mercredi 18 mai 2011

La problématique de la réconciliation

La Côte d'Ivoire vient de traverser une des plus graves crises de son histoire. Cette crise s'est soldée par des pertes considérables en vies humaines, des dégâts matériels importants, des pertes d'emplois car 750 entreprises ont fermé, occasionnant 80.000 pertes d'emplois, des destructions de biens publics, des arrestations et pourquoi pas arbitraires, et des institutions fortement perturbée dans leur fonctionnement.

Il revient à dire que tout est à reconstruire en Côte d'Ivoire. L'actuel régime piloté par S.E.M Alassane Dramane OUATTARA, devra remettre dans la course, l'éléphant d'Afrique actuellement à plat ventre. Il faudra rétablir l'autorité de l'Etat sur toute l'étendue du territoire, procéder à la réunification effective de la Côte d'Ivoire, redéployer les fonctionnaires et agents de l'Etat dans les quatre coins du Pays, restaurer la démocratie et la faire avancer, mais surtout effectuer la réconciliation entre les fils et les filles de la Côte d'Ivoire.

C'est dans cette optique la commission dialogue- vérité- réconciliation a été mise sur pied avec à sa tête le 1er Ministre Charles Konan BANNY qui devra oeuvrer aux assises réelles de cette session battie sur le modèle sud-africain et qui, nous l'espérons pourra guérir les coeurs brisés, faire disparaître la haine, la vengeance et instaurer, le pardon et l'amour.

Mais dans quel contexte?

- D'abord l’historique: L'analyse de l’histoire de notre jeune nation, nous permet de dire que des rencontres de ce genre ont eu lieu sous le doyen Houphouët. a travers les congrès du PDCI-RDA, on procédait à la réconciliation entre les millitants et les barons qui s'aventuraient dans une vision différente du vieux. C'est ainsi que la réconciliation, à la suite des exactions commises lors des faux complots d'Houphouët se faisait lors des congrès.

Mais il a fallu attendre 2001, lors de la prise de pouvoir par le Président GBAGBO à la suite des élections qu'il avait remportées, de mettre sur pied le "forum de la réconciliation" piloté par le 1er Ministre seydou DIARRA, pour permettre aux ivoiriens de se pardonner et de continuer à se parler après les violences qui ont précédé ou suivi lesdites élections. Les ivoiriens de toutes les couches sociales se sont succédé à cette tribune du Palais de la Culture pour exprimer ce qu'ils avaient sur le coeur. Mais ce forum a eu pour inconvénients de voir ses résolutions mourir dans les tiroirs, car n'ayant guère été exécutées.

Aujourd'hui cette commission mise sur pied par le Président OUATTARA doit prendre en compte ces insuffisances pour offrir aux ivoiriens un meilleur cadre de réconciliation.

- Ensuite morale: la véritable réconciliation s'accompagne sincérité. La sincérité est la disposition morale d'un individu sincère; et l'individu sincère est celui qui est porté à reconnaître la vérité et à faire connaître ce qu'il pense et ressent réellement, sans consentir à se tromper soi-même, ni à tromper les autres. C'est très important cette définition que nous offre le dictionnaire "le nouveau petit Robert". On est donc porté à croire que le milliard dépensé pour le forum de réconciliation de 2001 n'a servi à rien car un an plus tard, une rébellion fortement armée et sans pareille éclatait dans le pays. Venue du Burkina Faso, elle occupait 60% du territoire national.
Il est important que les coeurs se répandent sincèrement sinon , l'on court le risque de revenir à la case départ.

Il est bon dans cette optique de conférer aux religieux une place importante dans ce processus de réconciliation, non seulement dans la prière , mais aussi et surtout dans la sensibilisation et les actions de pardon.

- Enfin Juridique: Selon les articles 1382 et suivants du code civil, tout fait de l'Homme qui cause un dommage à autrui, entraîne une réparation du préjudice causé par l'auteur du dommage. Ainsi peut-on résumer ce texte qui est fort de signification. A la faveur de cette crise post- électorales, des exactions ont été commises de part et d'autres, et il faut est juste dans les actions judiciaires comme dans les sentences. Mais l'observation des situations actuelles est claire, des personnes sont arrêtées injustement, des avoirs sont gelés, des sanctions sont pendantes des violations de domicile sont monnaies courantes.

Le nouveau régime précise que l'impunité doit disparaître, il faut y mettre fin de façon définitive en Côte d'Ivoire. Comment pourra-t-on parler de réconciliation si des ivoiriens sont emprisonnés injustement sans autre possibilité de justice véritable car ne l'oublions pas, "la paix est le fruit de la justice"? Comment parler de réconciliation alors que des ivoiriens ont dû quitter le territoire national pour fuir les massacres? Comment parler de réconciliation alors que les pro-OUATTARA vivent paisiblement sans être inquiétés quand ils ont eux-mêmes commis de graves violations de droits de l'Homme? Il faut arriver à une alchimie qui va prendre en compte tous ces paramètres pour une véritable paix durable.

Nous attendons tous beaucoup des jours à venir et DIEU nous aidera à vivre dans la paix et dans l'amour.

La Côte d'Ivoire a un président

Le Constitutionnel a tranché et il a prêté serment; la Côte d'Ivoire a un nouveau Président et il se nomme Alassane Dramane Ouattara. La vie continue!

