lundi 5 novembre 2012

I- DEFIS, PRIORITES ET POSSIBILITES DE LEADERSHIP CULTUREL EN CÔTE D’IVOIRE


La Côte d’Ivoire est une mosaïque culturelle de 60 ethnies encore appelée la Nation N’ZASSA, c’est-à-dire peuple métissé formant un tout originalement et authentiquement pluriel. Mais faute, d’une mise en évidence suffisante et d’un véritable leadership de cette culture si diversifiée, on assiste à une léthargie du secteur culturel.

Pourtant la culture peut être un secteur leader en Côte d’Ivoire de par sa fonction ontologique et fonctionnelle. En effet, les galeries d’arts, les musées, les bibliothèques, les centres d’exposition, la filière des industries culturelles, les arts du spectacle, les arts visuels doivent retrouver leur lettre de noblesse et créance.

Pour avoir un leadership culturel en Côte d’Ivoire, il faut relever le défi de l’enseignement des arts et de la culture dans le système éducatif depuis l’école primaire. Chose qui n’existe pas. Les ivoiriens sont friands de musique et il faut leur donner des maisons de la musique (zouglou, coupé-décalé, kpangô, etc.) et des espaces de légitimation de cette musique avec un label de haute qualité qui doit avoir pour vision de s’exporter aux quatre coins du monde.

Il convient de signaler que les académies informelles doivent se développer, ainsi que les laboratoires de construction de la pensée scientifique pour assurer la réforme de l’enseignement des arts et de la culture. Un atelier a eu lieu dans ce sens pour la réforme de l’Institut supérieur des Arts et de l’Action Culturel (INSAAC), et on attend toujours l’application de la réforme. Il faut former des professionnels de la culture par des formations de qualité soumises non seulement au système LMD, mais aussi au renforcement de capacité par des séminaires et des sessions de formation continue. La Côte d’Ivoire doit valoriser la formation des managers et administrateurs culturels au profil pertinent pour faire renaître la culture de ses cendres.

Il faut aussi institutionnaliser les passeurs d’arts et de culture de sorte à rendre la Côte d’Ivoire exportable, et ce ne sont pas les occasions qui manquent. En resserrant le lien avec le public, on assistera à une véritable consommation culturelle des ménages.

Le développement de la culture passe aussi par les structures interministérielles car la culture doit devenir un secteur transversal reconnu dans divers secteurs. On a la culture à l’école, la culture aux affaires étrangères, la culture en prison, la culture à l’hôpital, la culture à l’économie et aux finances, etc. Selon Mac KEYNES, « tout crée l’impact. », et l’impact de la culture est si grand et si fort que les possibilités de son éclosion sont grandes par une collaboration privilégiée avec les populations et par une éducation à la base.
S’il y a un défi majeur que doit relever le secteur de la culture, c’est celui de la lutte contre la pauvreté. Et à cet effet, le Document de Stratégie de lutte contre la Pauvreté (DSRP) 2010 de Côte d’Ivoire, a identifié les industries culturelles, comme un facteur de réduction de la pauvreté. En effet, le taux de chômage est 48% en Côte d’Ivoire et la pauvreté s’est aggravée avec les crises successives qu’a connues le pays depuis 1999.

Par ailleurs, les domaines telles que l’environnement, le numérique, la promotion de la paix, de la démocratie et des droits de l’homme ainsi que celui de la communication, méritent d’être investis par la culture pour mieux faire passer le message du vivre ensemble différents, mais vivre ensemble dans la paix. Le rôle que doit jouer la culture en Côte d’Ivoire, est celui de contribuer pleinement et efficacement au processus de réconciliation, de reconstruction et de cohésion sociales

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