mercredi 23 janvier 2013

LA QUESTION DE LA DISTRIBUTION DU LIVRE EN CÔTE D’IVOIRE : ÉTATS ET PERSPECTIVES FACE AUX NOUVELLES TECHNOLOGIES (MOBILE, INTERNET, LISEUSE, IPAD ET E-BOOK).

II.2 Synthèse des données de terrain
Selon la CNUCED, les industries culturelles contribuent à 7% du PIB dans les pays développés et à 3% dans les pays en développement. L’exportation mondiale de produits culturels est passée de 95 milliards de dollars (US$) en 1980, à 398 milliards US$ en 1998. On est passé de 0,8% à 3,1% du PNB mondial. Entre 2000 et 2005, le commerce  mondial des produits culturels a connu une croissance de 8,7%. En 2008, la valeur mondiale des industries culturelles s’élevait à 1600 milliards de US$ dont 192 milliards US$ pour les nouveaux médias.
Paraphrasant un auteur (Keable, 2004),  l’on pourrait affirmer que pour avoir une bonne distribution (physique ou numérique) du livre, il faut interroger l’édition. Autrement-dit, la production éditoriale annuelle est-elle assez forte pour permettre la naissance et l’essor d’un média sur le livre? En effet, un projet impliquant les TIC et relatif à la distribution du livre doit s’inscrire dans un environnement où le livre est lui-même, valorisé. Cela passe par la radioscopie de la filière du livre en Côte d’Ivoire : Comprendre son fonctionnement, découvrir ses acteurs, les contextes politiques, socio-historiques et économiques de cette filière depuis les indépendances jusqu’à nos jours. Découvrir les réalités de chaque maillon de la chaîne du livre : auteurs, éditeurs, diffuseurs-distributeurs, commerçants et consommateurs du livre. Dans cette chaîne des valeurs, il est bon de comprendre l’apport économique de ce secteur  dans l’économie globale du pays.
Les statistiques dans la filière du livre en Côte d’Ivoire (dont le modèle est grandement inspiré de celui de la France) sont insuffisantes et quand elles existent, elles sont difficilement transmissibles par les opérateurs de la filière du livre et même par le MCF chargé de la gestion institutionnelle du livre. Cela explique la faible quantité des informations dans ce domaine. On retient cependant que quelques données sont visibles mais ne sont pas récentes. Ainsi, jusqu’en 2003, les acteurs du livre se répartissaient comme suit


L’industrie du livre en Côte d’Ivoire souffre de sa désorganisation, ce qui rend difficile la collecte des données dans ce domaine. Cependant, avec 70% de manuels scolaires et 30% de littérature générale, on retient que la production éditoriale s’élève à « 150 nouveautés par an et 7 millions de livres sont imprimés chaque année » (Sylla, 2007).
La filière livre en tant qu’industrie culturelle, produit des revenus qui, dans l’économie globale de la Côte d’Ivoire permettent de saisir les enjeux de ce secteur dans le développement de ce pays. Ainsi, selon une enquête assez récente réalisée sur Abidjan pour le compte de l’OIF, les données suivantes peuvent être présentées
Sont pris en compte dans ce tableau les établissements publics qui œuvrent dans le secteur de la culture. Les associations professionnelles sont indéterminées ; leur multitude et l’anarchie dans le secteur rend difficile leur détermination. Si cet environnement culturel emploie 995 personnes, le secteur de l’édition fournit 1674 emplois pour un total de 48 structures. Ces emplois ont des répercussions sur l’économie en termes de retombées fiscales et financement des ménages. Mais la prédominance du secteur informel empêche de saisir l’importance de ce domaine. On note aussi que la filière est très peu structurée ; le maillon distribution est faible en Côte d’Ivoire ; il est marqué par le monopole de deux structures : édipresse et LDF.

Toujours dans le sens de la contribution à l’économie nationale, on en arrive au niveau d’activités.
La culture en Côte d’Ivoire a un budget total s’élevant à 4.040.697.000 FCFA (6.159.599 €) soit 0,1% du budget total de l’Etat. Cependant, le chiffre d’affaires de l’écrit est estimé à 26 milliards FCFA provenant en grande partie des moyennes et grandes entreprises moins nombreuses, mais très productives. Plusieurs entreprises fonctionnent dans l’informel et le marché ivoirien du livre est de petite taille. Le secteur souffre de problèmes financiers résultant de l’insuffisance de financements publics (subventions, fonds de soutien à l’initiative culturelle, fonds de soutien à la création artistique et culturelle,…) et la rareté des financements privés (faiblesse du mécénat) - les banques étant toujours réticentes quant aux projets des entreprises culturelles - et de la cherté des intrants dans la fabrication du livre.  A ce niveau, nous allons voir le commerce du livre en ce qui concerne les exportations et tes importations ainsi que la fiscalité qui leur est appliquée.

En tant que membre de l’OMC et de l’UEMOA, la Côte d’ivoire veille à la mise en place d’un tarif extérieur commun et à l’application d’une préférence communautaire en Afrique de l’ouest sur certains produits entre autres, les produits industriels. De ce fait les produits entrant dans la fabrication du livre ne sont pas soumis aux droits de douane. En revanche, le papier et les cartons sont soumis à 5% de droits de douane quand on sait qu’ils représentent dans les dépenses, 70% du coût de la fabrication du livre.  Cela s’explique par le fait que la Côte d’Ivoire ayant ratifié les protocoles de Florence et de Nairobi, ne les exécute pas. L’importation très forte du livre, se comprend à la lumière de la faiblesse de la production nationale du livre elle-même, résultant de la faiblesse de l’industrialisation du secteur, de la faiblesse de l’investissement et de la petitesse du marché.




[1]. Francisco D’ALMEIDA ; annuaire de l’identification de l’environnement et des entreprises culturelles (Burkina Faso, Côte d’Ivoire, Sénégal), OIF. (Tableaux N°2, 3, 4).

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