Références Bibliographiques

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Articles scientifiques, rapports et actes de colloques et conférences

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Domaine de la culture et des industries culturelles

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Domaine juridique

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Conclusion

L’espace radiophonique ivoirien est meublé de 93 radios de proximité qui se répartissent sur toute l’étendue du territoire et œuvrent à la diffusion de l’information y compris dans les localités reculées du pays. Et de façon générale, les radios ivoiriennes participent à l’animation socioculturelle de leurs zones d’intervention. Cependant dans leurs programmations, les émissions littéraires apparaissent comme les moins nanties vu l’intérêt manifesté pour les programmes susceptibles d’attirer les annonceurs. En Côte d’Ivoire, comme au Québec, les émissions littéraires ne sont pas plus de deux (02) par semaine sur les chaînes de radios et télévisions. Au Canada, la Société Radio Canada dispose d’une (01) seule émission littéraire quand la CBC, la branche anglophone dispose de six (06) émissions : quatre (04) à la radio et deux (02) à la télévision. Cela démontre-t-il d’un particularisme de gestion attaché à la langue française ou au milieu francophone ? L’on ne saurait le dire ! Toujours est-il que la marginalisation du livre dans les médias traduit une situation difficile quant à la promotion du livre et de la lecture surtout pour la Côte d’Ivoire pays d’Afrique francophone pour qui la formation est un défi à relever pour atteindre le développement.

A travers une démarche empreinte des méthodes de recherche scientifique (méthode systémique, méthode historique, méthode fonctionnaliste et analyse comparative), cette étude a restitué ne serait-ce qu’en partie la situation du livre et le rôle des radios pour leur promotion. En effet, depuis les indépendances, la Côte d’Ivoire a mis un accent particulier sur l’édition en se dotant de deux maisons d’éditons pour la diffusion du manuel scolaire. Aujourd’hui, elle dispose de nombreux éditeurs. A côté de cela, les médias dont les radios sont très présentes vu la libéralisation de l’espace audiovisuel. Ces deux structures sociales que sont le livre et les médias remplissent comme partout ailleurs, des fonctions d’information, de formation et de divertissement pour l’épanouissement des populations ivoiriennes.

Avec les entretiens et les enquêtes, il ressort qu’il y a une demande évidente. En effet, les radios de proximité viennent en troisième position des radios les plus écoutées ; ce sont des vecteurs de cohésion sociale qui interviennent sur la plus petite unité médiatique du territoire national. Pour cela, elles constituent des acteurs incontournables dans toute politique de promotion et de sensibilisation dont celle du livre et de la lecture. Elles sont l’interface qui permet la diffusion du livre sonore ou du livre imprimé. Par leur singularité, elles peuvent intégrer les partenaires sociaux aux différents processus de développement. Toutefois, la pertinence de leur action ne serait qu’un leurre si les structures du livre ne montaient pas au créneau pour réfléchir sur la question et agir en conséquence A cela s’ajoutent les radios religieuses qui, écoutées par 62,50% des enquêtés, se posent comme des partenaires susceptibles de soutenir la promotion du livre.

Le stage à la RCV a permis d’acquérir de l’expérience quant à la production d’émissions radiophoniques en particulier et une vision large des métiers de la radio et qui autorise à comme solution possible au problème du livre, notre projet.

Le projet "Parlons Livre" se présente comme une originalité en matière de promotion du livre par les radios de proximité. En effet, il permet aux auteurs d’avoir accès à la radio et d’agir de concert avec les élèves qui sont des lecteurs programmés. Il s’adresse aussi à tous les publics et facilite la compréhension des livres dont la lecture individuelle est souvent difficile à assimiler. Avec des moyens modestes et une capacité d’autofinancement réaliste ce projet se veut réalisable, faisable et viable. En outre, il prend comme appui les radios de proximité qui sont des partenaires utiles pour atteindre les masses.

Ce projet n’attend que d’être soutenu et c’est un appel lancé aux partenaires nationaux et internationaux au développement et à tous ceux qui veulent voir les enfants de demain triompher dans la connaissance et non dans l’ignorance, dans la paix et non dans la violence.

Au total, cette étude se veut être une contribution au débat du livre et à l’enrichissement de ce secteur par les réflexions et suggestions. Faire de la lecture le loisir préféré des ivoiriens suppose l’approfondissement de la notion même du livre. C’est pourquoi bon nombre d’interrogations restent en suspend notamment :

- le rôle des collectivités territoriales pour le développement du livre en Côte d’Ivoire et ce, au regard de l’agenda 21 de la culture.

- l’analyse qualitative et quantitative de la programmation culturelle dans les médias ivoiriens. L’apport de l’industrie du livre au développement économique et social de la Côte d’Ivoire car il faut le noter « Le livre est un outil indispensable pour l’éducation, l’information, l’expression créatrice, le progrès social, le plaisir personnel et le dialogue des cultures. Il est à la fois un objet de culture et un objet économique » (Charte du don du livre, 2008).

- la distribution du livre en Côte d’Ivoire quand on sait que ce maillon est inexistant.

- les bibliothèques scolaires comme outils de diffusion de la culture ivoirienne

Il s’agit de questions d’un intérêt certain susceptibles d’attirer l’attention des professionnels et des chercheurs désireux de faire évoluer l’industrie du livre.


LA MÉDIATION, UN REMEDE A LA MARGINALISATION DU LIVRE

La médiation est la rencontre de l’offre culturelle et de la demande. Elle se présente comme le lien indispensable entre la création artistique et la réception. Elle est le fait non seulement des radios de proximité mais aussi des acteurs du livre. Dans le rôle de médiation joué par les radios de proximité, trois dimensions telles que présentées par Tétu peuvent être retenues. (Tétu, 2005, p.4-5).

IV.1 La médiation des radios de proximité

Cette médiation peut se situer à trois niveaux.

D’abord, elle vise la notoriété de l’auteur et c’est pourquoi elle est appelée médiation de promotion ; elle est celle de l’auteur vers le public. Elle rapporte la singularité de l’auteur et la spécificité de ses textes, de son écriture. Faire connaître l’auteur au public : son parcours, ses intentions, son message, ses collections,… Cette notoriété s’incarne dans le portrait et l’interview, instruments médiatiques au service de l’auteur. Mais la médiation de notoriété s’apprécie à travers des acteurs sociaux habilités à assurer la notoriété de l’auteur : il s’agit de l’auteur lui-même, des lecteurs, et des experts.

Ensuite, elle assure la reconnaissance ou l’identité. Cette médiation intervient entre le lectorat et le public général ou l’auditorat des radios de proximité. A ce niveau, c’est la relation entre le lecteur et le public qui est mise en exergue de sorte à légitimer le livre auprès des publics.

