothèques publiques qui sera dégagée.
Ensuite, il va permettre d’obtenir un nouveau cadre de propositions faites aux décideurs en vue du renforcement des capacités des professionnelles en matière de médiation. Une bibliothèque publique devra prendre en compte le volet médiation en vue d’accroître ses performances.
VI. Bibliographie
- BURKLEY, W., Sociology and modern system theory. Englewood CLIFF, New Jersey, Prentice Hall. 1964.227pages.
Ouvrages spécialisés
BRUILLON M., DUCAS S., Les professions du livre.2e éd. Ellipses éditions. Paris. 2006 187pages.
MOULIS, Anne-Marie.- Les Bibliothèques : Les essentiels Milan.- p.28
SAGER, Donald J. .- Les petites bibliothèques : organisation et fonctionnement.-Fort Akinson :The Highsmith Company,Inc, 1992.- 151p.
CALIXTE, J - MORIN, J.C. – Management d’un service d’information documentaire : préciser le
présent, gérer le futur. – Paris : les éditions d’organisations, 1985 - 200p
SAVARD, Rejean.- education and research for marketing and quality management in libraries =
La formation et la recherche sur le marketing et la gestion de la qualité en
bibliothèque.- Québec : K.G. Saur, 2002.- 326p
Etat de la situation du livre et de la lecture au Québec: document d’information pour la
consultation publique sur le projet de la lecture et du livre.- Québec : Ministère de la Culture et des communications, 1998.- 28 cm ; 121p
LAJEUNESSE, Marcel.- Lecture publique et culture au Québec : XIXe et XXe siècles.-
Québec : Sainte-Foy : P.U.Q., 2004.- 23 cm ; 223 p
GOYETTE, Marie.- Politique culturelle et bibliothèque publique.- [Québec]: Institut canadien de
Québec
Pour des bibliothèques québécoises de qualité : guide à l’usage des bibliothèques publiques.- [Montréal]: ASTED, 1996.- 23 cm ; ill ; 104 p
LECOQ, Benoît.- La fonction de direction des services communs de documentation : évolutions
récentes et perspectives.- [Paris] : Inspection générale des bibliothèques, 2008
LE COADIC, Y. F.- Usages et usagers de l’information.- Paris : Nathan, 1997.- 127 p
SYLLA O., Le livre en Côte d’Ivoire. L’harmattan. Abidjan.2005
Le marketing des bibliothèques universitaires : une approche théorique.- bulletin des bibliothèques de France, t. 28, n°5, pp. 485-496
PETIT Michèle, De la bibliothèque au droit de cité : parcours de jeunes, Bibliothèque publique d’information, 1997, 361 p.
FAGET Jacques, La médiation : essai de politique pénale, Eres, 1997.
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Thèses – Mémoires - Rapports
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Sources Internet
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[en ligne] Consulté le 10 mars 2010.
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SAMSON, André, « Glossaire de termes psychologiques », Collège universitaire de Saint-Boniface | University of Manitoba, consulté le 19 mai 2010.

