Evoquer la relation du livre et des médias semble à première vue réaliser une alchimie de substances antithétiques. Le livre s’est toujours présenté comme vecteur de réflexion quand les médias eux verseraient dans le divertissement. Cependant, l’expérience a montré et continue de démontrer que l’interaction est souvent utile pour la formation de l’esprit critique et l’information des masses d’où l’entrée du livre dans les médias. Dans le cadre de la présente étude, la relation livre et médias fait appel à des notions qui méritent d’être définies et pour cela, nous nous sommes fondés sur un certain nombre d’ouvrages.
I : APPROCHE DEFINITIONNELLE
Les notions à définir sont celles du livre, de promotion et des radios de proximité.
I.1 Le livre
Après avoir connu une évolution à travers le temps, passant par des tablettes, le volumen, le papyrus, le livre devient manuscrit avant de connaître une ère industrielle avec l’invention de la presse par Gutenberg. C’est l’imprimerie qui va marquer la démocratisation du livre jusqu’à la fin du 20e siècle où l’on parle du livre électronique. Quelles que soient les formes qu’il ait connues, le livre a des fonctions principales qu’on lui reconnaît. Il représente un support d’écriture en ce sens, le livre comporte un ensemble de signes qui, déchiffrés expriment une idée, livrent un message. Le livre contient des images et/ou des textes relatifs à un sujet ou un domaine précis. Le livre est aussi et avant tout un document textuel. Il vise la diffusion et la conservation de textes de nature variée à un public présent ou futur. En effet, la diffusion est une fonction essentielle du livre car tout livre est destiné à un public qui doit en prendre connaissance. Aussi, le livre est-il un instrument de conservation de l’information et partant, du patrimoine pour les générations futures car il peut, par la technique de la réédition et les méthodes de conservation, se transmettre au fil des âges.
En 1964 déjà, l’UNESCO dans la définition qu’elle retient du livre, estime qu’il s’agit d’une « publication n’étant pas périodique, qui est imprimée et qui compte au moins 49 pages » (Cnrtl.fr, 2008). Ainsi n’est pas un livre un document ne respectant pas ces critères ; autrement-dit, cette définition exclut tout document inférieur à 49 pages : les périodiques et autres supports (magazines, presse,..) qui font l’objet de publications à des périodicités régulières ne sont pas des livres. La définition de l’Unesco est assez restrictive en ce qu’elle réduit le domaine de définition du livre aux monographies.
Plusieurs autres définitions sont données au livre partant de l’approche selon laquelle « il est un document transportable, formant une unité et conçu comme tel » (wikipedia.org, 2008). Selon cette approche, le livre, dans sa conception et sa fabrication, est destiné à être consulté pour recherche, information ou divertissement. Le livre forme un tout indivisible et quand même il est reparti en plusieurs volumes, chacun d’eux représente un livre. Cependant, la transportabilité du livre est remise en cause vu l’avènement du livre électronique. En outre, un livre publié à titre personnel serait-il encore un livre et qu’en est-il du livre électronique abordé tantôt, vu qu’il n’est pas objet matériel ? Pour d’autres, il représente la « subdivision d’un ouvrage contenant plusieurs chapitres » (Gloubik.info, 2009). Une telle approche ne rend pas compte du livre en tant qu’objet matériel, ce qui nous intéresse au contraire.
Vu les difficultés rencontrées dans la définition du livre l’on s’est tourné en France vers une définition légale ; or la loi française, comme partout ailleurs, n’en propose aucune. En revanche, selon l’administration fiscale en 1971, « le livre est un produit bénéficiant d’un taux de TVA réduit de 5,5% » (Arpel.aquitaine.fr, 2008). Le plus important dans cette définition fiscale est la valeur attribuée au livre en tant que bien économique. Et il semble que l’application d’une fiscalité réduite résulte d’une volonté politique française de promouvoir le livre et d’assurer la rentabilité de la filière. On pourrait parler d’une discrimination positive du livre encore inexistante en Côte d’Ivoire. Mais toujours en 1971, la Direction générale des impôts semble apporter une définition fort inclusive. Selon la circulaire 3C-14-71 du 30 Décembre de ladite direction, « Un livre est un ensemble imprimé, illustré ou non, publié sous un titre ayant pour objet la reproduction d'une œuvre de l'esprit d'un ou plusieurs auteurs en vue de l'enseignement, de la diffusion de la pensée et de la culture […] » (Arpel.aquitaine.fr, 2008). Cette définition a le mérite d’être large car, à la différence de l’Unesco, les fiscalistes mus par l’intérêt pécuniaire, laissent ouverte cette définition dans laquelle on peut inscrire les périodiques, magazines. Elle pose surtout des conditions de fond et de forme: dans la forme, les ensembles imprimés sont considérés comme des livres et non plus seulement les grands volumes imprimés. Dans le fond, « il faut un enrichissement de la pensée » (Arpel.aquitaine.fr, 2008) et tout document ayant l’apparence d’un livre ne saurait être considéré comme tel selon l’administration fiscale, s’il y a absence d’apport intellectuel. L’innovation technologique semble constituer la limite principale de cette définition car « que dira-t-on du livre sur cédérom qui supporte une TVA propre au disque » (Arpel.aquitaine.fr, 2008) ? Et quid du livre électronique qui est une véritable pomme de discorde entre les éditeurs traditionnels et les éditeurs électroniques quant aux subventions ?