Enfin, elle parle de « notabilisation » (Tétu, idem). La "notabilisation" traduit non seulement la relation qui existe entre les organisateurs d’un événement littéraire ou un éditeur et le public mais aussi l’intervention des mécènes, paramètres qui visent à institutionnaliser le livre comme un secteur dynamique. La forme du récit pourra servir à établir et forger la notabilité de façon permanente du secteur du livre et de ses acteurs vers un public.

IV.2 La médiation en matière de livre

La médiation en matière de livre et de lecture peut s’entendre aussi du rôle exercé par les structures du livre notamment les bibliothèques qui ont une médiation à un triple niveau. En effet, « le bibliothécaire est un médiateur culturel (dans son rôle de médiateur entre le savoir et les lecteurs) ; médiateur social (dans son rôle entre les usagers et les lecteurs eux-mêmes) ; mais aussi un médiateur institutionnel (dans son rôle de médiateur des lecteurs auprès de l’instance politique et administrative), il est passeur de mots, de messages, de connivence, d’enthousiasme, de croyances, d’espoir,…» (Bruillon et Ducas, 2006, p.91). Cela nous amène à comprendre la position stratégique du bibliothécaire qui détient la connaissance dans son fonds documentaire et la transmet à un public désireux d’apprendre à partir des activités d’animation, de prêts de documents et de formation des lecteurs à la recherche de l’information. Mieux, il permet à ces lecteurs de tisser entre eux des liens et développer une nouvelle relation basée sur un lien documentaire reflétant les aspirations et les goûts communs pour la bibliothèque. Ceci explique l’existence des comités de lecture, clubs littéraires et autres groupes d’animation au sein de la bibliothèque. La bibliothèque elle-même est le fruit d’une volonté de l’administration publique ou privée en vue de satisfaire les besoins d’une population donnée d’où le pôle administratif dans lequel le bibliothécaire, fonctionnaire, est un intermédiaire efficace pour l’échange entre ces deux entités car l’orientation des choix de la bibliothèque en termes de financement et de règlementation est le fait des pouvoirs publics sur la base des besoins exprimés par les usagers. On pourrait représenter cette médiation de la bibliothèque autour du livre par le schéma suivant :


Figure 1. Les médiations de la bibliothèque


Source : Bruillon et Ducas, 2006

IV.3 Des actions d’ensemble

Il demeure certain que la détermination d’une véritable politique du livre relève de la responsabilité première des structures du livre tant dans le secteur public que privé. Dans le cadre des politiques culturelles, cette responsabilité mérite d’être assumée afin d’impulser le développement de la culture. Ainsi donc, les structures du livre restent des acteurs de premier plan quand les médias sont des partenaires privilégiés au même titre que les écoles. Le livre, restant confronté à l’attrait grandissant de la télévision et son corollaire de téléréalité et autres programmes de divertissement, doit s’adapter aux circonstances du temps et de l’espace; les acteurs du livre doivent inscrire celui-ci dans le comportement des populations par l’offre de son contenu empreint de l’identité culturelle et de la diversité culturelle faute de quoi il périrait. C’est pourquoi avec marc MENARD nous pouvons affirmer que « dans un monde de plus en plus dominé par l’image et la brièveté, le livre devra se faire une place, prouver qu’il a encore un rôle à jouer dans cet univers. Prouver qu’il est peut être et peut être même un peu plus que les autres, porteur de symbolique et de culture. […] Il s’agit d’un choix de société. C’est non seulement l’industrie du livre qui doit relever le défi, mais aussi l’ensemble du monde de l’éducation, des bibliothèques et des médias» (Menard, 2001).

Les auteurs proposent des solutions sur la question ; cependant, le traitement de celle-ci reste confiné aux seules contrées du nord à l’exception de Tudesq qui aborde la radio en Afrique. C’est le lieu de signaler que les ouvrages d’auteurs du sud sont rares sur la question d’où la nécessité d’un travail de recherches à ce niveau. Il est à noter que nonobstant certaines limites, la revue de littérature nous a permis de comprendre l’universalité du problème du livre dans les médias et nous donne de faire des propositions. En effet, vu la situation difficile du livre dans les médias telle qu’abordée par les auteurs, une revalorisation du média livre s’impose. Celle-ci nécessite une méthode d’approche méthodologique et pratique pour une reconsidération du cadre juridique et institutionnel.


LES RAISONS DE LA MARGINALISATION DU LIVRE DANS LES MEDIAS

L’analyse des grilles de programmes et du contenu des différents médias en l’occurrence la L’analyse des grilles de programmes et du contenu des différents médias en l’occurrence la télévision et la radio fait observer la faible part accordée au livre. Mis à part les médias thématiques sur la question du livre ou de la culture, les émissions littéraires sont les moins connues et les moins répandues. On en arrive à une marginalisation du livre dans les médias; marginalisation dont les raisons sont aussi bien subjectives qu’objectives.

III.1 Les aspects subjectifs

Les raisons subjectives sont celles évoquées par les responsables des organes de médias; ce que Jacques Keable appelle des «prétextes bien opportuns» (Keable, 2004). Ils se présentent comme suit.

III.1.1 La concurrence et les côtes d’écoute

«Les émissions sur les livres n’attirent pas les annonceurs» (Keable, 2004). De ce point de vue, les annonceurs sont intéressés par d’autres types d’émissions du genre jeu, divertissement, émissions musicales. Les côtes d’écoute sont la préoccupation majeure des chaînes médiatiques placées dans un environnement de concurrence dans lequel les annonceurs sont une source de financement par excellence. En effet, « les annonceurs sont intéressés par un média de masse touchant plus de 80% des publics » (Cavelier et Morel-Maroger, 2005, p82). La conquête et le maintien des côtes d’écoute imposent de se tourner vers une certaine catégorie de média qualifiée de plus en vue (la télévision) par rapport à la radio et produire des émissions particulières. Par exemple « en France, en 2004, la radio a 8% du marché public soit 785 millions d’euros ; moins que la télévision et la presse » (Cavelier et Morel-Maroger, 2005; ibidem). Les revenus générés par les annonces publicitaires démontrent le désintérêt pour la radio en tant que canal de diffusion relégué au second rang. Or, la recherche de profit demeure la finalité première des médias d’où la notion de concurrence dans un univers où plusieurs médias du genre exercent et se font la course aux annonceurs.

