Paraphrasant un
auteur, l’on peut
affirmer que «pour avoir une bonne
diffusion du livre, il faut interroger l’édition »[1].
Autrement-dit, la production éditoriale annuelle est-elle assez forte pour
permettre la naissance et l’essor de nouvelles technologies et médias
numériques pour la diffusion du livre? En effet, un projet impliquant les TIC
et relatif à la diffusion du livre doit s’inscrire dans un environnement où le
livre est lui-même, valorisé. Cela passe par la radioscopie de la filière
(auteur, éditeur, imprimeur, diffuseur, distributeur, etc.) du livre en Côte
d’Ivoire : Comprendre son fonctionnement, découvrir ses acteurs, les contextes
politiques, socio-historiques et économiques de cette filière depuis les
indépendances jusqu’à nos jours. Dans cette chaîne des valeurs, il est bon de
comprendre l’apport économique de ce secteur
dans l’économie globale du pays.
Loin d’être
menacée par les TIC, la diffusion du livre, selon certains, a encore de beaux jours
en Afrique en général et en Côte d’Ivoire en particulier.[2]
Cela s’explique par le fait que les technologies ivoiriennes sont encore
fortement caractérisées par l’analogique. Cela dit, les professionnels du livre
et de la culture s’adressent à un public avec des pratiques qui demeurent
basiques. Public qui de façon évidente, migre vers le numérique pour recevoir
la culture.
Olivier DONNAT fait savoir
que « la baisse des forts et
moyens lecteurs a continué avec l’avènement de l’Internet, entraînant une augmentation
de la part des très faibles lecteurs ».[3] L’on comprend à travers cet auteur,
que le lot de médias numériques a pour effet un déplacement de l’assiette du
lectorat qui se voit reléguer à une place de faible lecture. L’engouement pour
les films et la musique étant plus grand, des innovations techniques en matière
de diffusion du livre s’imposent pour reconquérir un public orienté vers
d’autres secteurs de la culture.
Après avoir fait le constat de la
diffusion en région française, Françoise CLAUSTRES mentionne des expériences
innovantes en matière de formes de diffusion
du livre telles que la mutualisation, le cas Lekti (la surdiffusion) et un
outil de distribution qu’est calibre[4].
Stratégies qui ont été utilisées par les éditeurs pour présenter leurs ouvrages
à l’attention du public de plus en plus diversifié.
Mais Bertrand LEGENDRE explique « qu’on peut considérer que le
regroupement d’éditeurs autour d’un des leurs prenant en charge la
commercialisation collective peut jouer un rôle de mutualisation, le temps
d’assurer le développement d’un catalogue, d’attendre des objectifs au niveau
de production et diffusion indispensables pour convaincre un
diffuseur/distributeur et une fois fait, de revenir à la fonction
éditoriale »[5]. Ainsi, agir ensemble dans un esprit
de solidarité, permet de mieux toucher les cibles surtout, quand cela est
accompagné d’une démarche rationnelle de programmation par objectifs sans
perdre de vue l’essence de l’édition.
Si ces formes de diffusion
apparaissent importantes, il n’en demeure pas moins vrai que les pratiques
numériques annoncent une ère nouvelle perçue par des auteurs comme efficaces.
C’est ainsi que pour Francis LANG, « il
ne faut pas sous-estimer l’importance de ces circuits qui permettent d’élargir
la distribution numérique d’un ouvrage ou d’une collection, et peuvent
représenter une part considérable de leur chiffre d’affaires, notamment pour
les best-sellers ou des titres dits ″originaux″ »[6].
Certains auteurs estiment « qu’Internet est aujourd’hui le
meilleur outil pour la diffusion du livre »[7]. En effet, avec l’avènement du
numérique dans l’industrie du livre, la croissance ne sera que positive car les
enjeux du numérique sont nombreux : naissance de blogs et de sites pour
les acteurs de la chaîne du livre, rayonnement et visibilité de ceux-ci à
dimension planétaire en vertu de la théorie de la longue traine, la
désintermédiation de la chaîne de production du livre, la dématérialisation du
support, l’accroissement de la productivité du fait de la disparition des coûts
physiques du document, le développement du commerce du livre en ligne et la
reconversion ou la création de nouveaux types d’emplois dont les médiateurs
numériques, la gestion électronique des droits d’auteurs comme source de la
réduction de la crise du droit d’auteur, le développement de nouveaux modes de
lutte contre la piraterie, la promotion en ligne du livre et partant de la
diversité culturelle, etc. Il en découle que la distribution qui est un maillon
logistique et qui s’appuie sur un réseau de services et d’intermédiaires liées
à la circulation physique du livre, doit muer et muter inexorablement vers le
numérique pour l’information, la sélection, l’offre et une gestion plus rapide
des offices et retours, des flux financiers et des stocks.
[2]
E APRA., Le livre de demain : numérique ou
papier in ZAOULI, le magazine des arts et lettres.- Abidjan : N° 3 du Décembre
2012 p.14
[5] Bertrand LEGENDRE et
Corinne ABENSOUR, regards sur l Ȏdition, vol.1 : les petits
éditeurs, situations et perspectives. Vol.2 les nouveaux éditeurs (1988-2007).
La Documentation Française, Paris, 2007
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