mercredi 23 janvier 2013

II.3 Identification du problème


La distribution du livre imprimé est-elle sérieusement menacée par les TIC ou a-t-elle encore de beaux jours devant elle en Côte d’Ivoire?
L’industrie ivoirienne du livre- encore embryonnaire-  est insérée dans une économie nationale elle-même, peu structurée qui décrit une chaîne de valeurs ayant de faibles résultats. De la création à la consommation du livre, c’est un ensemble de maillons traduisant des étapes difficiles parmi lesquelles la distribution-diffusion qui se pose comme le véritable chaînon manquant. La distribution est une fonction qui se définit comme l’offre du livre édité en suscitant et traitant les commandes et les détaillants par l’intermédiaire d’un réseau. Les distributeurs et diffuseurs du livre sont parmi les moins nombreux ; ils exercent un monopole de fait dont les conséquences sont l’inégale répartition du livre sur  le territoire ivoirien et l’absence de réception efficace des populations. Aussi, les activités de promotion hors-médias sont-elles insignifiantes et la promotion médias escamotée ou éludée et les méthodes de distribution restent classiques (distribution directe, contrôlée, exclusive, intensive, sélective).
Or, pour répondre aux exigences de la mondialisation économique et aux besoins d’un ordre politique pluriel et démocratique, le gouvernement ivoirien a fait le choix de développer le secteur des TIC, d’autant plus que la culture numérique est une action transversale de la Francophonie en faveur de tous ses Etats membres. Les TIC sont donc promues avec pour ambition de contribuer au développement culturel de la Côte d’Ivoire tout en restant ouvertes aux cultures étrangères et aux autres domaines de la vie en société. Par ailleurs, le message adressé aux politiques à la conférence de Genève sur l’audiovisuel de 2006, fait obligation aux Etats de parvenir au numérique dans les médias en 2015. Ce qui serait profitable à la filière des industries culturelles en termes de promotion.
La réalité en Côte d’ivoire, c’est la situation difficile du livre et du numérique. En effet, la fracture numérique est vécue en Côte d’ivoire et nombreuses sont les villes qui ne sont pas connectées à Internet et les populations ayant encore moins, les moyens de se procurer des supports et équipements numériques (ordinateurs, e-book, ipad, liseuse,…). Les cartes de crédits sont très faiblement usitées par une population soumise aux effets pervers de la crise économique qui creuse le fossé de la paupérisation.
Certains auteurs estiment « qu’internet est aujourd’hui le meilleur outil pour la diffusion du livre » (Kuepfer, 2012). En effet, avec l’avènement du numérique dans l’industrie du livre, la croissance ne sera que positive car les enjeux du numérique sont nombreux : naissance de blogs et de sites pour les acteurs de la chaîne du livre, rayonnement et visibilité de ceux-ci à dimension planétaire en vertu de la théorie de la longue traine, la désintermédiation de la chaîne de production du livre, la dématérialisation du support, l’accroissement de la productivité du fait de la disparition des coûts physiques du document, le développement du commerce du livre en ligne et la reconversion ou la création de nouveaux types d’emplois, la gestion électronique des droits d’auteurs comme source de la réduction de la crise du droit d’auteur, le développement de nouveaux modes de lutte contre la piraterie, la promotion en ligne du livre et partant de la diversité culturelle, etc. Il en découle que la distribution qui est un maillon logistique et qui s’appuie sur un réseau de services et d’intermédiaires liées à la circulation physique du livre, doit muer et muter inexorablement vers le numérique pour l’information, la sélection, l’offre et une gestion plus rapide des offices et retours, des flux financiers et des stocks.
En dehors des débats relatifs au fonctionnement du système éducatif (rentrée scolaire, grèves des enseignants, programmation et déroulement des examens) et du Salon International du Livre d’Abidjan (SILA) ressuscité en 2012, aucun cadre permanent n’existe quant à la promotion du livre en milieu scolaire d’abord et dans la société globalement considérée ensuite. Aussi, les appels d’offres en matière d’édition doivent s’imprégner de bonne gouvernance et venir en soutien aux véritables acteurs nationaux du livre, qui sont très souvent ajournés au profit d’acteurs étrangers ou fictifs. Cela permettra d’agir sur chaque maillon de la chaîne en tant qu’activité culturelle et économique.
Nous sommes en droit de nous demander la signification que renferment les enjeux numériques de la distribution du livre en termes de fond et de forme. Partant de cela, le livre vecteur d’idéologie, nécessite des stratégies en vue de son passage au numérique. La survie du livre avec la prédominance et la multiplicité des divertissements amène à réfléchir sur les supports de communication utiles à maintenir l’influence de celui-ci sur les populations et sa commercialisation.
Au regard de l’identification ci-dessus précisée, les questions suivantes peuvent être posées :
- Quel est l’état actuel de la distribution du livre en Côte d’Ivoire ?
- Quelle est la place du livre imprimé dans la consommation culturelle des populations face l’explosion des nouvelles technologies?
- Quels moyens sont mis en œuvre pour favoriser le passage du livre imprimé au livre numérique?
- Quels types de distribution sont développés pour toucher les différents lecteurs ivoiriens ?
- Quelles stratégies peuvent permettre une meilleure distribution du livre sur toute l’étendue du territoire ivoirien?
- Quelles sont les situations problématiques auxquels se trouvent confrontés les acteurs du livre dans leurs activités distribution ?

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