Cultre africaine et Développement 6

Le livre suit une chaîne établie dans tous les systèmes (voir image ci-contre, filière livre) qui commence par la création puis la production, la diffusion-distribution, la commercialisation et la consommation.
La création est le lot de l’écrivain, personne qui donne naissance à l’œuvre en tant que création artistique dans un ou plusieurs genres littéraires tels que le roman, la nouvelle, la poésie, le théâtre, le récit, le conte et l’essai. A côté des œuvres de fiction, il y a des ouvrages documentaires, des monographies comme des périodiques ; les auteurs sont de toutes les couches sociales: universitaires, professionnels, enseignants, étudiants, journalistes, des personnes physiques ou morales….. Les auteurs, écrivains, illustrateurs, "bédéistes" sont réunis au sein des associations des Ecrivains. Celles-ci œuvrent à la découverte puis à la promotion des jeunes écrivains à travers des concours de création littéraire mais aussi à l’amélioration de la situation des auteurs dans leur relation avec les éditeurs pour le respect et le paiement des droits d’auteur. Il existe des éditions à compte d’auteur, situation dans laquelle l’auteur finance lui-même les frais d’édition de son œuvre, ou des cas de commande d’œuvres par l’éditeur.
Pour ce qui est de la production, on y inclut les activités d’édition et de fabrication du livre. L’édition a connu une émergence avec la naissance des grandes maisons d’édition à travers le monde. C’est le cas de Larousse, Edicef, Hatier, Hachette, Gallimard, etc. en France. En Côte d’Ivoire, l’avènement de l’édition est marquée par la naissance du Centre d’Edition et de Diffusion Africain (CEDA) en 1961 et l’ouverture d’un bureau à Abidjan des Nouvelles Editions Africaines (NEA) qui deviendra Nouvelles Editions Ivoiriennes (NEI) en 1992. Ces deux maisons d’édition vont contribuer à l’édition des livres scolaires résultant du programme "école et développement" adopté par le gouvernement. Dans les années 90 vont naître plusieurs maisons privées d’édition qui vont se regrouper en Association des Editeurs Ivoiriens (ASSEDI) créée en 1998 et initiatrice du salon International du Livre d’Abidjan (SILA). Mais la prédominance du secteur informel dans l’univers du livre des pays du Sud, rend difficile l’exercice du métier. Aussi, vu la faiblesse du maillon distribution, les éditeurs se chargent eux-mêmes d’acheminer les livres à la commercialisation.
Après l’édition, c’est la fabrication du livre avec le technicien prépresse qui traduit l’ensemble des personnes qui interviennent dans l’impression du livre. Le prépresse s’organise autour du prépresse traditionnel, du prépresse assisté par ordinateur, la prémaquette, la mise en page, le montage, la recherche et le traitement de l’image. La première imprimerie à voir le jour en Côte d’Ivoire fut l’imprimerie nationale mais aujourd’hui de nombreux imprimeurs du secteur privé ont vu le jour pour la fabrication des « 7 sept millions de livres imprimés chaque année » (rezoivoire.net, 2008) mais qui accomplissent pour la plupart des travaux de villes (cartes de visites, calendrier,..). En sus, les coûts de fabrication élevés du livre obligent certains éditeurs à se tourner vers des imprimeurs étrangers notamment en France, en Italie, au Maroc, en Tunisie et au Liban. Ce maillon qui implique des machines est très peu développé d’où la petitesse de la taille du marché du livre en Côte d’Ivoire. Il en découle un certain nombre d’entreprises exerçant dans l’informel.
La distribution-diffusion du livre, est une activité exercée par très peu d’acteurs du livre. On pourrait même dire que le maillon de la distribution du livre est inexistant sinon très faible dans les pays du Sud. En Côte d’Ivoire, Seul l’éditeur NEI-CEDA dispose d’un groupe de diffusion dont l’activité consiste à propager le plus largement possible les ouvrages en fonction du public cible. On considère aussi "édipresse" comme l’unique diffuseur, cependant, cette société est beaucoup plus axée sur la presse locale et internationale, le livre ne représentant qu’une part très réduite de son activité. Cela explique la faiblesse de la production nationale et le marché se voit investi en grande majorité par le livre importé. Après sa fusion avec SALIPACI, la Librairie de France devient un distributeur dont le monopole reste de fait sur ce maillon.
Acteur de la promotion du livre, le libraire assure la commercialisation du livre en proposant une diversité d’ouvrages à un public ou une clientèle. Le métier de libraire s’exerce en principe dans un espace spécifique, convivial, structuré, lumineux ; c’est la matrice du concept de librairie. Les libraires ivoiriens sont regroupés au sein du Collectif des Libraires Professionnels de Côte d’Ivoire (CLPCI) en vue de la défense de leurs intérêts et de la promotion de leur profession. On note cependant que le livre circule de façon inégale entre les différentes zones de la Côte d’Ivoire ; à cela s’ajoute la grande présence des "librairies par terre" et des librairies ambulantes qui connaissent du succès en raison de leur proximité aux populations et du prix moins élevé des livres qu’elles offrent.
A la fin de la chaîne se trouvent les consommateurs parmi lesquels les bibliothèques et centres de documentation, acteurs essentiels de la chaîne qui constituent des points de rencontre privilégiés entre le public et le livre. Depuis les indépendances et même bien avant, la Côte d’Ivoire a connu des bibliothèques pour ensuite bénéficier du soutien des organisations internationales dans le cadre de projets d’action culturelle (PARMEN, PADEC,). Mais les problèmes infrastructurels et de ressources humaines sans oublier la situation que traverse actuellement le pays rendent difficile le maillage du territoire national en bibliothèques. Comme consommateurs, il y a aussi les établissements d’enseignements car le manuel scolaire représente les « 70% » (entretiens avec un professionnel du livre) de la production éditoriale en Côte d’Ivoire. Depuis le préscolaire jusqu’au supérieur, c’est une clientèle captive qui procure à l’industrie du livre l’essentiel de ses revenus. On n’oublie pas les ménages qui achètent le livre même en quantité réduite ; la situation que traverse le pays rend le pouvoir d’achat faible quant à acquérir des livres.
Ainsi en Côte d’Ivoire comme partout dans les pays du Sud, on note une chaîne du livre aux maillons perceptibles avec une prédominance du secteur informel. On note aussi la faiblesse de la technologie, des investissements et du marché. C’est une filière dont le maillon faible est la diffusion-distribution.
Les statistiques dans la filière du livre en Côte d’Ivoire (dont le modèle est grandement inspiré de celui de la France) sont insuffisantes et quand elles existent, elles sont difficilement transmissibles par les opérateurs de la filière du livre et même par le MCF chargé de la gestion institutionnelle du livre. Cela explique la faible quantité des informations dans ce domaine. On retient cependant que quelques données sont visibles mais ne sont pas récentes. Ainsi, jusqu’en 2003, les acteurs du livre se répartissaient comme suit
Tableau 1. La chaîne du livre en Côte d'ivoire