Toujours comme conséquence, on observe que « l’émergence des médias privés a entrainé les médias publics dans une spirale désastreuse. Les grilles de programmation sont souvent calquées sur le modèle des télévisions commerciales » (Keable, 2004.). En effet, l’analyse des programmes offerts par les différentes chaînes ne permet plus de faire la différence entre médias publics et médias privés ; et la confusion provient du mimétisme exercé par les chaînes publiques, qui, pour conquérir le public déploient les mêmes stratégies que les chaînes privées en termes de genre d’émissions (flux et stocks).

Les radios de proximité ivoiriennes n’ont pas de vocation à la recherche de profit ; en tant que radio non commerciales, « la publicité ne doit pas excéder 20% de leurs revenus » (fonctionnement radios de proximité, 1995) on peut penser que la concurrence soit limitée. Cependant, la réalité est la situation difficile de celles-ci qui n’ont pas toujours les moyens de produire des émissions au premier rang desquelles s’inscrivent les émissions littéraires.

Dans les médias d’Etat, la marginalisation du livre s’explique entre autres par la baisse des subventions gouvernementales.

III.1.2 La baisse des subventions gouvernementales

La création d’un organe de média est souvent l’expression d’une volonté exprimée par les Etats dans leur politique de développement. Pour cela, le financement de projets pour la naissance et le fonctionnement des chaînes de radios et de télévisions d’Etat s’est avéré judicieux en ce que l’Etat a le devoir de soutenir les médias. Cependant, vu les difficultés rencontrées par les Etats et les priorités définies par les finances publiques, l’on assiste à la baisse des subventions gouvernementales. C’est ainsi qu’à «CBC/Radio-Canada, les subventions versées par Ottawa sont passées entre 1994 et 2004 de 946 millions de dollars à 877 millions de dollars par année » (Comité, 2008). C’est une baisse de 69 millions de dollars en une décennie sur le budget de la chaîne, empêchant de ce fait le développement des exploitations et des investissements.

«Chez Télé-Québec par exemple, les coupures de 1995 ont entraîné la mise à pied de plus de 350 employés ; néanmoins, les dépenses apparaissant au budget du Québec ont crû de 20% durant la même période quand les subventions gouvernementales destinées au télédiffuseur ont diminué de 40% en dollars courants » (Comité, 2008). La diminution des subventions allouées aux organes est une réalité, les pouvoirs publics n’accordant plus les mêmes montants. Une telle situation ne tient pas compte des dépenses qui elles, demeurent et même s’accroissent. Face aux fournisseurs, prestataires de service et partenaires, les charges sont à supporter car la production a un coût. Les effets d’une telle politique sont d’une part : le retrait grandissant du gouvernement avec pour implication d’abord la diminution des activités de production interne et ensuite le type d’émissions produites, lesquelles sont axées sur les côtes d’écoute, la rentabilité financière et la performance publicitaire ; autrement-dit, la disparition des émissions culturelles et de jeunesse. Cela aussi rend compte de la pénétration des règles de gestion privée dans les médias publics.

Il en est de même pour « la radio de Radio-Canada qui, pour des raisons financières, n’a pu avoir d’antennes puissantes à maintenir la moitié de ses auditeurs. Il n’existe plus de programmation en langue chinoise et ukrainienne Et l’abandon des ondes courtes a pour incidence le rétrécissement de l’audience». (Comité, 2008).

En revanche l’aide, l’appui ou le financement à la production audiovisuelle privée permet la naissance et la consolidation d’une industrie de médias privés souvent fragile. Les médias privés semblent aujourd’hui avoir une surface financière capable de rivaliser avec les médias publics. Néanmoins, la culture et le livre ne semblent pas être au cœur de leur préoccupation. La recherche de profit guidant les objectifs, les émissions culturelles sont écartées. Cela se constate aussi en Côte d’Ivoire où les médias publics, quoique bénéficiant du financement de l’Etat, ont tendance a fonctionné comme des médias privés. Entre temps, les télévisions privées n’existant on ne peut a fortiori parler de subventions. Par contre, faute d’informations recueillies sur le financement par l’Etat des radios privées, l’on peut dire que leur priorité est d’assurer la rentabilité financière d’où la nécessité de programmes à caractère commercial dans les radios privées Un autre prétexte est celui de l’insuffisance d’auteurs.

III.1.3 L’insuffisance d’auteurs

Les auteurs sont les personnes physiques ou morales qui président à la création des œuvres littéraires. Dans le contexte de notre projet, ils appartiennent à tous les domaines de la connaissance tels que présentés par les différents outils de classification (classification universelle, Dewey, thésaurus):

L’insuffisance des auteurs est souvent invoquée par les détracteurs du livre. D’ailleurs, la réalité semble justifier ce point car en Côte d’Ivoire où l’écriture est en train de se faire; les auteurs consacrés et reconnus ne sont guère plus de deux-cents et les auteurs inédits ont maille à partir avec les éditeurs a fortiori avec les médias. En revanche dans les pays développés (Canada, France,…), cet argument devient inefficace. En effet, le nombre d’auteurs au Québec selon l’UNEQ est de « 1400 » (Uneq, 2009). Leurs œuvres peuvent servir de matière pour la production des émissions littéraires aux concepts les uns aussi variés que les autres et pour une période plus ou moins longue.