Dans le cadre de notre projet professionnel, nous retenons que le livre inclut les monographies, les grands volumes et les ensembles imprimés ainsi que les périodiques à caractère scientifique. Il s’agit concrètement des œuvres de fiction (romans, nouvelles, théâtres, contes, poésie), des ouvrages documentaires ainsi que des périodiques selon la classification de Dewey par exemple, les livres pour enfants, les livres de jeunesse et les ouvrages de référence. Ces différentes catégories peuvent faire l’objet d’une promotion radiophonique avec des séries d’émissions auprès des publics.
I.2 La promotion
Dans la chaîne du livre, la question de la promotion est une fonction économique qui nécessite une activité accrue de la part de l’éditeur ou du diffuseur-distributeur. En effet, le diffuseur-distributeur qui s’approvisionne chez l’éditeur selon les règles du marché de gros, a pour mission de les écouler. Pour cela, il lui faut développer un ensemble de stratégies en vue de vendre. Mais vu l’insuffisance du maillon de la distribution en Côte d’ivoire, les éditeurs effectuent directement cette tâche. Dans cette optique, la promotion peut s’induire de l’activité exercée par ces acteurs en vue de la commercialisation du livre. Ceux-ci disposent de services commerciaux en leur sein qui se chargent de repérer des points de vente sur toute l’étendue du territoire : librairies, épiceries, marchés, grandes surfaces, kiosque, bibliothèques,…en présentant aux opérateurs économiques détaillants les différents catalogues d’éditeurs.
Parler de promotion dans le cadre de notre projet professionnel nous amène à appréhender la définition suivante qui semble adéquate : « la promotion est l’action de promouvoir, de développer, de favoriser […] c’est aussi l’ensemble des techniques utilisées pour améliorer et développer […] » (Dictionnaire universel, 1995). Il en résulte que la notion de promotion s’inscrit à un double niveau. D’abord l’objectif de la promotion est de développer c’est-à-dire de rendre meilleur, de permettre l’essor et cela fait appel au second niveau qui est matériel car nécessitant des techniques, des stratégies, pour créer une dimension plus grande. La promotion du livre pour le projet professionnel, s’applique aux radios de proximité et consiste à employer des mesures et des stratégies les unes aussi variées que les autres dans le but de développer la lecture en Côte d’Ivoire. L’objet de cette promotion est donc les médias et plus particulièrement les radios de proximité. Cette promotion se perçoit à travers l’ensemble des émissions et des programmes que l’on peut avoir sur le livre.
I.3 Les radios de proximité
Les radios de proximité, présentes et très implantées en Afrique ont fait l’objet d’études par les auteurs de par le monde. Certains voient en elles la définition suivante : « nous entendons par radio de proximité, les radios proches de leurs auditeurs, que ceux-ci fréquentent leur installation ou seulement leurs animateurs, que leurs préoccupations entrent en ligne de compte dans les émissions » (Tudesq, 2002). On admet au regard de cette définition que le critère territorial est pris en compte car la radio de proximité a une compétence locale ; elle est par définition proche de l’auditeur de par son installation et le contenu de l’information diffusée. Mais c’est surtout l’implication des auditeurs dans la vie et le fonctionnement de la radio de proximité qui est déterminante. L’élaboration des programmes demeure en grande partie tributaire des auditeurs qui reçoivent les émissions. Ces émissions s’inscrivent dans leurs réalités quotidiennes : le système scolaire, les activités professionnelles, économiques, sociales et culturelles.
Les radios de proximité se définissent aussi « selon une grande diversité de situations selon le milieu rural ou urbain, selon les pays, et une grande diversité des statuts : radios associatives ou communautaires, certaines radios religieuses, certaines radios publiques locales ou même certaines radios locales privées. La terminologie varie selon les pays » (Tudesq, 2002). Cette définition de Tudesq semble assez large pour appréhender de façon concrète la radio de proximité. Elle inclut dans le concept de radio de proximité une certaine radio aux statuts les uns aussi différents que les autres. Qu’elles soient en ville ou en zone rurale, ces radios de proximité peuvent avoir un caractère religieux, public, associatif ou communautaire et être même des radios privées. L’auteur précise toutefois que le statut de radio de proximité ramène à un concept dont la terminologie est variable selon la société ou le pays concerné. Autrement dit, chaque pays est compétent pour déterminer de façon spécifique le statut de la radio de proximité. C’est pourquoi nous préférons nous référer aux textes ivoiriens fixant le statut juridique de la radio de proximité.
Selon les textes en vigueur en Côte d’Ivoire, «les radios de proximité émettent dans un rayon n’excédant pas 10 kilomètres […]. Ce sont des stations de radios locales, des radios privées non commerciales » (cahier des charges des radios de proximité). L’analyse de ce texte permet d’affirmer que les autorités ivoiriennes optent pour une dénomination claire, différente et distincte de l’appellation radio communautaire ou radio rurale. D’ailleurs dans la typologie qu’elles font des radios, elles font la distinction entre chacune des radios selon leur objet sans utiliser le terme de "radio communautaire". Ainsi précisent-elles le caractère privé non commercial faisant comprendre que la radio de proximité « ne diffuse ni ne produit d’émissions à caractère commercial » (Décret, 1995) ; à cela s’ajoutent les émissions « de nature politique ou syndicale » qui sont proscrites (Décret, i1995). Si elles appartiennent à un groupe religieux, alors elles sont radios confessionnelles quand la radio de proximité a un caractère laïc. Le domaine d’action des radios de proximité demeure la localité qu’elles ont pour mission d’accompagner en tant qu’instruments de développement.
On retient en définitive que la radio de proximité est associée à une localité, un peuple, une langue et on l’appréhende comme une radio privée non commerciale ayant compétence dans une zone géographique donnée, elle s’adresse à un public déterminé y compris en langue locale. C’est avec ces radios que fonctionnera le projet professionnel pour la promotion du livre en Côte d’Ivoire.
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