L’engagement
de la Francophonie dans le domaine du développement durable remonte aux années
1990. Au fil de l’évolution la politique francophone en matière d’emploi vert
s’est affirmée et se perçoit à travers les déclarations sur la question, les
actions menées et structures francophones prenant en compte cette donne.
II.1- Les déclarations
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Le Forum International Francophone de la Jeunesse
et l’Emploi Vert (FIFJEV) de Niamey du 16 au 20 Janvier 2012 ;
En partenariat
avec le Gouvernement du Niger, ce forum a rassemblé plus de 500 jeunes
francophones du monde entier. A l’issue des travaux, les jeunes ont
proposé entres autres recommandations :
Vision de la jeunesse francophone pour l’économie
verte
L’économie
verte doit être basée sur la solidarité des peuples et reconnaître le principe
de la dignité et de la primauté humaine. Elle peut seulement se développer
grâce à l’égalité des genres, la bonne gouvernance, la stabilité sociale et
politique et la sécurité.
L’économie
verte doit permettre d’accélérer la transition vers des modes de production et
de consommation durable, créateur d’emplois décents et qui assurent une
meilleure répartition des richesses au niveau national et global en vue
d’éradiquer la pauvreté.
Création d’emplois verts :
propositions de la jeunesse
Adopter,
mettre en place et respecter des plans de gestion intégrée des ressources en
eau, qui tiennent compte des impacts des changements climatiques, tant au
niveau local qu’a l’échelle des bassins versants, et qui assurent notamment une
meilleure gestion des eaux de pluies et des eaux usées.
Garantir
une bonne répartition des ressources issues de l’industrie extractive en
s’assurant que les communautés locales concernées bénéficient effectivement des
redevances qui leur sont réservés ;
Promouvoir
une gouvernance éco-responsable consensuelle et participative des Nouvelles
Technologies de l’Information et des communications en adoptant des normes,
cadre législatif et labels environnementaux spécifiques au TIC ;
Impliquer
les jeunes dans la préservation et la valorisation des patrimoines culturels,
matériels et immatériels qui constituent un vecteur de tourisme durable et de
création d’emplois par l’Education, la formation et la sensibilisation des
jeunes ;
Offrir
en priorité un financement aux projets correspondant aux filières porteuses
d’emplois verts par les institutions financières(les banques de Développement
et régionales) en adaptant les taux d’intérêt aux projets des jeunes
entrepreneurs ;
Promouvoir
l’utilisation des technologies innovantes dans la construction et le bâtiment,
utilisant notamment les matériaux locaux qui offrent une plus grande efficacité
énergétique et diminuent l’empreinte écologique, en vue de l’amélioration des
conditions de vie ;
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L’appel de Lyon les 8 et 9 Février 2012;
Le Forum de Lyon a préparé la contribution
d’acteurs de l’espace francophone au
processus de négociation, à l’instar de ce qui
s’est fait pour les Sommets de Rio en
1992 et de Johannesburg de 2002.
En amont du forum de haut niveau du 8 et 9
février, des ateliers thématiques ont été organisés, regroupant des experts
francophones de différents domaines : forêts, financement, transition
énergétique, collectivités locales, responsabilité sociétale et normes pour le
développement durable, droit de l’environnement et justice environnementale,
information et développement durable, formation et compétences,
innovation-éco-conception, culture et développement durable, accès aux services
essentiels de développement durable, média et développement durable, jeunesse
et emplois verts.
Les discussions et débats ont débouché sur des propositions de pistes
d’action et de solutions concrètes, permettant à la Francophonie d’informer les
États et gouvernements membres et de leur proposer des éléments et des argumentaires
de négociation. Ces recommandations favorisent la prise en charge et
l’intégration de l’économie verte et des principes de gouvernance du
développement durable dans l’élaboration et l’exécution des différentes
politiques sectorielles. Les recommandations relatives à l’emploi vert sont les
suivantes :
1- L’économie verte, qui est à l’ordre du jour de la
conférence de Rio+20, est un puissant
levier de changement qui permet de contribuer au développement durable, à la
lutte au changement climatique et à la lutte contre la pauvreté. Elle vise à renforcer la résilience des écosystèmes
pour assurer la base sur laquelle s’appuie le développement économique
intégrant les dimensions éthiques (équité, justice et responsabilisation) ainsi
que la prise en compte du capital naturel qui n’est pas illimité. L’économie
verte ne se substitue pas au développement durable, et doit être mise en œuvre
selon les priorités nationales de chaque pays. Elle ne se réduit pas aux
technologies vertes et aux savoir-faire, aux éco-entreprises, aux financements
spécifiques, mais implique avant tout une transformation en profondeur des
modes de production et de consommation. Une telle transformation implique
l’intégration de l’environnement et de la prise en compte du social et du culturel
dans l’ensemble de l’activité économique. L’économie verte suppose également
l’engagement citoyen et la capacité collective de préserver les écosystèmes.
En cette période de crise mondiale économique et
financière, l’économie verte apparait comme un moyen de juguler les effets de
celle-ci, en créant des emplois locaux, en produisant et en consommant de façon
plus responsable, tout en respectant la planète. L’adoption du cadre décennal
de programme sur les modes de consommation et de production durable participe
de la réalisation de ces objectifs. Dans ce même esprit, les projets et les
programmes mis en œuvre dans le cadre de l’économie verte devront être soumis
aux évaluations des incidences environnementales.