III.1.4 La désorganisation de l’industrie du livre

Jacques Keable inscrit au sein des prétextes la désorganisation de l’industrie du livre. Dans l’univers occidental en général et québécois en particulier, les acteurs du livre sont connus et reconnus et fonctionnent en vertu des dispositions en vigueur. C’est en vérité le manque d’identification précise de leurs activités qui pose souvent problème. Certains acteurs se retrouvant en train d’agir sur des terrains qui ne sont pas les leurs sèment la confusion. En outre, dans un univers marqué par la concurrence, les divisions naissent ; et les divergences empêchent le livre de se faire une place dans les médias, faute d’interlocuteurs forts parce que divisés.

Pour ce qui est de la Côte d’Ivoire, l’industrie du livre encore embryonnaire, est soumise à une désorganisation résultant de la défaillance de la règlementation. Certaines maisons d’édition, auteurs, bibliothèques, imprimeries, librairies, ne sont pas clairement identifiées. Les maisons d’édition "poussent comme des champignons" en Côte d’Ivoire ; les libraires informels exercent pour la grande majorité dans la période de rentrée scolaire sans oublier que les "librairies par terre" et bouquinistes fonctionnent encore de façon informelle. Malgré l’existence de leur association, les écrivains ne sont pas tous connus et il n’y a pas de chiffres ou de données pouvant les lister.

Par ailleurs, ces structures du livre (entreprises, organisations professionnelles, institutions de gestion) ne disposent d’aucunes données statistiques pouvant permettre de constituer des banques de données. Elles ne mettent pas l’accent sur la formation de leurs agents qui apprennent sur le tas et la production éditoriale demeure encore faible.

III.1.5 Le sort des autres supports de culture

Les gestionnaires des médias portent la réflexion sur le sort des autres domaines de la culture. Que va-t-on faire des autres supports de la culture si le livre revendique une place dans les médias ? Accorder au livre une place conforme à ses revendications serait la porte ouverte à des plaintes venant de tous les autres domaines de la culture: la danse, la sculpture, la peinture,… L’égalité et la neutralité des médias notamment les médias d’Etat sont des principes au service des différentes sensibilités du public. Une telle conception est de nature à exclure la culture en tous ses points des programmes des médias ; or «c’est le mandat des médias publics de s’occuper de la culture […] et une télévision publique trahit son mandat lorsqu’elle élabore l’essentiel de sa programmation au mépris des valeurs qu’elle doit promouvoir» (Keable, 2004 op.cit.). Autrement-dit, les différents secteurs de la culture doivent faire l’objet d’une prise en charge effective par les médias. Les radios et télévisions d’État notamment doivent soutenir la promotion de la culture en tous ses aspects ; réserver des espaces d’expression aux auteurs et permettre aux publics de découvrir la culture nationale.

III.1.6 Le désintérêt du public

Ce prétexte prend en compte la réception que fait le public des émissions littéraires et de toute activité s’inscrivant dans la promotion du livre. Les téléspectateurs et auditeurs ne semblent pas intéressés par un programme qui par essence incite à la réflexion. Dans une société contemporaine submergée par le sport, les loisirs et le divertissement, la lecture devient une activité de second rang. Le public semble donc attiré par d’autres émissions et abandonne les livres.

III.2 Les aspects objectifs

Les aspects objectifs résultent du fait que «le livre fait peur » comme le dit Keable, pour diverses raisons:

III.2.1 La censure, le refus de la liberté d’expression et du débat d’idées

« On parle de censure lorsqu’on limite de façon arbitraire ou doctrinale la liberté d’expression. Elle concerne les œuvres livresques, musicales, cinématographiques et toute autre forme d’expression artistique reflétant la créativité humaine. Elle peut devenir institutionnelle ou sociale lorsqu’un groupe ou des particuliers sont privés d’information. À l’origine religieuse, la censure devint politique au fil du temps » (Wikipedia.org, 2008).

En ce qui concerne le livre, l’histoire retient qu’il est la première forme d’expression à être censurée. Et aujourd’hui encore, il fait l’objet de censure par les dirigeants imprégnés de la volonté d’exercer un pouvoir sans contredit et sans critique, l’exercice du pouvoir s’accompagnant souvent de monopole et de totalitarisme. En effet, « la censure a pour but de contrer toute remise en question du pouvoir » (Keable, 2004). Les organes de censure fondent leur action sur le fait que le pouvoir doit être respecté et on doit lui être soumis. De ce fait, toute expression allant dans le sens de la critique, se voit priver de cadres de diffusion que sont les médias. Un livre censuré ne sera pas présent ni en librairies, ni en bibliothèques et encore moins sur les médias.

Keable renchérit sur le point de la censure en indiquant qu’une telle situation a pour corollaire la négation des libertés notamment la liberté d’expression et le débat d’idées. C’est effectivement le lieu de préciser que ces libertés sont inscrites dans les droits fondamentaux de l’Homme et du citoyen ; droits universels auxquels les Etats affirment leur attachement en théorie. La pratique de la liberté d’expression dans les livres et dans les médias se fait souvent à l’épreuve des valeurs de démocratie et d’Etat de droit difficilement réalisables. Les institutions publiques et la règle de droit empreintes d’une forte dose de volontarisme, on comprend qu’elles résultent de la volonté des gouvernants auxquels elles sont soumises. Le glas de la liberté est sonné même dans un Etat dit démocratique.

Cependant, force est de constater que la position de Keable élude les cas où la censure intervient de façon légitime pour sanctionner toute expression portant atteinte à l’ordre public et aux bonnes mœurs conformément aux dispositions légales et règlementaires en vigueur. Il s’agit d’une incitation à la débauche, d’une atteinte à la pudeur par exemple ou d’une expression contraire au "jus cogens" c’est-à-dire prescrivant l’esclavage, le racisme, la violence, etc.

Les auteurs sont confrontés à la censure parce que le livre est aussi le siège des idées, ce que les médias au service du pouvoir politique, ne peuvent entériner. Permettre la diffusion d’idées divergentes de celles du pouvoir, n’est pas chose acceptable pour un média à la solde du pouvoir.

