jeudi 4 juillet 2013

POLITIQUE FRANCOPHONE EN MATIERE D’EMPLOI VERT

L’engagement de la Francophonie dans le domaine du développement durable remonte aux années 1990. Au fil de l’évolution la politique francophone en matière d’emploi vert s’est affirmée et se perçoit à travers les déclarations sur la question, les actions menées et structures francophones prenant en compte cette donne.
II.1- Les déclarations
-          Le Forum International Francophone de la Jeunesse et l’Emploi Vert (FIFJEV) de Niamey du 16 au 20 Janvier 2012 ;
En partenariat avec le Gouvernement du Niger, ce forum a rassemblé plus de 500 jeunes francophones du monde entier. A l’issue des travaux, les jeunes ont proposé  entres autres  recommandations :

Vision de la jeunesse francophone pour l’économie verte

L’économie verte doit être basée sur la solidarité des peuples et reconnaître le principe de la dignité et de la primauté humaine. Elle peut seulement se développer grâce à l’égalité des genres, la bonne gouvernance, la stabilité sociale et politique et la sécurité.

L’économie verte doit permettre d’accélérer la transition vers des modes de production et de consommation durable, créateur d’emplois décents et qui assurent une meilleure répartition des richesses au niveau national et global en vue d’éradiquer la pauvreté.

Création d’emplois verts : propositions de la jeunesse

Adopter, mettre en place et respecter des plans de gestion intégrée des ressources en eau, qui tiennent compte des impacts des changements climatiques, tant au niveau local qu’a l’échelle des bassins versants, et qui assurent notamment une meilleure gestion des eaux de pluies et des eaux usées.

Garantir une bonne répartition des ressources issues de l’industrie extractive en s’assurant que les communautés locales concernées bénéficient effectivement des redevances qui leur sont réservés ;

Promouvoir une gouvernance éco-responsable consensuelle et participative des Nouvelles Technologies de l’Information et des communications en adoptant des normes, cadre législatif et labels environnementaux spécifiques au TIC ;

Impliquer les jeunes dans la préservation et la valorisation des patrimoines culturels, matériels et immatériels qui constituent un vecteur de tourisme durable et de création d’emplois par l’Education, la formation et la sensibilisation des jeunes ;

Offrir en priorité un financement aux projets correspondant aux filières porteuses d’emplois verts par les institutions financières(les banques de Développement et régionales) en adaptant les taux d’intérêt aux projets des jeunes entrepreneurs ;

Promouvoir l’utilisation des technologies innovantes dans la construction et le bâtiment, utilisant notamment les matériaux locaux qui offrent une plus grande efficacité énergétique et diminuent l’empreinte écologique, en vue de l’amélioration des conditions de vie ;
  
-          L’appel de Lyon les 8 et 9 Février 2012;
Le Forum de Lyon a préparé la contribution d’acteurs de l’espace francophone au
processus de négociation, à l’instar de ce qui s’est fait pour les Sommets de Rio en
1992 et de Johannesburg de 2002.

En amont du forum de haut niveau du 8 et 9 février, des ateliers thématiques ont été organisés, regroupant des experts francophones de différents domaines : forêts, financement, transition énergétique, collectivités locales, responsabilité sociétale et normes pour le développement durable, droit de l’environnement et justice environnementale, information et développement durable, formation et compétences, innovation-éco-conception, culture et développement durable, accès aux services essentiels de développement durable, média et développement durable, jeunesse et emplois verts.

Les discussions et débats ont débouché sur des propositions de pistes d’action et de solutions concrètes, permettant à la Francophonie d’informer les États et gouvernements membres et de leur proposer des éléments et des argumentaires de négociation. Ces recommandations favorisent la prise en charge et l’intégration de l’économie verte et des principes de gouvernance du développement durable dans l’élaboration et l’exécution des différentes politiques sectorielles. Les recommandations relatives à l’emploi vert sont les suivantes :

1-      L’économie verte, qui est à l’ordre du jour de la conférence de Rio+20, est un  puissant levier de changement qui permet de contribuer au développement durable, à la lutte au changement climatique et à la lutte contre la pauvreté. Elle  vise à renforcer la résilience des écosystèmes pour assurer la base sur laquelle s’appuie le développement économique intégrant les dimensions éthiques (équité, justice et responsabilisation) ainsi que la prise en compte du capital naturel qui n’est pas illimité. L’économie verte ne se substitue pas au développement durable, et doit être mise en œuvre selon les priorités nationales de chaque pays. Elle ne se réduit pas aux technologies vertes et aux savoir-faire, aux éco-entreprises, aux financements spécifiques, mais implique avant tout une transformation en profondeur des modes de production et de consommation. Une telle transformation implique l’intégration de l’environnement et de la prise en compte du social et du culturel dans l’ensemble de l’activité économique. L’économie verte suppose également l’engagement citoyen et la capacité collective de préserver les écosystèmes.

En cette période de crise mondiale économique et financière, l’économie verte apparait comme un moyen de juguler les effets de celle-ci, en créant des emplois locaux, en produisant et en consommant de façon plus responsable, tout en respectant la planète. L’adoption du cadre décennal de programme sur les modes de consommation et de production durable participe de la réalisation de ces objectifs. Dans ce même esprit, les projets et les programmes mis en œuvre dans le cadre de l’économie verte devront être soumis aux évaluations des incidences environnementales.

