La distribution du livre imprimé
est-elle sérieusement menacée par les TIC ou a-t-elle encore de beaux jours
devant elle en Côte d’Ivoire?
L’industrie ivoirienne du livre-
encore embryonnaire- est insérée dans
une économie nationale elle-même, peu structurée qui décrit une chaîne de
valeurs ayant de faibles résultats. De la création à la consommation du livre,
c’est un ensemble de maillons traduisant des étapes difficiles parmi lesquelles
la distribution-diffusion qui se pose comme le véritable chaînon manquant. La
distribution est une fonction qui se définit comme l’offre du livre édité en
suscitant et traitant les commandes et les détaillants par l’intermédiaire d’un
réseau. Les distributeurs et diffuseurs du livre sont parmi les moins
nombreux ; ils exercent un monopole de fait dont les conséquences sont
l’inégale répartition du livre sur le
territoire ivoirien et l’absence de réception efficace des populations. Aussi, les activités de promotion hors-médias
sont-elles insignifiantes et la promotion médias escamotée ou éludée et les
méthodes de distribution restent classiques (distribution directe, contrôlée,
exclusive, intensive, sélective).
Or, pour répondre aux exigences
de la mondialisation économique et aux besoins d’un ordre politique pluriel et
démocratique, le gouvernement ivoirien a fait le choix de développer le secteur
des TIC, d’autant plus que la culture numérique est une action transversale de
la Francophonie en faveur de tous ses Etats membres. Les TIC sont donc promues
avec pour ambition de contribuer au développement culturel de la Côte d’Ivoire
tout en restant ouvertes aux cultures étrangères et aux autres domaines de la
vie en société. Par ailleurs, le message adressé aux politiques à la conférence
de Genève sur l’audiovisuel de 2006, fait obligation aux Etats de parvenir au
numérique dans les médias en 2015. Ce qui serait profitable à la filière des
industries culturelles en termes de promotion.
La réalité en Côte d’ivoire,
c’est la situation difficile du livre et du numérique. En effet, la fracture numérique est vécue en Côte d’ivoire et nombreuses
sont les villes qui ne sont pas connectées à Internet et les populations ayant
encore moins, les moyens de se procurer des supports et équipements numériques
(ordinateurs, e-book, ipad, liseuse,…). Les cartes de crédits sont très
faiblement usitées par une population soumise aux effets pervers de la crise
économique qui creuse le fossé de la paupérisation.
Certains auteurs estiment
« qu’internet est aujourd’hui le meilleur outil pour la diffusion du
livre » (Kuepfer, 2012). En effet, avec l’avènement du numérique dans
l’industrie du livre, la croissance ne sera que positive car les enjeux du
numérique sont nombreux : naissance de blogs et de sites pour les acteurs
de la chaîne du livre, rayonnement et visibilité de ceux-ci à dimension
planétaire en vertu de la théorie de la longue traine, la désintermédiation de
la chaîne de production du livre, la dématérialisation du support,
l’accroissement de la productivité du fait de la disparition des coûts
physiques du document, le développement du commerce du livre en ligne et la
reconversion ou la création de nouveaux types d’emplois, la gestion
électronique des droits d’auteurs comme source de la réduction de la crise du
droit d’auteur, le développement de nouveaux modes de lutte contre la
piraterie, la promotion en ligne du livre et partant de la diversité
culturelle, etc. Il en découle que la distribution qui est un maillon
logistique et qui s’appuie sur un réseau de services et d’intermédiaires liées
à la circulation physique du livre, doit muer et muter inexorablement vers le
numérique pour l’information, la sélection, l’offre et une gestion plus rapide
des offices et retours, des flux financiers et des stocks.
En dehors des débats relatifs au
fonctionnement du système éducatif (rentrée scolaire, grèves des enseignants,
programmation et déroulement des examens) et du Salon International du Livre
d’Abidjan (SILA) ressuscité en 2012, aucun cadre permanent n’existe quant à la
promotion du livre en milieu scolaire d’abord et dans la société globalement
considérée ensuite. Aussi, les appels d’offres en matière d’édition doivent
s’imprégner de bonne gouvernance et venir en soutien aux véritables acteurs
nationaux du livre, qui sont très souvent ajournés au profit d’acteurs
étrangers ou fictifs. Cela permettra d’agir sur chaque maillon de la chaîne
en tant qu’activité culturelle et économique.
Nous sommes en droit de nous
demander la signification que renferment les enjeux numériques de la
distribution du livre en termes de fond et de forme. Partant de cela, le livre
vecteur d’idéologie, nécessite des stratégies en vue de son passage au
numérique. La survie du livre avec la prédominance et la multiplicité des
divertissements amène à réfléchir sur les supports de communication utiles à
maintenir l’influence de celui-ci sur les populations et sa commercialisation.
Au regard de
l’identification ci-dessus précisée, les questions suivantes peuvent être
posées :
- Quel est
l’état actuel de la distribution du livre en Côte d’Ivoire ?
- Quelle est
la place du livre imprimé dans la consommation culturelle des populations face
l’explosion des nouvelles technologies?
- Quels
moyens sont mis en œuvre pour favoriser le passage du livre imprimé au livre
numérique?
- Quels types
de distribution sont développés pour toucher les différents lecteurs ivoiriens ?
- Quelles stratégies
peuvent permettre une meilleure distribution du livre sur toute l’étendue du
territoire ivoirien?
- Quelles
sont les situations problématiques auxquels se trouvent confrontés les acteurs
du livre dans leurs activités distribution ?
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