En Côte d’Ivoire, «il n’existe aucune censure sur le livre » (Sylla, 2007). Ainsi, tout livre édité ne peut faire l’objet d’un retrait du marché ou d’une interdiction quelconque quel que soit son contenu ; en outre, aucune structure n’est habilitée à censurer les livres une fois édités. Il s’agit d’une volonté affirmée par les dirigeants de favoriser non seulement la création littéraire mais aussi de respecter la liberté d’expression. La censure sur les médias est du ressort du CNCA qui a mandat de censurer tout programme sur les ondes publiques. Et ces censures, surtout institutionnelles, s’entendent de la privation de diffusion à l’attention d’un groupe ou d’un individu déterminé. Mais la censure demeure en premier lieu l’action des responsables des médias. A l’encontre des organes non publics, les sanctions peuvent aller jusqu’à la suspension de diffusion.

III.2.2 Le manque de volonté politique

La promotion du livre par les médias suppose de la volonté politique. Présente dans bien des domaines, cette volonté politique, en matière de culture et de livre est absente. La volonté politique s’entend de l’intérêt accordé au livre par les gestionnaires des structures de médias et responsables des organes de tutelle.

Tout d’abord, le manque de volonté politique s’observe dans l’organisation de l’information culturelle au sein des organes de média. En effet, l’information culturelle n’est pas autonome, elle demeure insérée dans les bulletins de nouvelles, les affaires publiques, les émissions spécialisées et les autres émissions. «Il n’existe pas de politique d’information culturelle dans les salles de nouvelles à un moment où l’information retient de plus en plus l’attention des gens» (Faucher et al, 1991, p.19). On traite l’information sans l’inscrire dans un cadre qui lui est propre et sans agents spécialisés dans le domaine; on ne lui confère pas les mêmes critères que l’information en générale. Aussi, dans les sphères de production en effet, les préoccupations portent-elles sur le sport, le divertissement, les jeux, les programmes assortis de gains financiers.

Ensuite au niveau des finances et autres moyens de production, le domaine du livre reste grandement oublié sinon marginalisé. « Si on mettait dans une émission traitant du livre et de la lecture autant d’argent que dans "la fureur" ou "omerta", on aurait un auditoire aussi grand! Techniquement c’est possible. […]La décision de produire ou non pareille émission avec tel ou tel budget, à telle heure, c’est une décision politique» (Keable, 2004, p.74-75). Les moyens ne sont pas disponibles pour les émissions du livre parce que celles-ci ne s’inscrivent pas dans les priorités, elles ne résultent pas de choix stratégiques. La côte d’écoute que peut avoir une émission est fonction des moyens qu’on y met. A cela s’ajoute la programmation de l’émission pour laquelle une bonne heure d’écoute serait utile. Fort de manquer de volonté politique, les émissions littéraires ont des concepts souvent caducs.

III.2.3 La caducité des concepts

Les émissions littéraires ont des concepts les uns aussi différents que les autres. Cependant, ils se rejoignent tous sur le fait que l’auteur d’une œuvre est amené à en discuter avec un public composé de lecteurs et d’experts. Le manque d’évolution dans les concepts n’incite pas les médias à s’appesantir sur la question du livre.

Pour certains auteurs « ce n’est pas la culture qui n’est pas vendable, c’est sa forme, sa présentation» (Faucher et al, 1991, p.37). Appliquant ce principe au livre, ces auteurs, estiment que la forme de ces émissions ne peut susciter les réactions attendues du public ; elle ne peut permettre la reconnaissance. En outre, la diffusion sur les ondes ou à l’écran laisse découvrir les mêmes dispositifs techniques de réalisation.

Du point de vue du contenu, les auteurs estiment encore que « les différents thèmes ne sont pas présentés de façon accessible ou encore […] on change de thèmes à chaque semaine. Il n’y a pas de continuité» (Faucher et al,). Une émission littéraire au contenu trop rigide ou trop léger est incompréhensible par un public qui veut se cultiver et en même temps se former sur fond d’envie. Le défaut de suivi dans les émissions rend difficile sa réception par les publics qui doivent à chaque fois reconstruire leur système de compréhension sans oublier qu’il y a des insuffisances au niveau des analyses et des critiques.

III.2.4 L’insuffisance des analyses et des critiques

On ne promeut pas pour promouvoir, on ne fait pas de promotion rien que pour de la promotion. Dans cette optique, toute politique du livre, au-delà de la promotion, doit s’induire d’un travail de réflexions et d’analyses. Les organes de médias ne sont pas conviés à être seulement des organes promotionnels. La fonction de tout média réside dans la formation, l’information et le divertissement. Les journalistes invités à se prononcer sur le sujet du livre font moins d’analyses que de simples comptes rendus descriptifs. On estime que leurs articles présentent en moyenne 20% d’analyses. Le public ayant souvent besoin de profondes réflexions pour impulser ses choix et ses goûts en matière de lecture, il n’est que peu satisfait face à une simple présentation d’un livre.

La marginalisation du livre dans les médias est un fait avéré qui relève d’une responsabilité partagée entre pouvoirs publics, acteurs des médias et ceux du livre. On assiste à une véritable désinformation en ce qui concerne le livre par rapport à des domaines tels que la musique, le sport,… Cela fait appel à une politique de médiation autour du livre.

II L’ENTREE DU LIVRE DANS LES MEDIAS

Des éléments importants vont occasionner une intrusion du livre dans les médias. Cela va donner naissance à une relation qui évoluera au fil du temps dans les différentes catégories de médias.

II.1 Les fondements de l’entrée du livre dans les médias

Des auteurs se sont intéressés à la question du livre et des médias et estiment que cette relation peut résider en divers éléments.

