mercredi 18 mai 2011

I DISCUSSION

La discussion se fait à deux niveaux : la définition des variables et la présentation des résultats assortie de l’interprétation des données de l’enquête.

I.1 La définition des variables

Cinq variables ont été retenues en ce qui concerne l’enquête réalisée dans le cadre de cette étude. Il s’agit du statut des enquêtés, de l’écoute de la radio, des émissions radiophoniques, du projet de nouveau média et de l’intérêt pour le livre et la lecture.

I.1.1 Le statut des enquêtés

Cette variable permet de saisir le choix et les préférences d’une population type en matière de livre et radio en tenant compte de leur statut. Ce statut repose sur trois axes précis : la profession, le secteur d’activités et l’administration concernée.

Les personnes ayant répondu à l’enquête ont dû préciser leur profession qui part de l’élève au travailleur en passant par l’étudiant sans oublier les autres cas (sans emplois par exemple). Une telle rubrique permet de déterminer le rapport avec le livre et la radio pour chaque catégorie sociale.

L’activité économique se répartit en différents secteurs que sont: le secteur primaire, le secteur secondaire, le secteur tertiaire et on ajoute aussi le secteur informel qui en Afrique, est pourvoyeur de richesses. On peut découvrir à ce niveau que la masse critique d’auditeurs et lecteurs potentiels porte une appréciation, des critiques et des goûts différents sur les émissions littéraires.

Appartenir à l’administration publique ou privée présente des implications car l’administration publique est fortement implantée y compris à l’intérieur du pays où les radios de proximité sont présentes mais les bibliothèques souvent inexistantes. Les horaires de travail de ces fonctionnaires et des agents du privé ainsi que les heures d’ouverture des établissements scolaires ont une implication dans la programmation des émissions littéraires.

Le statut des enquêtés permet de comprendre l’explication que chacun donne à la radio et au livre quand on sait que ces deux entités sont douées de sens. Les intellectuels et autres cadres sont portés sur les grands documentaires, les informations, les dossiers alors que les populations du secteur primaire et informel aiment les émissions adaptées à leur contexte socioculturel.

I.1.2 L’écoute de la radio

Dans cette variable, l’accent est mis sur : le moment d’écoute de la radio dans la journée et dans la semaine, la nature du récepteur pour l’écoute de la radio, le type et les organes de radios écoutés. La variable dont il s’agit, définit dans le temps la relation de l’enquêté avec la radio pour justifier ou infirmer le fait que la radio est très enracinée dans la culture africaine. Elle rend compte du type et du média radio le plus prisé par les populations c’est-à-dire celui qui a le plus d’audience et par conséquent permet de cerner le type de propositions à faire.

I.1.3 Emissions radiophoniques

Sont identifiés dans cette variable: les grands types d’émissions, le soutien des radios ivoiriennes au livre et à la lecture, l’écoute des émissions culturelles et éducatives, l’écoute des émissions littéraires, la connaissance des émissions littéraires existantes aussi bien à la télé qu’à la radio. C’est en substance le lieu de préciser la situation des émissions éducatives et culturelles et plus particulièrement des émissions littéraires auxquelles s’ajoute l’intérêt pour les auditeurs. Par ailleurs se pose la question de la connaissance des émissions littéraires existantes sur le livre, signe d’attention portée à la cause du livre.

I.1.4 Nouvel organe de radio ou nouveau média

L’enquête ayant pour but ultime d’analyser une situation et faire des propositions, l’une d’entre elles à long terme est la création d’une radio culturelle axée sur la promotion du livre et à court terme une émission littéraire corrigeant dans son concept les défaillances de celles qui existent.

I.1.5 Intérêt pour le livre et la lecture

Cette variable donne des informations sur la fréquence dans la lecture, le lieu de lecture, le type d’ouvrages lus, le rapport aux bibliothèques, librairies et événements relatifs au livre. Le livre est l’enjeu central de cette étude qui a pour objectif de le rendre plus présent dans les habitudes des populations, de l’institutionnaliser. Prendre en compte ces paramètres permettra d’élaborer le concept d’émission radiophonique qui réponde aux attentes des populations.

I.2. Présentation des résultats et interprétation des données de l’enquête

Les résultats et leur interprétation sont fonction des variables énoncées ci-dessus. Ils font appel à une analyse à la fois qualitative et quantitative des informations collectées.

