La Côte d'Ivoire a connu de graves moments qui ont achevé de convaincre sur le fait qu'aucun État dans le monde détient le monopole de la violence. Dans leur course vers la réalisation, les sociétés traversent des zones de violence qui deviennent ainsi le marqueur de leur histoire.
Mais quand les êtres humains arrivent à s'entre-déchirer, il est normal de se tourner vers les entités qui demeurent des points de repères sociaux en raison de leur fondement, de leur nature et leurs objectifs. l'un des repères les plus significatifs est celui de la religion, notamment la religion chrétienne dans son versant protestant évangélique.
Ce versant est celui que je connais le mieux parce que je le fréquente, je l'étudie et je le vis. Le versant catholique étant étranger à ma conception de la chrétienté, je ne m'y hasarderai guère.
En remontant dans le temps, on se rend compte que la Victoire de Laurent Gbagbo à l'élection présidentielle de 2000, a été un peu perçue comme la victoire des chrétiens évangéliques dans leur ensemble, car pour la première fois, un chrétien évangélique accédait au trône.
En plus, par la suite, l'on a vu le développement des Églises et l'envolée spectaculaire prise par le mouvement évangélique avec son lot de créations de ministères, de conversions, de programmes d'évangélisations, de moments de réveil et manifestations de la puissance de l'Esprit Saint. La dynamique s'est voulue beaucoup plus forte par l'engagement orbi et urbi du couple présidentiel Gbagbo dans les activités chrétiennes, soutenant activement l'oeuvre de Dieu. Ce qui n'empêchera le respect des autres religions et des actions similaires.
La relation entre le peuple de Côte d'Ivoire et son président a pris des allures davidiques à travers lesquelles, le peuple voit en son leader le choix de Dieu, l'oint de l'Eternel. Aussi, les rassemblements et meetings politiques se transforment-ils toujours en réunion de prière où le nom d'Elohim est invoqué. les leaders politiques des partis proches du pouvoir Gbagbo ont toujours eu des versets bibliques sur les lèvres. La télévision nationale publie des chants chrétiens, des messages chrétiens et des prières chrétiennes.
Aussi, dans la crise que connaît la Côte d'Ivoire depuis 2002, l'image spirituelle d'un David contre Goliath est-elle toujours perçue. En effet, il est vrai que l'origine de la crise est spirituelle car les évènements physiques ont leur explication dans le spirituel. Et quand la Côte d'ivoire connaît les élections de 2010, les prédications sont de plus en plus virulentes dans les temples.
La mise en avant de textes bibliques tels que Deutéronome 17 ont ravivé la flamme patriotique et insufflé une volonté clairement affichée de l'Église de voir son candidat parvenir à la victoire. Mais est-ce le choix de Dieu en cet instant T? Ces textes mettent en avant l'occupation de la tête d'un État par un authentique natif du pays.
Dans les violents combats qui ont fait morts et destructions, l'Église espérant fortement la délivrance des ennemis de notre nation par Dieu, priait et jeûnait quatre mois auparavant contre les mauvais esprits. Elle a engagé toute son énergie à croire en la victoire du Président Gbagbo.
Aujourd'hui, Gbagbo est tombé, mais les plus acharnés continuent comme Israël d'attendre le messie promis. En effet, selon eux, Dieu n'a pas dit son dernier mot. A côté de cela un très grande partie des chrétiens connaît une foi ébranlée car les prophéties ne se sont pas réalisées, les promesses ne se sont pas accomplies et les messages se sont avérés des mensonges.
La vérité est que l'Église a affiché une position pour laquelle il faut se demander si elle est vraiment la position de Dieu? L'Église n'aurait-elle pas pu conseiller dès le départ des dissensions la position de la prostituée véritable mère qui a proposé que l'enfant soit donnée à l'imposteur; mais l'enfant lui est revenu car la justice de Dieu s'est accomplie.
Il faut plus que jamais à l'Eglise de Dieu de garder le silence et laisser Dieu agir. Cela prendra le temps qu'il faudra pour panser les plaies et guérir les coeurs, car le temps est l'autre nom de l'Eternel.
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