II.1.1 L’expression culturelle

L’homme dans sa dimension anthropologique est culture mais il a besoin d’exprimer cette culture c’est-à-dire de traduire en actes l’ensemble de ses traits distinctifs. Et il exprime cela entre autres moyens par les lettres et les arts ; dans cette optique, les médias servent de canal de diffusion de cette expression qui devient un élément catalyseur. «La culture doit être le fil conducteur de la chaîne culturelle […]. En plus, la chaîne doit être originale. Elle doit être une radio de référence dans le monde de la culture et de la littérature. Elle doit être un espace avide de littérature, de musique et de tendances nouvelles. Elle doit aussi être un lieu de découverte. La chaîne culturelle doit offrir […] à la fois un espace et un accès à la culture » (Beaulieu et al.2004, p.4). C’est une documentation assez récente selon laquelle la radio permet l’entrée du livre pour encourager, accompagner et stimuler la création littéraire. Elle sert de cadre d’expression pour les auteurs-écrivains qui font découvrir leurs œuvres en atteignant un plus large public rarement informé des événements et des œuvres littéraires. Cette entrée du livre dans la radio selon ces auteurs, naît du désir de divulguer à grande échelle la particularité et la singularité de l’art littéraire et de ses auteurs. Et au-delà, c’est l’identité culturelle qui est nourrie par la langue, les arts et servie par la radio. En outre, « la lecture est la condition de possibilité même de la culture […] et elle en est l’accomplissement par excellence […]» (Peroni, 1991, p.17). Connaître sa culture et apprendre la culture sont choses rendues accessibles par la lecture. La lecture contribue à la formalisation des systèmes de représentations et de communications, ainsi que des modes de conception de la pensée. Caractère propre à chaque communauté humaine, la culture s’incarne, s’épuise et s’achève dans la lecture pourrait-on croire. Pour d’autres auteurs, le fondement peut résider dans la démocratisation de la culture.

II.1.2 La démocratisation de la culture

Dans les années 50, le concept de démocratisation de la culture émerge en France. Il part du principe qu’en tant qu’exigence démocratique, la culture doit être apportée aux populations dans les territoires. C’est une politique de décentralisation à laquelle les radios en tant que média participent ; et les auteurs estiment que « la nécessité de démocratiser la culture amène les médias à démocratiser leurs ondes » (Cayer et al, 1979, p.8). Le corollaire d’une telle politique est la prise en compte de la diversité des intérêts du public par la variation de l’offre de programmes en y insérant des émissions sur le livre. Dans ses différents aspects, le livre est présenté aux lecteurs sur toute l’étendue du territoire. Mais c’est aussi le fait que restée pendant longtemps l’apanage des privilégiés, la culture devient un domaine social accessible à tous et pour toutes les catégories sociales. Accessibilité renforcée par l’action des radios comme c’est le cas aussi en Côte d’Ivoire.

II.1.3 L’enrichissement intellectuel et artistique

Les manifestations culturelles diffusées par les médias revêtent des formes et des contenus différents; lesquels nourrissent la vie en société. En effet, l’art par sa pluralité, reflète non seulement la diversité du genre humain mais aussi la pluralité de la création. Les médias permettent de présenter les arts sous une autre forme et avec d’autres valeurs. Ils engagent la réflexion et l’analyse, développent des concepts, renforcent des pratiques, éléments qui enrichissent la vie intellectuelle et artistique.

II.1.4 L’explosion littéraire

En réfléchissant sur la question de la promotion du livre et des médias, certains auteurs estiment à juste titre que « L’explosion littéraire résulte de trois phénomènes concordants. D’abord la place de la culture dans notre société et son rôle dans les identités locales […], ensuite celui de l’initiative locale […], enfin la transformation des pratiques de lecture » (Tetu, 2004, p.3). Il y a boom littéraire à cause de l’intérêt grandissant de la culture dans la société; elle valorise l’identité en termes de langue, de peuple, de traditions et de territoire. C’est la « culture du présent et du vivant » (Tetu, idem) qui vante le patrimoine de l’homme dans ses rapports avec son milieu. Par ailleurs, les personnes morales ou physiques, publiques ou privées, au sein d’un territoire ou d’une localité donnée s’investissent dans les activités sur les livres et participent de la sorte à sa promotion. L’explosion littéraire tient aussi à la transformation quantitative et qualitative des activités de lecture au début du vingtième siècle; activités dont les cibles sont des personnes de tout âge (enfants, jeunes, adultes, personnes âgées) provenant de plusieurs domaines d’activités. Cette explosion littéraire implique un impact sociologique du livre.

II.1.5 L’impact sociologique du livre

Expliquer le fondement de la relation livre et média consiste pour les auteurs à mettre en exergue les impacts de ces deux entités. Il en ressort que « l’impact sociologique du livre est plus profond que celui de la télévision. La télévision n’unifie ni ses publics, ni leurs pratiques. La lecture jette un pont entre les autodidactes et les diplômés et brouille un peu les clivages du champ culturel » (Establet et Felouzis, 1992). En dehors de toute intervention extérieure, la pratique de la lecture pour l’être humain lui assure information et formation. La lecture sclérose l’esprit et transmet au lecteur la connaissance en lui bâtissant une personnalité intellectuelle. En revanche, la télévision qui inspire avant tout le divertissement, se préoccupe de convaincre par les images.

«Le livre pose la réflexion plutôt que le divertissement, multiplie les opinions plutôt que la convergence idéologique, assure la diversité culturelle plutôt que l’uniformité des masses» (Keable, 2004). Par la lecture, le travail et l’effort intellectuels sont valorisés; le lecteur se forge une opinion personnelle par le développement de la critique, de l’analyse et parvient à apprécier les phénomènes sociaux sans verser dans le suivisme. La lecture offre la connaissance et la découverte de nouveaux horizons; L’acceptation et le respect de l’autre dans sa différence pour un monde de dialogue et d’échanges à l’échelle planétaire. La lecture réduit les fossés et fait tomber les barrières sociales en présentant aux lecteurs tous les savoirs contenus dans les livres. Il n’y a plus ni diplômés ni demi-lettrés car tout est matière à connaissance livresque ; choses utiles au rapprochement social.