I.2.1 Statut des enquêtés, Ecoute de la radio et Emissions radiophoniques

Tableau 9. Le statut des enquêtés et les paramètres d'écoute

Variable

Nombre

%

Variable

Nombre

Pourcentage

profession

Elèves

Etudiants

Travailleurs

Autres

2

3

19

-

8,5%

12,5%

79%

-

Moment

Chaque matin

Chaque midi

Chaque soir

Au cours de la semaine

Deux jours dans la semaine

Chaque jour

La veille

13

3

14

4

3

12

6

54,16%

12,5%

58,33%

16,66%

12,5%

50%

25%

Secteur d’activité

Primaire

Secondaire

Tertiaire

Informel

-

2

12

5

-

10,52%

63,15%

26,31%

Lieu d’écoute

A la maison

Au travail

18

4

75%

16,66%

Administration

Publique

Privée

9

10

47,37%

52,83%

Poste récepteur

Satellite

Internet

Cellulaire

-

3

6

-

12,5%

25%

La population enquêtée – à Abidjan et à Adiaké - fait ressortir une grande proportion de travailleurs (79%), suivent les étudiants et les élèves. Ces travailleurs relèvent pour la plupart du secteur tertiaire (63,15%) et du secteur informel très présent en Côte d’Ivoire (26,31%). Le secteur informel renforce la présence du privé (52,83%) face au public (47,37%).Toutes ces données permettent de façonner les émissions en tenant compte des goûts de ces auditeurs potentiels (documentaires pour les cadres et fiction pour les élèves et agents de l’informel). Les heures de diffusions des émissions tiendront compte des heures de travail et de cours. La présence du secteur informel et celle du secteur secondaire fait comprendre que le projet d’émissions littéraires doit prendre en compte les réalités socioculturelles de l’espace et du temps. C’est ainsi qu’un accent particulier sera mis sur le livre ivoirien, africain et francophone.

L’écoute présente des résultats relatifs au moment, au lieu, à la nature du poste récepteur et au type de radio écoutés. Le moment propice pour écouter la radio est le soir (58,33%), ensuite le matin (54,16%). On comprend aisément qu’il s’agit de la période entre la sortie du lit et le départ pour le travail ou les cours surtout que la maison est le lieu d’écoute par excellence (75%) ; et de la descente le soir jusqu’au coucher. Ces données qui reflètent les heures de grande écoute, sont utiles à la programmation des émissions littéraires ; il s’agit en conséquence d’assurer la diffusion et la rediffusion des émissions dans ces périodes de temps. Il semble que les TIC (internet 12,5% et le cellulaire 25%) n’ont pas encore percé le monde de la radio, reçue par les canaux encore traditionnels pour la grande majorité des auditeurs.

Tableau 10. Les radios écoutées et les émissions les plus écoutées

Radios

Nombre

Pourcentage

Radios d’Etat

Radio Côte d’Ivoire

8

33,33%

Fréquence 2

6

25%

Radios commerciales

Nostalgie

4

16,66%

Jam FM

7

29,16%

Radios de proximité

7

29,16%

Radios religieuses

15

62,5%

Radios institutionnelles

-

-

Radios rurales

-

-

Radios écoles

-

-

Radios étrangères

8

33,33%

Emissions

Bulletin d’information

Emissions spécialisées

Emissions musicales

Affaires publiques

Emissions culturelles

17

4

9

3

13

70,83%

16,66%

37,5%

12,5%

54,16%

Emissions connues

A la télé

A la radio

10 P.

1P.

41,67%

4,16%

Il ressort à la lecture de ce tableau que les radios religieuses sont les plus écoutées (62,5%). La Côte d’Ivoire ne serait-elle pas croyante? Cela signifie que ces radios peuvent être un partenaire important à explorer sauf que leur ligne éditoriale est par essence distincte et différente du projet. Viennent ensuite les radios d’Etat (33,33%) et étrangères (33,33%), disponibles dans les capitales et autres grandes villes; enfin les radios de proximité (29,16%) en tant que relais des radios d’Etat se font une place dans cet univers médiatique en atteignant les zones reculées du pays. On perçoit bien que les auditeurs ont toujours besoin d’information (70,83%), c’est le lieu d’insérer autant que possible des informations sur le livre et la lecture (un journal littéraire de 3 minutes par exemple). Suivent les émissions culturelles (54,16%), signe qu’un bon projet d’émission littéraire pourrait captiver. Les émissions musicales demeurent prisées (37,5%). Les émissions d’affaires publiques demeurent le lieu d’insertion de chroniques littéraires. Cependant les émissions radiophoniques existant sur le livre sont méconnues. Seulement 4,16% des enquêtés en connaissent. Cela peut s’expliquer par l’usage de stratégies inappropriées occasionnant le désintérêt du public.

Tableau 11. Besoins exprimés

Les radios font-elles la promotion du livre ?

Les radios font-elles la promotion de la culture ivoirienne ?

Ecoutez-vous les émissions culturelles et éducatives ?

Ecoutez-vous les émissions littéraires ?

Souhaiteriez-vous des émissions littéraires avec nouvelle formule ?

Aimeriez-vous voir naître et écouter une radio culturelle axée sur la promotion du livre ?

