mardi 21 septembre 2010

HOMMAGE A AMEDEE PIERRE, LE DOPE NATIONAL

Le jeudi 16 septembre 2010 à 16 h a eu lieu, une dédicace du livre de René BABI dont le titre est: Amédée Pierre, le Dopé national, grand maître de la parole au Palais de la Culture Bernard B. DADIE .

Arrivés aux environs de 16 h, l'on s’est installés dans cette salle de sept-cent (700) places très peu occupée. Le maître de cérémonie, Monsieur YO Claude Armand Virgil a, d’entrée de jeu, précisé que la cérémonie comprenait six (6) actes et six (6) mélodies. Mais les différents points de cette cérémonie peuvent être présentés comme suit :

I- Les allocutions

II- Les interprétations de chants de l’artiste Amédée Pierre






I- Les allocutions

I.1. L’intervention du responsable de l’Espace Harmattan Côte d’Ivoire

Monsieur Etien N. Amon, responsable de l’Espace Harmattan Côte d’Ivoire, filiale de la maison d’édition l’Harmattan, éditeur de l’ouvrage, a affirmé qu’Amédée Pierre est non seulement un artiste mais aussi un nom consacré dans le milieu de la Culture et de la musique en Côte d’ Ivoire, à l’instar de Bernard B. DADIE dans le domaine de la littérature. En effet, sa mélodie est une véritable catharsis pour ceux qui l’écoutent tout comme le sont, les symphonies de Beethoven ou de Mozart. Amédée Pierre est un artiste toujours vivant avec la voix perçante.

A travers cette cérémonie de dédicace, l’Espace Harmattan nourrit comme objectifs de célébrer les symboles de la Côte d’Ivoire, partager les idées et transmettre le savoir aux générations futures. Toujours aux dires de l’éditeur, l’auteur, René BABI, a mis en éveil les qualités de l’homme d’abord et de l’artiste ensuite, et a fait confiance à l’Harmattan. C’est le lieu de remercier tous les auteurs ivoiriens qui ont accepté de se faire publier chez l’Harmattan et tous ceux qui désirent perpétuer l’héritage culturel quand on sait que le livre est à la fois un bien économique et un bien culturel.

L’éditeur a aussi remercié les personnalités présentes à savoir, entres autres, Monsieur le Ministre Mel Eg Théodore, Représentant le Président de la République de Côte d’Ivoire, le Professeur SERY BAILLY, Président de la Fondation MEMEL FOTE, Monsieur SERY KPA André, auteur de la postface du livre, Monsieur KOFFI Kossonou Paul Marie, Directeur de Cabinet représentant Monsieur le Ministre de la Culture et de la Francophonie, etc.

Il a en outre précisé, que l’Harmattan publie des ouvrages dans tous les domaines et toutes les matières, établit des conventions de partenariat et participe à l’équipement des bibliothèques. A ce jour, l’Harmattan a publié dix-neuf mille (19.000) auteurs, et dispose d’un stock de trente mille (30.000) ouvrages disponibles. Situé à Cocody Cité des Arts, l’Espace Harmattan Côte d’Ivoire, encourage à lire et particulièrement, à lire cet ouvrage de René BABI qui est vendu à quinze mille francs CFA (15.000) avec un CD (de 27 chansons de l’artiste), offert. Acheter cet ouvrage participe de son épanouissement personnel.

I.2. L’intervention de René BABI, auteur de l’œuvre

En commençant par remercier le public présent à cette cérémonie de dédicace, l’auteur fait une appréciation a posteriori de son ouvrage de 307 pages et peut même poser la question de savoir s’ il est facile pour un dida d’écrire une histoire sur un artiste bété ?

Selon l’historique faite par l’auteur, en effet, sa relation avec Amédée Pierre remonte à l’année 1958. Selon un témoignage, l’artiste alors âgé de vingt et un (21) ans, séduisait son public par la qualité de ses chansons tirées du riche terroir ivoirien et africain sans oublier les parfaites interprétations de morceaux français.
Entre temps, en 1969, le Mouvement des Elèves et Etudiants de Côte d’ivoire (MEECI) connaît un accouchement par césarienne et des leaders de jeunesse comme Laurent GBAGBO sont emprisonnés.

Au niveau médiatique et culturel, l’on note l’absence sinon la marginalisation de la musique ivoirienne sur les médias internationaux et même ceux de la Côte d’Ivoire au profit de la musique zaïroise, guinéenne, ghanéenne, etc. Selon l’auteur, une femme doit aimer, apprécier et valoriser son propre enfant, car personne ne le fera à sa place. Cette situation crée chez Amédée Pierre, un dépit qui l’amène à s’engager pour la valorisation de la musique ivoirienne. Il participera en tant qu’artiste ivoirien, à sixième sillon et Côte d’Ivoire Label, des concours phares de l’époque.

La thématique des chansons d’Amédée Pierre a aussi motivé l’auteur dans ses travaux d’hommage à l’artiste. Il s’agit de la précarité de la vie, de la mort, de la trahison, de l’amour, de la politique, de la paix et bien d’autres faits de société. Il chante en langue bété, dida, gouro, ashanti, française, etc.

Auteur-compositeur, Amédée Pierre est un guitariste, musicien, historien, sociologue, philosophe, poète,… Il est comme un rossignol, le Dopé, le Dopé national. C’est un artiste hors norme qui mérite d’être célébrée et d’être respecté. Avec ce livre produit, l’auteur comprend la lutte de l’artiste qui s’est faite à l’image de celle de Laurent GBAGBO. Il ne faut pas se payer le complexe du nègre; en effet, Amédée Pierre a décomplexé la musique et les auteurs ivoiriens. Aujourd’hui, " l’Ivoirien ne doit pas accepter que sa nuque touche le sol car, quand la nuque touche le sol, c’est la défaite voire, la mort".