N° INTERVENANTS QUANTITE
1 Ecrivains 88
2 Editeurs 11
3 Techniciens prépresse 4
4 Imprimeurs 17
5 Distributeurs 3
6 Libraires 22
7 Bibliothèques-Documentations 83

Source : Guide des professionnels du livre de Côte d’Ivoire, 2003

L’industrie du livre en Côte d’ivoire souffre de sa désorganisation, ce qui rend difficile la collecte des données dans ce domaine. Cependant, avec 70% de manuels scolaires et 30% de littérature générale, on retient que la production éditoriale s’élève à « 150 nouveautés par an et 7 millions de livres sont imprimés chaque année » (Sylla, 2007).

La filière livre en tant qu’industrie culturelle, produit des revenus qui, dans l’économie globale de la Côte d’Ivoire permet de saisir les enjeux de ce secteur dans le développement de ce pays. Ainsi, selon une enquête assez récente réalisée sur Abidjan pour le compte de l’Organisation Internationale de la Francophonie (OIF), les données suivantes peuvent être présentées :

Tableau 2. Environnement et emplois

SECTEUR FONCTION NOMBREDE STRUCTURES EMPLOIS
Environnement culturel Organisme de formation 5 243
Structures institutionnelles 4 752
Associations, organisations professionnelles 18 Ind.
TOTAL 27 995
SECTEUR FONCTION NOMBRE DE STRUCTURES EMPLOIS
Edition Maisons d’édition 10 473
Distributeurs-Librairies 15 230
Presse écrite 11 817
Agences de presse 4 89
Bibliothèque 8 65
TOTAL 48 1674

Sont pris en compte dans ce tableau les établissements publics qui œuvrent dans le secteur de la culture. Les associations professionnelles sont indéterminées ; leur multitude et l’anarchie dans le secteur rend difficile leur détermination. Si cet environnement culturel emploie 995 personnes, le secteur de l’édition fournit 1674 emplois pour un total de 48 structures. Ces emplois ont des répercussions sur l’économie en termes de retombées fiscales et financement des ménages. Mais la prédominance du secteur informel empêche de saisir l’importance de ce domaine. On note aussi que la filière est très peu structurée ; le maillon distribution est faible en Côte d’Ivoire ; il est marqué par le monopole de deux structures : édipresse et LDF.
Toujours dans le sens de la contribution à l’économie nationale, on en arrive au niveau d’activités.

Tableau 3. Revenus financiers du livre

SECTEUR TAILLE DES ENTREPRISES PART(%) NIVEAU D’ACTIVITE (US$)
Micro entreprises 58 300 000 en moyenne (153 millions FCFA)
Ecrit Petites entreprises 30 2 millions en moyenne (1 milliard FCFA)
Moyennes entreprises 10 5,7 millions en moyenne (3milliards FCFA)
Grandes entreprises 2 9,6 millions en moyenne (5 milliards FCFA)
Total 100 51,2 millions (26,4 milliards FCFA)