Les animateurs des émissions littéraires et culturelles sont-ils compétents ?

Oui

11

(45,83%)

6

(25%)

4

(16,66%)

23

(95,83%)

20

(83,33%)

7

(29,16%)

Non

11

(45,83%)

2

(8,33%)

3

(12,5%)

3

(12,5%)

4

(16,66%)

5

(20,83%)

Pas assez

11

(45,83%)

8

(33,33%)

10

(41,67%)

1

(4,16%)

Rarement

4

(16,66%)

15

(62,5%)

Il est clair que les radios en Côte d’Ivoire ne font guère la promotion du livre pour 45,83% des enquêtés et pas assez pour le même pourcentage. A cet effet, on retient que 62,5% estiment écouter rarement les émissions littéraires, 41,67% pas assez et 16,66% les écoutent. Mais dans l’ensemble il y a un réel besoin d’innovation dans les concepts d’émissions littéraires (95,83%). La création d’une radio du livre est souhaitée par 83,33% des enquêtés qui estiment, en outre, que les animateurs doivent être compétents (20,83%). Il en découle que la professionnalisation doit être au rendez-vous de l’innovation avec des animateurs formés à la communication culturelle dans des écoles spécialisées et susceptibles d’attirer les publics.

I.2.2 Intérêt pour le livre et la lecture

Tableau 12. Livre et lecture

Beaucoup

Souvent

Rarement

Pas du tout

Lisez-vous ?

5

(20,83%)

11

(45,83%)

7

(29,16%)

Fréquentez-vous les bibliothèques ?

7

(29,16%)

5

(20,83%)

4

(16,66%)

6

(25%)

Achetez-vous des livres ?

7

(29,16%)

4

(16,66%)

8

(33,33%)

3

(12,5%)

En dehors des livres inscrits au programme scolaire, faites-vous des achats de livres en librairies ?

5

(20,83%)

5

(20,83%)

6

(25%)

7

(29,16%)

Participez-vous aux événements sur le livre ?

6

(25%)

14

(58,33%)

Comme le montre le tableau ci-dessus, la lecture est une activité souvent pratiquée par 45,83% des enquêtés et rarement pratiquée par 29,16% d’entre eux. Les bibliothèques sont fréquentées par 29,16% d’entre eux quand 25% n’y vont pas du tout. 33,33% de ces personnes achètent rarement des livres pour 29,16% qui en achètent beaucoup. Les achats spontanés c’est-à-dire en dehors d’ouvrages au programme ne se font pas du tout pour 29,16% et 20,83% en font. Les événements sur le livre n’intéressent pas du tout 58,33% des enquêtés contre 25% qui y participent. Les pratiques de lecture ainsi présentées nécessitent une politique de promotion du livre grandement innovée impliquant à la fois les médias, les librairies, les bibliothèques et les écoles.

Tableau 13. Paramètres de lecture

Moment de lecture

Lieu de lecture

Types d’ouvrages

Matin

Midi

Après-midi

Soir

Nuit

Maison

Travail

Autobus

Voiture

Bibliothèque

Documentaires

Presse

Références

Fiction

Nombre

6

1

8

5

6

17

5

1

1

2

12

13

3

11

pourcentage

25%

4,16%

33,33%

20,83%

25%

70,83%

20,83%

4,16%

4,16%

8,33%

50%

54,16%

12,5%

45,83%

Selon le Tableau 5 ci-dessus, les enquêtés aiment pour la plupart lire l’après-midi (33,33%), puis la nuit (25%) et le matin (25%). Ils lisent aussi à la maison (70,83%) et sur le lieu de travail pour 20,83% d’entre eux. Ce sera donc l’occasion de les accompagner dans leur lecture avec des émissions. La presse (54,16%), les documentaires (50%) et les œuvres de fiction (45,83%) sont parmi les plus consultés. Après les romans (66,66%), la nouvelle (33,33%), les essais et la poésie (29,16%), viennent les contes (12,5%). Les types d’ouvrages et les genres littéraires ainsi présentés vont déterminer le contenu des émissions littéraires pour des cibles précises.

Au regard de ce qui précède, il est possible d’asserter qu’en Côte d’Ivoire les radios religieuses sont les plus écoutées selon 62,50% des enquêtés ; avant les radios de proximité qui viennent en troisième position (29,16%). Le moment d’écoute par excellence est le soir (58,33%) et le lieu de lecture adéquat est la maison (75%). Après les bulletins d’information (70,83%), les émissions culturelles sont appréciées des populations (54,16%). Les ouvrages documentaires (50%) et les œuvres de fiction (45,83%) sont appréciés des lecteurs. A côté de cela, 95,83% des enquêtés veulent avoir des émissions littéraires de type nouveau.

Ces données collectées lors de l’enquête nous permettent d’aboutir à la présentation du projet portant sur le livre et la radio.

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