I.3. L’intervention de Agnès KRAIDY, critique littéraire

Pour Agnès KRAIDY, Amédée Pierre, qui possède un répertoire riche et varié, s’apprécie et s’exprime sur tous les sujets concernant l’Homme. Il parle de honte ; en effet, la honte en public tue. La portée philosophique de son œuvre renvoie l’Homme à sa finitude. Il parle de la chute fatale, En effet, la nuque a touché le sol. C’est le drame et la douleur de la mort d’un être cher.

Le livre de René BABI est inclassable mais il offre l’occasion de comprendre les chansons d’Amédée Pierre alors que l’on dansait ces chansons sans les comprendre. D’une profondeur allégorique, certaines de ses chansons renvoient à la crise de 2002 ; son pays a toujours été un sujet d’inspiration.

Le maître de la parole naît en 1937. Sa légende personnelle semble commencer par le nom « Doudou Digbeu ». Dopé, véritable rossignol, il devient le père de sa mère car il porte le nom de son oncle maternel.

Malgré les fautes topographiques, on note que l’auteur est passionné de culture et cherche à faire comprendre au lecteur, les chansons d’Amédée Pierre. Il y a une complicité entre les deux hommes. L’auteur fait connaître l’histoire de l’artiste en vue de briser les barrières culturelles, d’apprendre à comprendre ce qui vient d’ailleurs et de montrer l’avenir de notre nation, une nation riche de sa diversité.
La qualité de cet ouvrage est renforcée d’abord par la préface du Professeur SERY BAILLY, ensuite par la beauté linguistique et poétique. C’est le lieu de souhaiter la création d’une fondation Amédée pierre car Amédée Pierre est ouverture sur le monde.

I.4. L’intervention de Amédée Pierre, artiste chanteur

En remerciant les personnalités présentes et les représentants de certaines personnalités empêchées, Amédée Pierre a précisé que, quand on donne le micro à un artiste, c’est pour chanter. Il ajoute qu’il a fait la connaissance de Paris en 1958 ; constatant le manque de promotion et de visibilité de la musique ivoirienne, il décide de donner à la Côte d’Ivoire une identité musicale. Il crée un groupe qui s’appelle initialement, « Amédée Pierre et sa bande ». Un de ses amis ghanéen du nom de Moïse, lui propose le nom de « ivoir-star ».Il garde ce nom avec pour défi de donner une vie à la musique ivoirienne.

Alors qu’il tente d’abandonner la musique en 1974, il reçoit les encouragements des ivoiriens et René BABI a eu à écrire un article à ce sujet dans Ivoire Dimanche qui avait pour titre « pleins feux sur Amédée Pierre » comme pour dire qu’il est mort calciné.

L’artiste relate encore que le Ministre FOLOGO a été le premier à lui verser des droits d’auteur. Il peut à cet effet, affirmer que s’il ne laisse aucun héritage à ses enfants biologiques, à ses enfants spirituels, il laisse le Bureau Ivoirien du Droit d’Auteur (BURIDA).

I.5. L’intervention du Ministre MEL EG Théodore

Le représentant du Chef de l’Etat a précisé la lourde tâche à accomplir. Le devoir qu’il a, en ce jour de bonheur, est d’une délicatesse significative. Le Président Laurent GBAGBO, en homme de culture, a été instruit sur l’attachement d’Amédée Pierre à sa patrie et à son environnement.

Amédée Pierre, poursuit-il, n’est pas un opportuniste. Il a vécu la force du dépassement des frustrations et des épreuves qui construisent la vie. Le Patron de cette cérémonie salue Amédée Pierre.

A René BABI, il a présenté les félicitations et les encouragements de la part du Chef de l’Etat. Le titre est évocateur de l’artiste. Verbe prolixe et prolifique, ce poète est un psalmiste qui rassasie son auditoire. C’est un poète lyrique qui a donné beaucoup de joie dans le pays bété. C’est aussi le lieu de remercier le peuple noir pour sa valeur tant éthique que culturelle.

Au Professeur SERY BAILLY, il a exprimé ses remerciements pour la préface ô combien forte ! Elle enseigne sur les défis et l’adversité comme ferment de la liberté. Une préface qui rappelle que la vie et la mort sont au pouvoir de la langue, donc de la parole ; elle nous mène au sommet de l’excellence et de la réalisation de soi. Amédée Pierre est reconnu dans ce pays comme un monument de l’histoire du combat nationaliste.

Il a terminé en souhaitant Bon vent à l’ouvrage et bonne lecture à tous.

II. Les interprétations de chant de l’artiste Amédée Pierre.

Au cours de cette cérémonie de dédicace, plusieurs artistes ont interprété les chansons d’Amédée Pierre. Ce sont :

- Abou Watt a interprété « Missié-Missié » ;

- Seigneur, un artiste abbey qui a 56 ans de carrière musicale et qui a joué avec Aspro Bernard, a interprété une autre chanson d’Amédée Pierre ;

- Amédée Pierre et Yo Claude ont interprété « Soklokpeu Mawa » ;

- Wedji Pède a invité tous les artistes et les personnalités ou leurs représentants, à chanter ensemble.

La cérémonie a pris fin sur le coup de 17 h 54 mn par la dédicace de l’ouvrage suivie d’un cocktail.

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