En outre, de nouvelles pratiques telle que l’écoconception à
partir des ressources renouvelables permet l’intégration de l’économie verte
dans l’économie traditionnelle en favorisant la prise en compte de
l’environnement sur l’ensemble du cycle de vie d’un produit ou d’un service dès
leur conception. Une initiative de partenariat dans ce cadre est de nature à
permettre la collecte et l’échange des meilleures pratiques et les outils
disponibles au niveau francophone et international pour mutualiser les moyens,
créer des plateformes collaboratives (experts et entreprise) sur
l’écoconception, l’évaluation environnementale (ACV), la conception en vue du
recyclage, la responsabilité élargie des producteurs, etc., en s’appuyant sur
les normes internationales en matière de management de l’environnement (ISO
14000 et autres) ou d’écoconception des produits et des bâtiments. Une telle
plateforme constituerait une source de sensibilisation, de veille et d’aide à
la décision
2-
Les
participants au colloque « forêt, économie et lutte contre la pauvreté », ont
considéré qu’au-delà des services économiques (production et exploitation de
produits ligneux et non ligneux, écotourisme, etc.), la forêt dispense aussi de
services intangibles difficilement quantifiables que l’économie moderne ignore
et au mieux peine à prendre en compte : les services éco-systémiques
(régulation climatique, hydrographique, pédologique et biologique) les services
socioculturels (production de valeurs symboliques, culturelles, artistiques,
patrimoniales, éducatives et de ressourcements physiques et spirituels). Les
systèmes agroforestiers contribuent à garantir ces trois types de service. Il
est ainsi recommandé l’intégration des systèmes agro-forestiers dans la
définition des forêts afin de permettre leur éligibilité aux programmes de
financement des services écosystémiques (CDM, PES, REDD+). Considérant plus
particulièrement les enjeux globaux posés par les forêts du Bassin du Congo,
les participants appellent à leur conservation et leur gestion durable. Les
pays devraient mener des stratégies intégrées du développement durable où la
forêt et les produits qui en sont extraits jouent pleinement leurs rôles
notamment à travers des politiques nationales, des initiatives régionales et
internationales, aux travers des cadres juridiques adéquats tant pour les
forêts que pour les systèmes agroforestiers. Les pays devraient également
veiller au soutien de leurs populations locales et autochtones pour leur
assurer la pleine maîtrise sur les ressources et services des forêts dont elles
dépendent. Il apparaît donc important d’investir dans la recherche et le
renforcement des capacités afin de faciliter la prise de décision, ce qui
nécessite une gouvernance et une mobilisation intersectorielle pour assurer une
valorisation durable des services rendus par les forêts au niveau des pays et
au niveau international.
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La participation de la Francophonie à RIO+20
Du 13 au 22 juin 2012 s'est tenue à Rio la conférence RIO+20.
Une délégation de la Francophonie dirigée par l'Administrateur de l'OIF y a
pris activement part. Elle a suivi en qualité d'observateur les négociations
débutées le 13 juin au centre de congrès.
La Francophonie, en marge de la conférence, a
mené des activités parallèles comme contribution aux débats et échanges
permettant de développer des propositions de solutions et de pistes d'actions
pour la mise en œuvre du contenu de la Déclaration adoptée. La délégation de l'OIF a aussi participé à plusieurs
évènements organisés par des pays membres de l'OIF et autres partenaires.
La journée du 21 juin a accueilli la
concertation francophone de haut niveau sous la présidence de la Suisse
et l'évènement parallèle conjointement organisé avec le Secrétariat du Groupe
des États d'Afrique, des Caraïbes et du Pacifique (ACP), en présence de
Messieurs l'Administrateur de l'OIF et le Secrétaire exécutif des ACP. Ces deux évènements ont constitué les points
culminants de la participation francophone à RIO+20 avec la présence,
notamment, des Présidents du Bénin et d'Haïti, du Premier ministre du Québec,
d'une quinzaine de ministres et de hautes personnalités de l'espace
francophone. Ils ont enregistré une présence moyenne de 200 personnes
environ avec un débat très fructueux. L'Institut de l'énergie et de l'environnement de la Francophonie (IEPF),
organe subsidiaire de l'Organisation internationale de la Francophonie (OIF) a
joué un rôle important dans l'organisation
et le bon déroulement de la participation de la Francophonie à Rio+20.
II.2- Les actions
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Les actions
de sensibilisation, de formation (c’est ainsi que la CNF a en projet un
séminaire de formation des élus locaux à l’économie verte) et d’information ;
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Le colloque
International sur le droit de l’environnement du 29 au 31 Octobre 2013 à
Abidjan, organisé par l’Institut de la Francophonie pour le développement
durable.
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La Francophonie tient à
maintenir ses fonctions même en matière d’économie verte à savoir, les
fonctions de service, de mobilisation, de médiation et de contribution.
II.3- Les structures francophones et la question de l’emploi vert.
- La Direction du Développement Durable et de la
Solidarité
L’existence de cette direction découle de l’une des quatre (4) grandes
missions de la Francophonie. A travers cette direction, l’OIF entend contribuer
à une meilleure gestion des ressources naturelles, à une rationalisation de
l’utilisation de l’énergie, à une approche pragmatique dans le développement
local et l’intégration du développement durable dans l’économie mondiale qui se
doit d’être une économie sociale et solidaire.
- L’Institut de la Francophonie
pour le Développement Durable (IFDD)
Anciennement appelé Institut de la Francophonie pour l’Energie et
l’Environnement (IEPF), l’IFDD est un
organe subsidiaire de la Francophonie qui œuvre dans le domaine de
l’environnement, de l’énergie et désormais du développement durable.
- Le Système Médiaterre
Il s’agit d’un système d’information francophone mondial pour le
développement durable. Il publie des articles et des dépêches sur l’ensemble
des domaines du développement durable dont l’emploi vert.