lundi 10 juin 2013

PROBLEMATIQUE ET QUESTIONS DE RECEHERCHE



Quelles sont les nouvelles formes de diffusion culturelle à développer face à la montée des pratiques numériques notamment, dans le cas de l’édition en Côte d’Ivoire?
L’industrie ivoirienne du livre - encore embryonnaire - est insérée dans une économie nationale elle-même, peu structurée qui décrit une chaîne de valeurs ayant de faibles résultats. De la création à la consommation du livre, c’est un ensemble de maillons traduisant des étapes difficiles parmi lesquelles la distribution-diffusion qui se pose comme le véritable chaînon manquant. Les distributeurs et diffuseurs du livre sont parmi les moins nombreux ; ils exercent un monopole de fait dont les conséquences sont l’inégale répartition du livre sur  le territoire ivoirien et l’absence de réception efficace des populations. Aussi, les activités de promotion hors-médias sont-elles insignifiantes et la promotion médias escamotée ou éludée et les méthodes de diffusion et de distribution restent classiques (distribution directe, contrôlée, exclusive, intensive, sélective).
Or, pour répondre aux exigences de la mondialisation économique et aux besoins d’un ordre politique pluriel et démocratique, le gouvernement ivoirien a fait le choix de développer le secteur des TIC, d’autant plus que la culture numérique est une action transversale de la Francophonie en faveur de tous ses Etats membres. Les TIC sont donc promues avec pour ambition de contribuer au développement culturel de la Côte d’Ivoire, tout en restant ouvertes aux cultures étrangères et aux autres domaines de la vie en société. Par ailleurs, le message adressé aux politiques à la conférence de Genève sur l’audiovisuel de 2006, fait obligation aux Etats de parvenir au numérique dans les médias en 2015. Ce qui serait profitable à la filière des industries culturelles en termes de promotion.
La réalité en Côte d’ivoire, c’est la situation difficile du livre et du numérique. En effet, la fracture numérique est vécue en Côte d’ivoire et nombreuses sont les villes qui ne sont pas connectées à Internet et les populations ayant encore moins, les moyens de se procurer des supports et équipements numériques (ordinateurs, e-book, ipad, liseuse,…). Les cartes de crédits sont très faiblement usitées par une population soumise aux effets pervers de la crise économique qui creuse le fossé de la paupérisation. 
Pour atteindre les publics, les professionnels doivent s’appliquer et s’outiller aux pratiques de la médiation. Au-delà des diffuseurs, qui s’adressent à des d’autres acteurs avec leurs catalogues, les lieux et équipements de diffusion ne sont pas toujours conformes aux habitudes de consommation des publics. C’est le cas des bibliothèques et autres centres de rencontres du livre avec les publics, qui doivent disposer de médiateurs ayant reçu des formations adéquates dont la maîtrise des TIC. Ainsi, dans le cadre de la diffusion du livre, les professionnels qui s’approprient les pratiques numériques, transmettent l’information culturelle selon des techniques électroniques précises. Ils développent de nouvelles approches pour toucher un public de lecteurs de plus en plus exigeant et soumis à l’influence des TIC. Ils doivent faire preuve d’imagination et d’innovation dans l’exercice de leur tâche car, ils sont mis au défi de la variété et de l’avancée des publics parmi lesquels les plus jeunes sont électroniquement très dynamiques[1].
Les relations des jeunes par exemple à l’Internet, ne sont pas toujours contrôlées et encadrées par les parents et les autorités. A ce niveau, la médiation qui est perçue par les acteurs de la culture comme le lien entre l’offre et le public, joue un rôle important car non seulement, elle apporte le savoir et les moyens, mais aussi, attend les retours c’est-à-dire les réactions du public. Avec ses trois pôles d’intervention (institutionnelle, culturelle et sociale), la médiation traduit une énonciation, un acte de parole, de langage et désigne le cadre du langage ainsi que son contenu. D’un point de vue anthropologique, les professionnels médiateurs formés à cet effet, doivent négocier et proposer les choix pour l’approfondissement des relations dans le futur avec le public.
Nous sommes en droit de nous demander la signification que renferment les enjeux numériques de la diffusion du livre en termes de fond et de forme. Partant de cela, le livre vecteur d’idéologie, nécessite et ce, de façon inexorable, des stratégies de diffusion basées sur le numérique. La survie du livre avec la prédominance et la multiplicité des divertissements, amène à réfléchir sur les supports de communication utiles à maintenir l’influence de celui-ci sur les populations et sa commercialisation.
A ce stade, les questions suivantes peuvent être posées :
- Quel est l’état actuel de la diffusion du livre en Côte d’Ivoire ?
- Quelle est la place du livre imprimé dans la consommation culturelle des populations face l’explosion des nouvelles technologies?
- Quels moyens sont mis en œuvre pour favoriser la diffusion numérique du livre en Côte d’Ivoire?
- Quels types de médiation culturelle sont développés pour toucher les différents publics et lecteurs ivoiriens ?
- Quelles stratégies peuvent permettre une meilleure diffusion numérique du livre sur toute l’étendue du territoire ivoirien?
- Quelles sont les situations problématiques auxquelles se trouvent confrontés les professionnels de l’édition dans leurs activités de diffusion du livre?
- Quelles sont les facteurs encourageant ou inhibant les nouvelles formes de diffusion culturelle dans le cadre des pratiques numériques ?



[1] M.GUILLOU, Pratiques numériques des jeunes en 2012

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