II.1.6 «La radio, une puissance sociale» (Legendre, 1951)

Au milieu du vingtième siècle, des auteurs ont déjà l’avantage de montrer la force de la relation livre-média en mettant l’accent sur l’enjeu de cette relation pour l’épanouissement de l’être humain en tant que membre appartenant à une société. Le livre trouve un partenaire éloquent en la radio parce que celle-ci est précisément une puissance sociale c’est-à-dire que son apport demeure important dans la construction de l’éthique et la conscience sociale. En informant, formant et divertissant, la radio contribue à l’amélioration de la perception sociale comme le dit l’auteur : « la radio, source d’information, moyen d’éducation, instrument de divertissement, peut rendre l’enseignement attrayant. Au moyen de procédés, d’instruments et d’artifices qui lui sont propres, elle peut vulgariser le contenu substantiel de nombreux livres. Ce qui lui confère une autorité incomparable en même temps qu’une importante responsabilité. Partout dans le monde, elle continue d’initier aux sciences et aux arts un public autrefois isolé de toute activité intellectuelle et fermé à toute manifestation artistique. Ce public a aujourd’hui des goûts, des opinions sur une partie des trésors de l’humanité mondiale. […] Pour la majorité des humains, en effet, la culture ne peut s’acquérir et se poursuivre, s’élaborer goutte à goutte, durant une longue période d’années dans le climat studieux des salles d’étude ou la calme atmosphère d’une bibliothèque. Or, ceux qui ignorent les joies d’une telle lecture sérieuse, ceux-là la radio les sauve de l’ignorance totale, elle éveille leur curiosité, elle les éclaire et leur donne des aperçus sous une foule de questions ». (Legendre, 1951, pp.15-16).

Il appert au regard de ce point de notre revue bibliographique, que les auteurs ayant abordé dans leurs écrits la relation sur le livre et les médias apprécient de façon systémique chaque élément de cette relation pris séparément. Ils essaient de montrer les mutations sociales ayant entraîné l’intérêt pour le livre en tant que bien culturel entrant désormais dans les habitudes des populations: il naît donc une demande sociale sur la question du livre que la radio essaie de satisfaire. Mais ces auteurs ne rapprochent pas le livre des médias et spécialement de la radio ; et c’est là où Paul Legendre a du mérite car il met au grand jour cette relation en montrant que la radio suscite le plaisir et l’envie de lire ; elle réussit là où les méthodes éducatives échouent souventes fois. Elle devient une puissance sociale par son apport à l’essor des bonnes mœurs et de la conscience sociale. Mais loin de répondre à la préoccupation essentielle du sujet, ces auteurs n’apprécient guère la relation dans les sociétés à forte dose d’oralité comme la Côte d’Ivoire dans lesquelles les problèmes de scolarisation n’ayant été résolus, on n’en peut a fortiori évoquer le cas de la pratique de la lecture. La relation ainsi née entre le livre et les médias va évoluer au fil du temps.

II.2 L’évolution de la relation livre et médias

Cette évolution du livre dans les médias peut s’observer à travers les différentes catégories de médias suivants :

Le livre a trouvé fortune singulière dans la presse qui est devenue un des principaux partenaires en matière de promotion. Les journaux, quotidiens, hebdomadaires, mensuels, bimensuels, magazines,… ont constitué des moyens par excellence de promotion du livre. En effet, la presse apparaît depuis comme un « média fort » (Paul, 1991, p.63) qui s’est bâti en ce qu’il a constitué l’une des premières sources d’information. C’est le cas de « Label France » diffusé par la direction de l’écrit et des médiathèques du Ministère français des Affaires Etrangères (MAE) qui présente dans ses numéros de véritables dossiers sur le livre, les bibliothèques, … En Côte d’Ivoire, « Fraternité matin » premier quotidien, a une lucarne pour le livre sans compter les autres quotidiens dont les journalistes culturels présentent des articles sur des livres ou des auteurs.

A la radio, les émissions littéraires commencent à voir le jour sous différentes rubriques. Au Québec, l’on estime que « la radio est un média de communication sociale qui existe depuis plus de 70 ans […] » (Pagé, 2006, p.11). Sa naissance a pris en compte la nécessité de former les masses par le livre d’où l’existence des émissions littéraires. En Côte d’Ivoire, les radios naissant pour la plupart dans le privé vont s’intéresser ou pas selon leur ligne éditoriale à la production d’émissions littéraires. Les radios d’Etat ont des émissions littéraires mensuelles et des magazines culturels hebdomadaires qui incluent des chroniques sur le livre.

Dans le domaine de la télévision, "Lecture pour tous" est la première émission littéraire à avoir vu le jour en France. Elle était diffusée sur la première chaîne de la Radio Télévision Française (RTF) à partir de 1953. Elle va durer jusqu’en 1968. Elle recevra entre autres François Mauriac, Léopold Sédar Senghor (Université.deboeck.com, 2009),… Cela va marquer la naissance et le développement des émissions littéraires sur les télévisions françaises dont le point culminant sera « Apostrophes » de Bernard Pivot diffusée sur TF1 de 1975 à 1990. « Cette émission aura du succès avec des téléspectateurs variant entre 1,7 et 4,3 millions » (Keable, 2004, p.77). En Côte d’Ivoire, on a les premières émissions dans les années 70 lorsque l’éducation était soumise au système télévisuel. Aujourd’hui, la libéralisation de la télévision n’est pas effective mais la télévision dispose de trois émissions dont une suspendue (Pleine page).

Présenté pour la première fois en Avril 2000, le livre électronique entre dans le commerce en Décembre 2000. « Avec internet, on a un nouvel aspect de présentation matérielle des connaissances » (artezia.net, 2008). En effet, le bouleversement se perçoit au niveau du texte qui défile désormais sur un écran, changeant de ce fait la manière d’appréhender la connaissance. A l’opposé du livre traditionnel, le livre numérique nécessite un support électronique encore difficile d’accès en Côte d’Ivoire d’où la nécessité de travailler sur le livre traditionnel.