1. Problématique et Questions de recherche
De façon générale, les
rapports entre les êtres humains au sein d’une même société connaissent des
mutations aussi bien au niveau sociologique, économique, social, écologique, religieux,
etc. que culturel. Souvent, ces rapports ne vont pas sans bouleversements, du
fait de situations conflictuelles et de tensions (crises sociopolitiques,
guerres civiles) qui détériorent le tissu social.
Dans les tentatives
de résolutions des conflits et des crises, l’on (les acteurs de la communauté
nationale et internationale) est très porté à analyser et adopter des schémas
politiques, militaires, diplomatiques et économiques[1] qui s’avèrent le plus souvent
inefficaces dans les pays les moins avancés. La Côte d’Ivoire, depuis les
années 90, est passée de crises latentes à des crises ouvertes ; pour
arriver à des crises hors limites comme ce fut le cas en 2002 et à la crise postélectorale
de 2010. Les conséquences de cette situation sont la dégradation des relations
naguère chaleureuses, hospitalières et aimables entre les ivoiriens pour faire
place à des relations de défiance, de méfiance et de repli sur soi dont le
point culminant est la rupture du dialogue interculturel. Et dans cet élan, les minorités représentées par
les populations étrangères sont passées au crible de la stigmatisation car, les
problèmes connus par les autochtones découleraient de leur forte présence
(environ 27%).
Or, à l’instar des
pays du Sud, la culture ivoirienne a toujours offert un cadre de reconnaissance
et d’acceptation du fait de la présence des
autres (immigrés), ce qui a grandement d’abord, contribué à la naissance de
nouvelles relations basées à la fois sur le sang et sur le sol, et ensuite, à
produire une identité propre à la Côte d’Ivoire connue sous le nom de la nation
n’zassa[2]. Et à ce niveau, trois axes peuvent
être retenus :
a-
Axe 1 : Les minorités comme
composant de l’identité locale en Côte d’Ivoire : Le concept d’ « ivoirité »
a engendré de nombreuses incompréhensions et frustrations. Pourtant le
développement local ne saurait se défaire d’une l’intégration régionale, qui
apparaît aujourd’hui comme
b-
Axe 2 : La redéfinition de
la dynamique régionale : La prise en compte des minorités - identifiées ici comme des
populations immigrées – dans les politiques publiques, s’avère opportune pour
tendre vers une intégration régionale réussie. On assiste dès lors, à un
rapprochement plus grand entre les peuples de la sous-région. Les barrières
tombent, les préjugés disparaissent pour s’insérer dans une forme de territoire
aux frontières mouvantes.
c-
Axe 3 : Les nouvelles dynamiques
socioculturelles : En effet, originaires de pays frontaliers pour la plupart, les minorités
apportent leur savoir-faire ainsi que leurs pratiques traditionnelles qui
enrichissent la vie culturelle de leur pays d’accueil. Le dialogue
interculturel tire ainsi sa source du métissage culturel qui prend de l’ampleur
avec l’apport non négligeable des langues qui s’entremêlent. Ainsi, des peuples
ou des personnes qui se retrouvent dans une communauté qui n’est pas la leur,
arrivent à s’intégrer en raison de leur connaissance des langues et deviennent
ainsi des piliers et même des précepteurs pour l’intégration de communautés
entières.
A ce stade,
posons-nous les questions suivantes :
- Quel rôle peuvent jouer les minorités dans la construction
d’une identité locale?
- Quels sont les effets de la prise en compte des minorités
sur les politiques publiques régionales ?
- Quels moyens possibles peut-on mettre œuvre pour consolider
des constructions régionales et partant asseoir une intégration véritable?
- Comment peut-on valoriser les minorités pour contribuer efficacement
à la paix, à l’unité, à la cohésion sociales et partant, au développement
régional?
[1]
C’est le cas de la commission réconciliation mise sur pied en 2001 par le
Président GBAGBO au sortir de l’élection de 2000 précédée du coup d’Etat de 1999 ;
et de la commission dialogue, vérité et réconciliation (CDVR) mise sur pied par
le Président OUATTARA après la crise postélectorale de 2010 en Côte d’Ivoire.
[2]
Terme emprunté au groupe ethnique akan et qui traduit un mélange de couleurs ou
de tons donnant une originalité particulière.
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