La culture en Côte d’Ivoire a un budget total s’élevant à « 2,7 milliards FCFA (5,4 millions US$) soit 0,1% du budget total de l’Etat » (Annuaire, 2008). Cependant, le chiffre d’affaires de l’écrit est estimé à 26 milliards FCFA provenant en grande partie des moyennes et grandes entreprises moins nombreuses mais très productives. Plusieurs entreprises fonctionnent dans l’informel et le marché ivoirien du livre est de petite taille. Le secteur souffre de problèmes financiers résultant de l’absence de financements publics et privés - les banques étant toujours réticentes quant aux entreprises culturelles - et de la cherté des intrants dans la fabrication du livre. A ce niveau, nous allons voir le commerce du livre en ce qui concerne les exportations et tes importations ainsi que la fiscalité qui leur est appliquée.
Tableau 4. Livre et commerce

Marchandises selon la codification du système harmonisé Droits de douane appliqués ad valorem (%)
Biens culturels de base
49 produits de l’édition, de la presse ou des autres industries graphiques ; textes, manuscrits ou dactylographiés et plans (exceptés décalcomanie, cartes postales, calendriers,…) 0
Biens culturels connexes entrant dans la production de biens et services culturels
4802 : Papiers et cartons utilisés pour l’écriture, l’impression… 5
Chiffre du commerce intérieur du livre (Edition SH 49)
Exportations 2007 en US$ (taux de croissance annuel moyen 2004-2007) : 1 626 004 (0%) Importations 2007 US$ (taux de croissance annuel moyen 2004-2007) : 31 044 693 (13%)

En tant que membre de l’OMC et de l’UEMOA, la Côte d’Ivoire veille à la mise en place d’un tarif extérieur commun et à l’application d’une préférence communautaire en Afrique de l’ouest sur certains produits entre autres, les produits industriels. De ce fait, les produits entrant dans la fabrication du livre ne sont pas soumis aux droits de douane. En revanche, le papier et les cartons sont soumis à 5% de droits de douane quand on sait qu’ils représentent dans les dépenses 70% de la fabrication du livre. Cela s’explique par le fait que la Côte d’Ivoire n’a pas encore ratifié le protocole de Nairobi. L’importation très forte du livre, se comprend à la lumière de la faiblesse de la production du livre elle-même résultant de la faiblesse de l’industrialisation du secteur, de la faiblesse de l’investissement et de la petitesse du marché.

