mercredi 18 mai 2011

RADIOS DE PROXIMITE ET PROMOTION DU LIVRE DE LANGUE FRANCAISE POUR LA PRODUCTION D’EMISSIONS LITTERAIRES RADIOPHONIQUES EN CÔTE D’IVOIRE

Présent depuis l’aube des temps, le livre n’a cessé de transmettre aux lecteurs la connaissance sur moult sujets. Il a traversé les siècles sous diverses formes tout en conservant son caractère de support de communication. Avec l’émergence des autres médias parmi lesquels la radio, des changements sociaux s’opèrent. En effet, « la radio est aujourd’hui le véritable média de masse qui a systématiquement changé la vie des êtres humains. Ce faisant, elle a su imposer une conception radicalement différente de la vision du monde, des pensées et des mœurs » (Assovie, 2001, p.7). La radio a contribué contrairement au livre, à toucher en même temps un grand nombre de personnes rassemblées autour du poste récepteur ; personnes qu’elle a informées, formées et diverties. Son attraction exercée sur les masses a fait croire qu’elle se pose souventes fois en s’opposant au livre et à la lecture qui relève du registre individuel.

Livre et radio : des médias en concurrence ?

La relation livre et radio invite à poser un regard critique sur « la concurrence réelle ou imaginaire » (Establet et Felouzis, 1992, p9) censée exister entre ces deux médias surtout avec l’avènement, depuis les années 90, des radios de proximité sur toute l’étendue du territoire ivoirien, objet de cette analyse. Cette relation livre et radio alimente aujourd’hui des réflexions et des propositions d’actions dont cette étude, quant à promouvoir le livre et partant la culture par le biais des radios de proximité.

En Côte d’ivoire comme partout ailleurs, la baisse voire la disparition des pratiques de lecture s’effectue en partie au profit des divertissements diffusés par les radios. Les bibliothèques et centres de lecture sont délaissés par les populations et précisément les élèves attirés par les loisirs. En outre, les grilles de programmes des médias offrent très peu de place aux émissions littéraires. La Radiodiffusion télévision ivoirienne (RTI) diffuse des émissions musicales sur « RTI music » du lundi au vendredi de 09h à11h sur « la première » et de 14h à 16h, sur la deuxième chaîne de télévision contre une émission littéraire sur chacune de ces chaînes. Une seule émission littéraire existe sur les deux stations radio dont l’une (fréquence 2) est dédiée au divertissement. Au Québec, CIBL radio Montréal, dispose d’une seule émission sur le livre intitulée "le troisième titre" ; à la société Radio-Canada, à la suite de la disparition de la chaîne culturelle, les émissions littéraires ont disparu avec la nouvelle administration désireuse de rentabiliser la chaîne, vu la baisse des subventions gouvernementales. A la Radio Centre-Ville (RCV), le constat est le même ; une émission littéraire "quai des partances", existe dans l’équipe francophone et une autre dans l’équipe hispanophone : "poesia libre". Avec le stage, la grille des programmes s’est enrichie d’une émission sur la littérature africaine de langue française "plumes du sud" pour la programmation été 2008 (voir annexe).

La marginalisation du livre serait de nature à modifier les pratiques de lecture. Aussi, pour le développement de la lecture, du livre et partant de la langue française, la radio aurait-elle manqué sa mission d’éducation, au profit de l’information et/ou du divertissement, le plus souvent pour des raisons mercantilistes.

L’industrie du livre en Côte d’Ivoire

Le livre en tant que bien culturel et économique, présente des enjeux justifiant une analyse de sa situation en Côte d’Ivoire. Il demeure politiquement un lieu d’exercice pour l’Etat de ses fonctions régaliennes partant de la règlementation, l’impulsion à l’évaluation; il offre un cadre d’expression et de négociation, des différends entre politiques et constitue une interface culturelle utile aux gouvernants et aux gouvernés. Il sert de base à l’élaboration et au renforcement des politiques en matière d’éducation, de santé. Economiquement parlant et malgré la prédominance du secteur informel, l’industrie du livre demeure une source de revenus et de richesses importantes au développement des Etats. Ainsi, « le salon international du livre d’Abidjan de 2004 a réuni des éditeurs dont 24 entreprises pour la plupart des vendeurs et acheteurs de livres d’Afrique occidentale et centrale dans 163 négociations potentielles et des transactions pour un montant total de 1,003 milliards de FCFA » (Rapport AIF-CCI/CNUCED, 2005). En outre, « les imprimeries ivoiriennes produisent 7 millions de livres par an » (SILA, 2008). Avec « un chiffre d’affaires de 26 milliards de FCFA, la filière emploie environ 1700 personnes » (Annuaire, 2008). Son importation nécessite des mesures fiscales découlant des protocoles de Florence, Nairobi et du cadre juridique de l’Uemoa. Au niveau social, le livre contribue à la promotion de la culture et de la diversité culturelle, et à la dénonciation des inégalités sociales et des situations issues de la crise ivoirienne actuelle. Le livre est un facteur de développement pour sa contribution à l’économie nationale. Comparé au Québec, « le chiffre d’affaires des maisons d’édition est de 390 mille dollars et la filière livre procure 10 522 emplois » (Anel, 2008).

