Selon la CNUCED, les industries
culturelles contribuent à 7% du PIB dans les pays développés et à 3% dans les
pays en développement. L’exportation mondiale de produits culturels est passée
de 95 milliards de dollars (US$) en 1980, à 398 milliards US$ en 1998. On est
passé de 0,8% à 3,1% du PNB mondial. Entre 2000 et 2005, le commerce mondial des produits culturels a connu une
croissance de 8,7%. En 2008, la valeur mondiale des industries culturelles
s’élevait à 1600 milliards de US$ dont 192 milliards US$ pour les nouveaux
médias.
Paraphrasant un auteur (Keable,
2004), l’on pourrait affirmer que pour
avoir une bonne distribution (physique ou numérique) du livre, il faut interroger
l’édition. Autrement-dit, la production éditoriale annuelle est-elle assez
forte pour permettre la naissance et l’essor d’un média sur le livre? En effet,
un projet impliquant les TIC et relatif à la distribution du livre doit
s’inscrire dans un environnement où le livre est lui-même, valorisé. Cela passe
par la radioscopie de la filière du livre en Côte d’Ivoire : Comprendre son
fonctionnement, découvrir ses acteurs, les contextes politiques,
socio-historiques et économiques de cette filière depuis les indépendances
jusqu’à nos jours. Découvrir les réalités de chaque maillon de la chaîne du
livre : auteurs, éditeurs, diffuseurs-distributeurs, commerçants et
consommateurs du livre. Dans cette chaîne des valeurs, il est bon de comprendre
l’apport économique de ce secteur dans
l’économie globale du pays.
Les statistiques dans la filière du livre en Côte d’Ivoire (dont le
modèle est grandement inspiré de celui de la France) sont insuffisantes et
quand elles existent, elles sont difficilement transmissibles par les
opérateurs de la filière du livre et même par le MCF chargé de la gestion
institutionnelle du livre. Cela explique la faible quantité des informations
dans ce domaine. On retient cependant que quelques données sont visibles mais
ne sont pas récentes. Ainsi, jusqu’en 2003, les acteurs du livre se
répartissaient comme suit
N°
|
INTERVENANTS
|
QUANTITE
|
1
|
Ecrivains
|
Ind.
|
2
|
Editeurs
|
11
|
3
|
Techniciens
prépresse
|
4
|
4
|
Imprimeurs
|
17
|
5
|
Distributeurs
|
3
|
6
|
Libraires
|
22
|
7
|
Bibliothèques-Documentations
|
83
|
Source :
Guide des professionnels du livre de Côte d’Ivoire, 2003
L’industrie du livre en Côte d’Ivoire
souffre de sa désorganisation, ce qui rend difficile la collecte des données dans
ce domaine. Cependant, avec 70% de manuels scolaires et 30% de littérature
générale, on retient que la production éditoriale s’élève à « 150
nouveautés par an et 7 millions de livres sont imprimés chaque année »
(Sylla, 2007).
La filière livre en tant qu’industrie culturelle, produit des revenus
qui, dans l’économie globale de la Côte d’Ivoire permettent de saisir les
enjeux de ce secteur dans le développement de ce pays. Ainsi, selon une enquête
assez récente réalisée sur Abidjan pour le compte de l’OIF, les données
suivantes peuvent être présentées[1] :
Tableau 2. Environnement et emplois
SECTEUR
|
FONCTION
|
NOMBREDE
STRUCTURES
|
EMPLOIS
|
Environnement
culturel
|
Organisme
de formation
|
5
|
243
|
Structures
institutionnelles
|
4
|
752
|
|
Associations,
organisations professionnelles
|
18 Ind.
|
||
TOTAL
|
27
|
995
|
|
SECTEUR
|
FONCTION
|
NOMBRE
DE STRUCTURES
|
EMPLOIS
|
Edition
|
Maisons
d’édition
|
10
|
473
|
|
Distributeurs-Librairies
|
15
|
230
|
|
Presse
écrite
|
11
|
817
|
|
Agences de
presse
|
4
|
89
|
|
Bibliothèques
|
8
|
65
|
TOTAL
|
|
48
|
1674
|
Sont pris en compte dans ce tableau les établissements publics qui
œuvrent dans le secteur de la culture. Les associations professionnelles sont
indéterminées ; leur multitude et l’anarchie dans le secteur rend
difficile leur détermination. Si cet environnement culturel emploie 995
personnes, le secteur de l’édition fournit 1674 emplois pour un total de 48
structures. Ces emplois ont des répercussions sur l’économie en termes de
retombées fiscales et financement des ménages. Mais la prédominance du secteur
informel empêche de saisir l’importance de ce domaine. On note aussi que la
filière est très peu structurée ; le maillon distribution est faible en
Côte d’Ivoire ; il est marqué par le monopole de deux structures :
édipresse et LDF.
