mercredi 23 janvier 2013

LA QUESTION DE LA DISTRIBUTION DU LIVRE EN CÔTE D’IVOIRE : ÉTATS ET PERSPECTIVES FACE AUX NOUVELLES TECHNOLOGIES (MOBILE, INTERNET, LISEUSE, IPAD ET E-BOOK).


I.2 Les nouvelles technologies  en Côte d’Ivoire : quelle place pour le livre numérique ?
Les nouvelles technologies font leur apparition en Côte d’Ivoire dans le milieu des années 90. Depuis lors, les TIC n’ont cessé de connaître de profondes mutations auxquelles n’échappe pas l’industrie du livre. Touchant plusieurs corps de métiers (politique, juridique, social, anthropologique, écologique, médical, culturel, économique,…), les TIC ont fait l’objet d’une prise en compte par l’action gouvernementale avec la création du Ministère de la Poste et des TIC (MPTIC). Aujourd’hui, la Côte d’Ivoire compte 150.000 abonnés à l’Internet et les opérateurs de téléphonie mobile sont des acteurs essentiels dans le développement des TIC grâce l’offre de leurs produits qui ne cesse de connaître une croissance exponentielle. L’opérateur principal du MPTIC est l’Agence des Télécommunications de Côte d’Ivoire (ATCI), qui a pour mission de veiller à la bonne marche du secteur des TIC, à la réglementation et à l’octroi de licence d’exploitation en matière de télécommunication.
La fracture numérique est perceptible en Côte d’Ivoire. En effet le secteur impose de lourds investissements et du matériel adapté, qui n’est pas à la portée de la majorité des citoyens, qui ignorent encore les rudiments de cet outil aux facettes variées et souvent complexes. La connexion à l’Internet est accessible dans les grandes villes et citées fortement urbanisées, quand on sait que l’analyse démolinguistique ivoirienne fait ressortir une forte densité de la population rurale grandement touchée par l’analphabétisme et la pauvreté ; en conséquence, une grande partie de la population n’a pas accès aux TIC.  En revanche, les TIC marquant l’ère des « digital native », sont présentes dans les habitudes des jeunes et adolescents qui développent une relation étroite avec les nouvelles technologies en constituant les plus fidèles clients des cybercafés et salles de jeu vidéo.
En occident, le livre numérique représente 8% du marché du livre. Les ″majors″ du secteur, d’origine anglo-saxons tels que tels que Amazone ou Google livres, offrent le constat du schéma de l’oligopole à franges concurrencées ou non, avec intégration verticale et concentration horizontale pour une politique de ″star-système″ tous azimuts. Dans les pays du Sud, cette part de marché est quasi-inexistante. Aussi, les acteurs du livre sont très peu à disposer d’un outil numérique (site web, blogs,…).
anuO� clm�}jcisé dans le Programme National de Développement du secteur Education Formation (P.N.D.E.F.). Par ailleurs, la loi N° 96-564 du 25 Juillet 1996 définit et protège le droit d’auteur en tant que principale rémunération des créateurs intellectuels. Mais le décret N°81-232 du 15 Avril 1981 avait déjà créé le Bureau Ivoirien du Droit d’Auteur (BURIDA) qui bénéficie d’un monopole de gestion du droit d’auteur.

L’édition quant à elle implique, outre le MCF, le Ministère de l’Economie et des Finances (MEF) et le Ministère de l’Intérieur (MI) car, le livre en tant qu’objet culturel est aussi un bien économique qui fait appel aux notions de droit privé et de fiscalité. Cela s’inscrit dans les accords ratifiés par la Côte d’Ivoire dans le cadre de l’UEMOA ; lesquels reprennent les protocoles de Florence et de Nairobi relatifs à l’exemption des droits de douane et la simplification des formalités administratives sans oublier la baisse de la  Taxe sur la Valeur Ajoutée (TVA). C’est aussi le cas du code général des impôts qui exempte de Taxe sur les Prestations de Services (TPS), les livres, les disques et les phonographes.
Le dépôt légal quant à lui, est régi par le décret N° 62-28 du 02 Février 1962, et relève non plus du MCF, mais du MI.
Les bibliothèques et les centres de documentation sont présents aussi bien dans l’administration publique que dans l’administration  privée. C’est surtout dans le cadre de partenariats avec l’Agence Intergouvernementale de la Francophonie (AIF) devenue Organisation Internationale de la Francophonie (OIF) en 2005, et la coopération française d’une part que vont naître les centres de lecture et d’animation culturelle (CLAC) et d’autre part, avec le programme d’appui au développement culturel (PADEC) pour la création de bibliothèques et centres de prêts (BCP). Le décret N°86-448 du 25 Juin 1986 conjointement signé par le Ministère des Affaires Culturelles, le MEF et le MI transfère compétences aux communes pour la création d’équipements et la gestion de certains établissements culturels tels que les bibliothèques, centre culturels, musées, etc. Les bibliothèques vont naître aussi dans le cadre du projet BAD dont le volet documentation est le PARMEN, né à la suite d’une convention entre  le MEN et la Banque Africaine de Développement.
Le caractère particulier du livre fait de sa gestion un compromis entre le MCF et d’autres ministères. Le décret N°2001-153 du15 Mars 2001 portant organisation du MCF confère à celui-ci la responsabilité de la politique du livre en Côte d’Ivoire. S’appuyant sur la Direction du Livre et de la lecture (DLL), il détermine les actions à mener. Il y a aussi la Bibliothèque nationale organisée par le décret N°71-434 du 10 Septembre 1971 qui recueille, conserve et diffuse toute production imprimée nationale. Le cas du Centre National du Livre (CNL) est souvent évoqué mais il n’a jamais fonctionné de façon effective et ses missions se résument à être un organe de suivi des résolutions et de promotion du livre et de la lecture par la recherche de financement. On ajoute à cela le Ministère de la Formation Professionnelle et le MEN dont la direction de la pédagogie et de la formation continue gère toute la chaîne des manuels scolaires selon l’arrêté N° 0025/MEN/CAAB du 28 Février 2001.

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