Culture africaine et Développement 5



Après avoir connu une évolution à travers le temps, passant par des tablettes, le volumen, le papyrus, le livre devient manuscrit avant de connaître une ère industrielle avec l’invention de la presse par Gutenberg. C’est l’imprimerie qui va marquer la démocratisation du livre jusqu’à la fin du 20e siècle où l’on parle du livre électronique. Quelles que soient les formes qu’il ait connues, le livre a des fonctions principales qu’on lui reconnaît. Il représente un support d’écriture en ce sens, le livre comporte un ensemble de signes qui, déchiffrés expriment une idée, livrent un message. Le livre contient des images et /ou des textes relatifs à un sujet ou un domaine précis. Le livre est aussi et avant tout un document textuel. Il vise la diffusion et la conservation de textes de nature variée à un public présent ou futur. En effet, la diffusion est une fonction essentielle du livre car tout livre est destiné à un public qui doit en prendre connaissance. Aussi, le livre est-il un instrument de conservation de l’information et partant, du patrimoine pour les générations futures car il peut, par la technique de la réédition et les méthodes de conservation, se transmettre au fil des âges.
En 1964 déjà, l’UNESCO dans la définition qu’elle retient du livre, estime qu’il s’agit d’une « publication n’étant pas périodique, qui est imprimée et qui compte au moins 49 pages » (Cnrtl.fr, 2008). Ainsi n’est pas un livre un document ne respectant pas ces critères ; autrement-dit, cette définition exclut tout document inférieur à 49 pages : les périodiques et autres supports (magazines, presse,..) qui font l’objet de publications à des périodicités régulières ne sont pas des livres. La définition de l’Unesco est assez restrictive en ce qu’elle réduit le domaine de définition du livre aux monographies.
Plusieurs autres définitions sont données au livre partant de l’approche selon laquelle « il est un document transportable, formant une unité et conçu comme tel » (wikipedia.org, 2008). Selon cette approche, le livre, dans sa conception et sa fabrication, est destiné à être consulté pour recherche, information ou divertissement. Le livre forme un tout indivisible et quand même il est reparti en plusieurs volumes, chacun d’eux représente un livre. Cependant, la transportabilité du livre est remise en cause vu l’avènement du livre électronique. En outre, un livre publié à titre personnel serait-il encore un livre et qu’en est-il du livre électronique abordé tantôt, vu qu’il n’est pas objet matériel ? Pour d’autres, il représente la « subdivision d’un ouvrage contenant plusieurs chapitres » (Gloubik.info, 2009). Une telle approche ne rend pas compte du livre en tant qu’objet matériel, ce qui intéresse au contraire.
Vu les difficultés rencontrées dans la définition du livre l’on s’est tourné en France vers une définition légale ; or la loi française, comme partout ailleurs, n’en propose aucune. En revanche, selon l’administration fiscale en 1971, « le livre est un produit bénéficiant d’un taux de TVA réduit de 5,5% » (Arpel.aquitaine.fr, 2008). Le plus important dans cette définition fiscale est la valeur attribuée au livre en tant que bien économique. Et il semble que l’application d’une fiscalité réduite résulte d’une volonté politique française de promouvoir le livre et d’assurer la rentabilité de la filière. On pourrait parler d’une discrimination positive du livre encore inexistante en Côte d’Ivoire. Mais toujours en 1971, la Direction générale des impôts semble apporter une définition fort inclusive. Selon la circulaire 3C-14-71 du 30 Décembre de ladite direction, « Un livre est un ensemble imprimé, illustré ou non, publié sous un titre ayant pour objet la reproduction d'une œuvre de l'esprit d'un ou plusieurs auteurs en vue de l'enseignement, de la diffusion de la pensée et de la culture […] » (Arpel.aquitaine.fr, 2008). Cette définition a le mérite d’être large car, à la différence de l’Unesco, les fiscalistes mus par l’intérêt pécuniaire, laissent ouverte cette définition dans laquelle on peut inscrire les périodiques, magazines. Elle pose surtout des conditions de fond et de forme: dans la forme, les ensembles imprimés sont considérés comme des livres et non plus seulement les grands volumes imprimés. Dans le fond, « il faut un enrichissement de la pensée » (Arpel.aquitaine.fr, 2008) et tout document ayant l’apparence d’un livre ne saurait être considéré comme tel selon l’administration fiscale, s’il y a absence d’apport intellectuel. L’innovation technologique semble constituer la limite principale de cette définition car « que dira-t-on du livre sur cédérom qui supporte une TVA propre au disque » (Arpel.aquitaine.fr, 2008) ? Et quid du livre électronique qui est une véritable pomme de discorde entre les éditeurs traditionnels et les éditeurs électroniques quant aux subventions ?
Au total, retenons que le livre inclut les monographies, les grands volumes et les ensembles imprimés ainsi que les périodiques à caractère scientifique. Il s’agit concrètement des œuvres de fiction (romans, nouvelles, théâtres, contes, poésie), des ouvrages documentaires ainsi que des périodiques selon la classification de Dewey par exemple, les livres pour enfants, les livres de jeunesse et les ouvrages de référence. Ces différentes catégories peuvent faire l’objet d’une promotion radiophonique avec des séries d’émissions auprès des publics.

lundi 10 mai 2010

Coup d'Etat, Régina YAOU

Arrivée à 15 h 53 mn, on s’est installé, dans l’attente de l’entame de la cérémonie qui se tenait au troisième étage de la LDF. Pour cette activité autour du livre, un public en nombre relativement restreint attendait l’auteure prise dans un embouteillage, apportant ainsi son soutien à la promotion du livre et de la lecture et plus particulièrement à Régina YAOU. On notait la présence du nouveau Directeur du Livre et de la Documentation du Ministère de la Culture et de la Francophonie.