Toujours dans le sens de la contribution à l’économie nationale, on en
arrive au niveau d’activités.
SECTEUR
|
TAILLE
DES ENTREPRISES
|
PART(%)
|
NIVEAU
D’ACTIVITE (US$)
|
|
Micro
entreprises
|
58
|
300 000
en moyenne (153 millions FCFA)
|
Ecrit
|
Petites
entreprises
|
30
|
2
millions en moyenne (1 milliard FCFA)
|
|
Moyennes
entreprises
|
10
|
5,7
millions en moyenne (3milliards FCFA)
|
|
Grandes
entreprises
|
2
|
9,6
millions en moyenne (5 milliards FCFA)
|
Total
|
100
|
51,2
millions (26,4 milliards FCFA)
|
La culture en Côte d’Ivoire a un budget total s’élevant à 4.040.697.000
FCFA (6.159.599 €) soit 0,1% du budget total de l’Etat. Cependant, le chiffre
d’affaires de l’écrit est estimé à 26 milliards FCFA provenant en grande partie
des moyennes et grandes entreprises moins nombreuses, mais très productives.
Plusieurs entreprises fonctionnent dans l’informel et le marché ivoirien du
livre est de petite taille. Le secteur souffre de problèmes financiers
résultant de l’insuffisance de financements publics (subventions, fonds de
soutien à l’initiative culturelle, fonds de soutien à la création artistique et
culturelle,…) et la rareté des financements privés (faiblesse du mécénat) - les
banques étant toujours réticentes quant aux projets des entreprises culturelles
- et de la cherté des intrants dans la fabrication du livre. A ce niveau, nous allons voir le commerce du
livre en ce qui concerne les exportations et tes importations ainsi que la
fiscalité qui leur est appliquée.
Marchandises
selon la codification du système
harmonisé
|
Droits
de douane appliqués ad valorem (%)
|
Biens
culturels de base
49
produits de l’édition, de la presse ou des autres industries
graphiques ; textes, manuscrits ou dactylographiés et plans (exceptés
décalcomanie, cartes postales, calendriers,…)
|
0
|
Biens
culturels connexes entrant dans la production de biens et services culturels
|
|
4802 :
Papiers et cartons utilisés pour l’écriture, l’impression…
|
5
|
Chiffre du commerce
|
intérieur du livre (Edition SH 49)
|
Exportations
2007 en US$ (taux de croissance annuel moyen 2004-2007) :
1 626 004 (0%)
|
Importations
2007 US$ (taux de croissance annuel moyen 2004-2007) :
31 044 693 (13%)
|
En tant que membre de l’OMC et de
l’UEMOA, la Côte d’ivoire veille à la mise en place d’un tarif extérieur commun
et à l’application d’une préférence communautaire en Afrique de l’ouest sur
certains produits entre autres, les produits industriels. De ce fait les
produits entrant dans la fabrication du livre ne sont pas soumis aux droits de
douane. En revanche, le papier et les cartons sont soumis à 5% de droits de
douane quand on sait qu’ils représentent dans les dépenses, 70% du coût de la
fabrication du livre. Cela s’explique par le fait que la Côte d’Ivoire ayant
ratifié les protocoles de Florence et de Nairobi, ne les exécute pas.
L’importation très forte du livre, se comprend à la lumière de la faiblesse de
la production nationale du livre elle-même, résultant de la faiblesse de
l’industrialisation du secteur, de la faiblesse de l’investissement et de la
petitesse du marché.
[1]. Francisco D’ALMEIDA ; annuaire de
l’identification de l’environnement et des entreprises culturelles (Burkina
Faso, Côte d’Ivoire, Sénégal), OIF. (Tableaux N°2, 3, 4).
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