Problématique et plan

Radios de proximité et promotion du livre en Côte d’Ivoire se veut une étude sur la place du livre dans les radios c’est-à-dire le livre et l’action des radios de proximité pour sa diffusion. La promotion est une activité qui relève en premier lieu de la responsabilité des structures du livre. Mais les médias, comme moyen d’atteindre les masses, peuvent soutenir cette promotion par le biais des radios de proximité. La société ivoirienne étant une société d’oralité, la lecture y demeure une activité dont le fondement a une valeur occidentale ; les populations ne s’en sentent pas imprégnées. A cela s’ajoute le faible taux de scolarisation (42,4%) (Sylla, 2007) des populations qui s’avère un handicap pour toute politique du livre. En outre, la dimension économique encore difficile de ce pays a des répercussions sur le pouvoir d’achat du livre, les populations s’attelant à la satisfaction des besoins vitaux (se nourrir, se loger, se vêtir). Par ailleurs, en tant que bien culturel, le livre est une marchandise qui n’apporte ni rivalité, ni exclusivité dans sa consommation.

Quelle est la place du livre dans les médias ivoiriens et précisément les radios de proximité ? Quel serait l’apport des radios de proximité dans la promotion du livre en Côte d’ivoire ? Pourquoi et comment y parviennent-elles ?

Répondre à ces questions nécessite une approche définitionnelle des notions de base. Les concepts étant polysémiques, il convient de préciser leur contenu et leur application au contexte de la présente étude. En outre, cette recherche s’inscrit dans l’environnement de la Côte d’ivoire, espace à présenter dans ses aspects politiques, socioculturels et démolinguistiques. C’est le lieu d’exposer la situation du livre et de la radio dans ce pays. Aussi, l’analyse des auteurs ayant abordé la question sera-t-elle ressortie tout comme les méthodes de recherches scientifiques (systémique, historique, fonctionnaliste) ainsi que les techniques de recherche (enquête, interviews, observation participante). A cela s’ajoute l’expérience professionnelle du stage à la Radio Centre-Ville (RCV) de Montréal. Ce sont là autant d’éléments permettant d’apporter quelques réponses. Cette étude a souffert de quelques écueils dus à la situation actuelle de la Côte d’Ivoire, à l’absence de ressources documentaires, matérielles, à l’insuffisance et à l’obsolescence des statistiques viables sur la question du livre. C’est pourquoi la présente étude se repartit dans les quatre chapitres suivants :

- Dans le premier, il s’agira de faire l’état des lieux de l’environnement du livre et de la radio en Côte d’Ivoire, comparaison faite aux situations québécoise et égyptienne. Le cadre juridique et institutionnel sera présenté suivi du développement de la problématique.

- En second lieu, nous ferons appel aux auteurs à travers la revue de littérature, laquelle fera ressortir la relation livre et médias. En effet, fort de préciser les fondements de cette relation, son évolution sera retracée pour arriver à la situation actuelle de la marginalisation du livre dans les médias puis de la médiation comme remède possible.

- Dans un troisième temps, nous indiquerons la méthode d’approche pour une revalorisation du livre dans les radios de proximité. A ce niveau, nous préciserons, outre les méthodes et techniques de recherche utilisées, les solutions découlant de notre expérience du stage à la RCV avant de terminer sur la reconsidération du cadre juridique et institutionnel.

- Enfin dans le quatrième chapitre, nous présenterons les perspectives du livre pour les radios de proximité. Celles-ci partent des résultats de l’enquête effectuée pour aboutir à la présentation de notre projet professionnel : "parlons Livre ! ".


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