vendredi 30 novembre 2012

MINORITES ET CONSOLIDATION DE L’IDENTITE LOCALE EN COTE D’IVOIRE: VERS DE NOUVELLES DYNAMIQUES SOCIOCULTURELLES ET REGIONALES 1


1. Problématique et Questions de recherche
De façon générale, les rapports entre les êtres humains au sein d’une même société connaissent des mutations aussi bien au niveau sociologique, économique, social, écologique, religieux, etc. que culturel. Souvent, ces rapports ne vont pas sans bouleversements, du fait de situations conflictuelles et de tensions (crises sociopolitiques, guerres civiles) qui détériorent le tissu social.
Dans les tentatives de résolutions des conflits et des crises, l’on (les acteurs de la communauté nationale et internationale) est très porté à analyser et adopter des schémas politiques, militaires, diplomatiques et économiques[1] qui s’avèrent le plus souvent inefficaces dans les pays les moins avancés. La Côte d’Ivoire, depuis les années 90, est passée de crises latentes à des crises ouvertes ; pour arriver à des crises hors limites comme ce fut le cas en 2002 et à la crise postélectorale de 2010. Les conséquences de cette situation sont la dégradation des relations naguère chaleureuses, hospitalières et aimables entre les ivoiriens pour faire place à des relations de défiance, de méfiance et de repli sur soi dont le point culminant est la rupture du dialogue interculturel. Et  dans cet élan, les minorités représentées par les populations étrangères sont passées au crible de la stigmatisation car, les problèmes connus par les autochtones découleraient de leur forte présence (environ 27%).
Or, à l’instar des pays du Sud, la culture ivoirienne a toujours offert un cadre de reconnaissance et d’acceptation du fait  de la présence des autres (immigrés), ce qui a grandement d’abord, contribué à la naissance de nouvelles relations basées à la fois sur le sang et sur le sol, et ensuite, à produire une identité propre à la Côte d’Ivoire connue sous le nom de la nation n’zassa[2]. Et à ce niveau, trois axes peuvent être retenus :
a-       Axe 1 : Les minorités comme composant de l’identité locale en Côte d’Ivoire : Le concept d’ « ivoirité » a engendré de nombreuses incompréhensions et frustrations. Pourtant le développement local ne saurait se défaire d’une l’intégration régionale, qui apparaît aujourd’hui comme
b-       Axe 2 : La redéfinition de la dynamique régionale : La prise en compte des minorités - identifiées ici comme des populations immigrées – dans les politiques publiques, s’avère opportune pour tendre vers une intégration régionale réussie. On assiste dès lors, à un rapprochement plus grand entre les peuples de la sous-région. Les barrières tombent, les préjugés disparaissent pour s’insérer dans une forme de territoire aux frontières mouvantes.
c-       Axe 3 : Les nouvelles dynamiques socioculturelles : En effet, originaires de pays frontaliers pour la plupart, les minorités apportent leur savoir-faire ainsi que leurs pratiques traditionnelles qui enrichissent la vie culturelle de leur pays d’accueil. Le dialogue interculturel tire ainsi sa source du métissage culturel qui prend de l’ampleur avec l’apport non négligeable des langues qui s’entremêlent. Ainsi, des peuples ou des personnes qui se retrouvent dans une communauté qui n’est pas la leur, arrivent à s’intégrer en raison de leur connaissance des langues et deviennent ainsi des piliers et même des précepteurs pour l’intégration de communautés entières.
A ce stade, posons-nous les questions suivantes :
- Quel rôle peuvent jouer les minorités dans la construction d’une identité locale?
- Quels sont les effets de la prise en compte des minorités sur les politiques publiques régionales ?
- Quels moyens possibles peut-on mettre œuvre pour consolider des constructions régionales et partant asseoir une intégration véritable?
- Comment peut-on valoriser les minorités pour contribuer efficacement à la paix, à l’unité, à la cohésion sociales et partant, au développement  régional?


[1] C’est le cas de la commission réconciliation mise sur pied en 2001 par le Président GBAGBO au sortir de l’élection de 2000 précédée du coup d’Etat de 1999 ; et de la commission dialogue, vérité et réconciliation (CDVR) mise sur pied par le Président OUATTARA après la crise postélectorale de 2010 en Côte d’Ivoire.
[2] Terme emprunté au groupe ethnique akan et qui traduit un mélange de couleurs ou de tons donnant une originalité particulière.

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