En outre, de nouvelles pratiques telle que l’écoconception à partir des ressources renouvelables permet l’intégration de l’économie verte dans l’économie traditionnelle en favorisant la prise en compte de l’environnement sur l’ensemble du cycle de vie d’un produit ou d’un service dès leur conception. Une initiative de partenariat dans ce cadre est de nature à permettre la collecte et l’échange des meilleures pratiques et les outils disponibles au niveau francophone et international pour mutualiser les moyens, créer des plateformes collaboratives (experts et entreprise) sur l’écoconception, l’évaluation environnementale (ACV), la conception en vue du recyclage, la responsabilité élargie des producteurs, etc., en s’appuyant sur les normes internationales en matière de management de l’environnement (ISO 14000 et autres) ou d’écoconception des produits et des bâtiments. Une telle plateforme constituerait une source de sensibilisation, de veille et d’aide à la décision

2-      Les participants au colloque « forêt, économie et lutte contre la pauvreté », ont considéré qu’au-delà des services économiques (production et exploitation de produits ligneux et non ligneux, écotourisme, etc.), la forêt dispense aussi de services intangibles difficilement quantifiables que l’économie moderne ignore et au mieux peine à prendre en compte : les services éco-systémiques (régulation climatique, hydrographique, pédologique et biologique) les services socioculturels (production de valeurs symboliques, culturelles, artistiques, patrimoniales, éducatives et de ressourcements physiques et spirituels). Les systèmes agroforestiers contribuent à garantir ces trois types de service. Il est ainsi recommandé l’intégration des systèmes agro-forestiers dans la définition des forêts afin de permettre leur éligibilité aux programmes de financement des services écosystémiques (CDM, PES, REDD+). Considérant plus particulièrement les enjeux globaux posés par les forêts du Bassin du Congo, les participants appellent à leur conservation et leur gestion durable. Les pays devraient mener des stratégies intégrées du développement durable où la forêt et les produits qui en sont extraits jouent pleinement leurs rôles notamment à travers des politiques nationales, des initiatives régionales et internationales, aux travers des cadres juridiques adéquats tant pour les forêts que pour les systèmes agroforestiers. Les pays devraient également veiller au soutien de leurs populations locales et autochtones pour leur assurer la pleine maîtrise sur les ressources et services des forêts dont elles dépendent. Il apparaît donc important d’investir dans la recherche et le renforcement des capacités afin de faciliter la prise de décision, ce qui nécessite une gouvernance et une mobilisation intersectorielle pour assurer une valorisation durable des services rendus par les forêts au niveau des pays et au niveau international.

-          La participation de la Francophonie à RIO+20
Du 13 au 22 juin 2012 s'est tenue à Rio la conférence RIO+20. Une délégation de la Francophonie dirigée par l'Administrateur de l'OIF y a pris activement part. Elle a suivi en qualité d'observateur les négociations débutées le 13 juin au centre de congrès.

La Francophonie, en marge de la conférence, a mené des activités parallèles comme contribution aux débats et échanges permettant de développer des propositions de solutions et de pistes d'actions pour la mise en œuvre du contenu de la Déclaration adoptée. La délégation de l'OIF a aussi participé à plusieurs évènements organisés par des pays membres de l'OIF et autres partenaires.

La journée du 21 juin a accueilli la concertation  francophone de haut niveau sous la présidence de la Suisse et l'évènement parallèle conjointement organisé avec le Secrétariat du Groupe des États d'Afrique, des Caraïbes et du Pacifique (ACP), en présence de Messieurs l'Administrateur de l'OIF et le Secrétaire exécutif des ACP. Ces deux évènements ont constitué les points culminants de la participation francophone à RIO+20 avec la présence, notamment, des Présidents du Bénin et d'Haïti, du Premier ministre du Québec, d'une quinzaine de ministres  et de hautes personnalités de l'espace francophone. Ils ont enregistré une présence moyenne de 200 personnes environ  avec un débat très fructueux. L'Institut de l'énergie et de l'environnement de la Francophonie (IEPF), organe subsidiaire de l'Organisation internationale de la Francophonie (OIF) a joué un rôle important dans 
l'organisation et le bon déroulement de la participation de la Francophonie à Rio+20.

II.2- Les actions
-          Les actions de sensibilisation, de formation (c’est ainsi que la CNF a en projet un séminaire de formation des élus locaux à l’économie verte) et d’information ;
-          Le colloque International sur le droit de l’environnement du 29 au 31 Octobre 2013 à Abidjan, organisé par l’Institut de la Francophonie pour le développement durable.
-          La Francophonie tient à maintenir ses fonctions même en matière d’économie verte à savoir, les fonctions de service, de mobilisation, de médiation et de contribution.
II.3- Les structures  francophones et la question de l’emploi vert.
- La Direction du Développement Durable et de la Solidarité
L’existence de cette direction découle de l’une des quatre (4) grandes missions de la Francophonie. A travers cette direction, l’OIF entend contribuer à une meilleure gestion des ressources naturelles, à une rationalisation de l’utilisation de l’énergie, à une approche pragmatique dans le développement local et l’intégration du développement durable dans l’économie mondiale qui se doit d’être une économie sociale et solidaire.
- L’Institut de la Francophonie pour le Développement Durable (IFDD)
Anciennement appelé Institut de la Francophonie pour l’Energie et l’Environnement (IEPF),  l’IFDD est un organe subsidiaire de la Francophonie qui œuvre dans le domaine de l’environnement, de l’énergie et désormais du développement durable.
- Le Système Médiaterre
Il s’agit d’un système d’information francophone mondial pour le développement durable. Il publie des articles et des dépêches sur l’ensemble des domaines du développement durable dont l’emploi vert.


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