I- Une auteure et une plume

Le premier point de la cérémonie a été la présentation de la biographie de l’auteure par Mme Claire Elvire. On retient, entre autres éléments, que née en 1955 à Dabou, Régina YAOU est aujourd’hui Mme N’DOUFFOU. Ses talents d’écriture, elle commence à les exercer en 1975 alors qu’elle est élève au Lycée Technique d’Abidjan. Elle remporte un concours de nouvelles organisé par les Nouvelles Editions Africaines (NEA) avec son œuvre la citadine. A l’âge de 22 ans, elle publie sa première œuvre et débute ainsi une carrière d’écrivaine avec des œuvres qui sont distribuées en Côte d’Ivoire, au Sénégal et au Burkina Faso. L’auteure a environ 19 titres parmi lesquels figurent :
- Lezou Marie ou les écueils de la vie ;
- Le prix de la révolte ;
- Aihui Anka, défi aux sorciers ;
- La révolte d’Affiba ;
- L’indésirable ;
- Le glas de l’infortune
Régina YAOU s’est également essayée à la collection « adoras »dans laquelle elle a publié des œuvres sous les pseudonymes de Joëlle Anskey ou de Ruth Owouochi:
- Symphonie et Lumières ;
- Cœurs rebelles ;
- La fille du lagon ;
- Les miraculés.
Deux séjours aux Etats-Unis en tant que « Guest lecturer » auprès de quelques universités américaines lui ont permis d’animer des conférences et actuellement, elle prépare une étude comparative sur les contes dans le sud des Etats-Unis et ceux de la Côte d’Ivoire.

II- Editeurs et Libraires, des mailons incontournables de la chaîne du livre

Le Directeur Général de NEI-CEDA, Monsieur Guy LAMBIN a affirmé toute sa satisfaction de travailler avec l’auteure qui révèle à chaque parution, la dynamique de son talent qui s’incarne dans le paradoxe entre la tradition et la modernité. Cette œuvre est le fruit de 10 années de travail, de complicité et d’effort sur un manuscrit qui décrit la profondeur du livre et de l’écriture. L’auteure a un niveau semblable à celui de Alain MABANCKOU car ses œuvres sont étudiées dans les Universités américaines et devrait se vendre en Europe. Cependant, les éditeurs français demeurent encore réticents.

Pour Monsieur René YEDIETTI, PDG de la LDF et parrain de la dédicace, c’est un honneur fait à sa structure que de parrainer cette énième œuvre de Régina YAOU. En tant que lecteur de Régina YAOU, il est content d’accueillir cette dédicace qui reflète le degré d’implication de la LDF dans la promotion du livre et de la lecture.
Ce point de la réunion a permis de mesurer la force de l’édition et le courage de la librairie dans un pays du Sud comme la Côte d’Ivoire. En effet, à l’instar des industries culturelles du Sud, l’industrie du livre en Côte d’Ivoire connaît des moments difficiles relevant d’un certain nombre de paramètres parmi lesquels les choix des instituions de la République. Des éditeurs français ont été retenus pour la fabrication des livres inscrits au programme scolaire au détriment des éditeurs ivoiriens. Or sans éditeurs, il n’y a pas de livres. Le rôle des NEI-CEDA dans la promotion du livre et le développement du secteur en Côte d’Ivoire est important. Les revenus générés par l’édition scolaire permettent un investissement dans la littérature générale, ce qui permet aux éditeurs de publier plusieurs œuvres, aux diffuseurs-distributeurs d’enrichir leurs catalogues, aux libraires d’ouvrir plusieurs boutiques sur l’étendue du territoire et aux auteurs de vivre de leur métier sans chercher à se faire forcément éditer en France.

III- La problématique de la dédicace

Tenant compte de la lecture d’un passage de l’œuvre (pages 58 à 61), renforcée en cela par le mot de l’auteure et les échanges qui s’en suivirent, il est possible d’asserter que l’ouvrage dédicacé est un roman de155 pages et qui a pour titre Coup d’Etat. L’auteure qui avait, jusque là, habitué son public à des contrastes du genre coutume-modernisme, présente une autre facette de son art bâti sur un autre mode de rédaction. En effet, s’inspirant d’un événement vécu par la Côte d’Ivoire le 24 décembre 1999, à savoir la chute de l’un des régimes les plus stables d’Afrique, l’auteure donne vie à une histoire qui naît d’un coup d’Etat. En effet, un officier de la junte qui a pris le pouvoir rencontre une fille (Carole) dans une voiture neuve qu’il essaie de réquisitionner avec sa troupe. C’est le coup de foudre ; et commence là une idylle qui va se compliquer lorsque doit venir le mariage. Car, « une galipette » mal achevée avec son ex-fiancé complique tout. Régina YAOU a une autre vision du coup d’Etat de 1999 : pas de tristesse, pas de viol, pas de mort, ou de destruction de biens mais de l’amour, de la passion. Dans une atmosphère empreinte de sentimentalisme, l’auteure parle de société, de religion, de foi, d’amitié, de revanche,….. Un ouvrage à lire.

Après la séance de dédicace, le public a partagé un cocktail avec l’auteure.