I.2 Les nouvelles technologies en Côte d’Ivoire : quelle place pour le
livre numérique ?
Les nouvelles technologies font
leur apparition en Côte d’Ivoire dans le milieu des années 90. Depuis lors, les
TIC n’ont cessé de connaître de profondes mutations auxquelles n’échappe pas
l’industrie du livre. Touchant plusieurs corps de métiers (politique,
juridique, social, anthropologique, écologique, médical, culturel,
économique,…), les TIC ont fait l’objet d’une prise en compte par l’action
gouvernementale avec la création du Ministère de la Poste et des TIC (MPTIC).
Aujourd’hui, la Côte d’Ivoire compte 150.000 abonnés à l’Internet et les
opérateurs de téléphonie mobile sont des acteurs essentiels dans le
développement des TIC grâce l’offre de leurs produits qui ne cesse de connaître
une croissance exponentielle. L’opérateur principal du MPTIC est l’Agence des
Télécommunications de Côte d’Ivoire (ATCI), qui a pour mission de veiller à la
bonne marche du secteur des TIC, à la réglementation et à l’octroi de licence
d’exploitation en matière de télécommunication.
La fracture numérique est
perceptible en Côte d’Ivoire. En effet le secteur impose de lourds
investissements et du matériel adapté, qui n’est pas à la portée de la majorité
des citoyens, qui ignorent encore les rudiments de cet outil aux facettes variées
et souvent complexes. La connexion à l’Internet est accessible dans les grandes
villes et citées fortement urbanisées, quand on sait que l’analyse
démolinguistique ivoirienne fait ressortir une forte densité de la population
rurale grandement touchée par l’analphabétisme et la pauvreté ; en
conséquence, une grande partie de la population n’a pas accès aux TIC. En revanche, les TIC marquant l’ère des
« digital native », sont présentes dans les habitudes des jeunes et
adolescents qui développent une relation étroite avec les nouvelles
technologies en constituant les plus fidèles clients des cybercafés et salles
de jeu vidéo.
En occident, le livre numérique
représente 8% du marché du livre. Les ″majors″ du secteur, d’origine
anglo-saxons tels que tels que Amazone
ou Google livres, offrent le constat du schéma de l’oligopole à franges
concurrencées ou non, avec intégration verticale et concentration horizontale
pour une politique de ″star-système″ tous azimuts. Dans les pays du Sud, cette
part de marché est quasi-inexistante. Aussi, les acteurs du livre sont très peu
à disposer d’un outil numérique (site web, blogs,…).
anuO�clm�}jcisé dans le Programme National de Développement
du secteur Education Formation (P.N.D.E.F.). Par ailleurs, la loi N° 96-564 du
25 Juillet 1996 définit et protège le droit d’auteur en tant que principale
rémunération des créateurs intellectuels. Mais le décret N°81-232 du 15 Avril
1981 avait déjà créé le Bureau Ivoirien du Droit d’Auteur (BURIDA) qui
bénéficie d’un monopole de gestion du droit d’auteur.
L’édition quant à elle implique,
outre le MCF, le Ministère de l’Economie et des Finances (MEF) et le Ministère
de l’Intérieur (MI) car, le livre en tant qu’objet culturel est aussi un bien
économique qui fait appel aux notions de droit privé et de fiscalité. Cela
s’inscrit dans les accords ratifiés par la Côte d’Ivoire dans le cadre de
l’UEMOA ; lesquels reprennent les protocoles de Florence et de Nairobi
relatifs à l’exemption des droits de douane et la simplification des formalités
administratives sans oublier la baisse de la Taxe sur la Valeur Ajoutée (TVA). C’est aussi
le cas du code général des impôts qui exempte de Taxe sur les Prestations de
Services (TPS), les livres, les disques et les phonographes.
Le dépôt légal quant à lui, est
régi par le décret N° 62-28 du 02 Février 1962, et relève non plus du MCF, mais
du MI.
Les bibliothèques et les centres
de documentation sont présents aussi bien dans l’administration publique que
dans l’administration privée. C’est
surtout dans le cadre de partenariats avec l’Agence Intergouvernementale de la
Francophonie (AIF) devenue Organisation Internationale de la Francophonie (OIF)
en 2005, et la coopération française d’une part que vont naître les centres de
lecture et d’animation culturelle (CLAC) et d’autre part, avec le programme
d’appui au développement culturel (PADEC) pour la création de bibliothèques et
centres de prêts (BCP). Le décret N°86-448 du 25 Juin 1986 conjointement signé
par le Ministère des Affaires Culturelles, le MEF et le MI transfère
compétences aux communes pour la création d’équipements et la gestion de
certains établissements culturels tels que les bibliothèques, centre culturels,
musées, etc. Les bibliothèques vont naître aussi dans le cadre du projet BAD
dont le volet documentation est le PARMEN, né à la suite d’une convention
entre le MEN et la Banque Africaine de
Développement.
Le caractère particulier du livre
fait de sa gestion un compromis entre le MCF et d’autres ministères. Le décret N°2001-153
du15 Mars 2001 portant organisation du MCF confère à celui-ci la responsabilité
de la politique du livre en Côte d’Ivoire. S’appuyant sur la Direction du Livre
et de la lecture (DLL), il détermine les actions à mener. Il y a aussi la
Bibliothèque nationale organisée par le décret N°71-434 du 10 Septembre 1971
qui recueille, conserve et diffuse toute production imprimée nationale. Le cas
du Centre National du Livre (CNL) est souvent évoqué mais il n’a jamais
fonctionné de façon effective et ses missions se résument à être un organe de
suivi des résolutions et de promotion du livre et de la lecture par la
recherche de financement. On ajoute à cela le Ministère de la Formation
Professionnelle et le MEN dont la direction de la pédagogie et de la formation
continue gère toute la chaîne des manuels scolaires selon l’arrêté N°
0025/MEN/CAAB du 28 Février 2001.
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